UEMOA Soumaila Cissé dresse son bilan de fin de mission

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Après 09 ans à la tête de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le président sortant, Soumaila Cissé a rencontré la presse à Bamako ce mercredi, pour rendre compte de la mission à lui confiée par le Président Amadou Toumani Touré.

D’entrée de jeu, Soumaila Cissé s’est dit heureux d’échanger avec la presse malienne sur les résultats de son mandat à la tête de l’Uemoa. Alors que la dernière conférence des chefs d’états présidée par le Togolais Faure Gnassingbé n’a encore pas donné le nom de son remplaçant, Soumaila Cissé que les militants de l’URD, attendent impatiemment à Bamako, restera président de la Commission de l’Uemoa, jusqu’ au 1er septembre, date à laquelle, un nouveau nom sera connu. A côté de lui le Représentant Résident de l’UEMOA M. Akoko Yacinthe et M. Seydou Sissouma, le nouveau Commissaire malien à l’Uemoa qui prendra également fonction à cette même période. En attendant, il s’est agi de faire le bilan en matière d’intégration africaine.

Les chantiers de l’Uemoa

Rappelons que l’UEMOA a été instituée le 10 janvier 1994 par le traité de Dakar et regroupe 8 pays, que sont le Sénégal, le Mali, le Niger, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée Bissau et le Burkina Faso, siège de l’organisation. Avant toute interrogation, Soumaila Cissé a planté le décor en resituant la création de l’UEMOA dans un contexte de dévaluation du Franc CFA, au début des années 90, avec comme défi majeur de consolider le nouveau franc qu’avaient en commun les pays de l’Union. Une période surtout marquée par des mécanismes de compensation financière vis-à-vis des pays touchés par la dévaluation et qui ont porté sur près de 40 milliards concernant le Mali. Il fallait aussi mettre en place les différents organes de l’Uemoa, la chambre consulaire, le Comité Interparlementaire, qui a son siège à Bamako en attendant l’achèvement du nouveau parlement dont le budget s’élève à près de 15 milliards. Une seconde phase a consisté à identifier et à combler les attentes des populations en matière d’intégration. Celle-ci se décline en plusieurs programmes décennaux économiques, portant sur les infrastructures, les axes routiers, de chemins de fer, le développement des ressources agricoles, la mise en place d’une politique commune, l’exploitation énergétique, la libre circulation des biens et des personnes dans l’Union. Des chantiers dont le président de la Commission s’est dit satisfait et qui doivent être consolidés au quotidien.

113 milliards pour le Mali

Pour le cas du Mali, l’UEMOA a investi près de 113 milliards dans cet hinterland et y a surtout développé les infrastructures, a rappelé Soumaila Cissé, comme l’axe routier entre le Mali et la Côte d’Ivoire via Sikasso. Celui avec le Burkina Faso, les interconnexions et les postes frontières, le tout financé par des prêts à taux bas et des financements supplémentaires de la CEDEAO et des Etats-Unis. Sur le plan agricole, un investissement de 11 milliards de francs dans la zone Office du Niger. Une centrale de 60 Mégawatts, l’initiative pour l’énergie à hauteur de 20 milliards de francs pour doter les populations en électricité pour ne citer que ces chantiers etc…

Bilan satisfaisant

Après un exposé bref, Soumaila Cissé, qui aime la précision a donné voix à la presse, qui n’a pas manqué d’évoquer les défis et les réussites du Malien à l’UEMOA. « En plus de permettre de rapprocher les populations, nous avons des programmes pour l’accès à l’eau, l’énergie, l’agriculture, les routes etc…3000 forages ont été réalisés dans l’espace de l’UEMOA dont 454 rien qu’ au Mali. Pour résumer, de l’agriculture à l’ hydraulique, l’énergie , l’élevage, la communication, les problèmes de santé comme le sida, le paludisme et les ressources humaines, l’Uemoa a investi plus de 400 milliards de francs CFA. ». Le bilan est jugé relativement satisfaisant. Mais Soumaila n’a pas échappé aux questions concernant son avenir politique au Mali. « Le lieu n’est pas propice pour débattre ce sujet, je viendrais et j’organiserai la conférence de presse pour toutes les questions liée à la politique » a-t-il déclaré en souriant. Le timing ne fait donc pas peur à Soumaila Cissé, qui rentrera au bercail en temps voulu. « D’ici là, le parti avance, consolide ses bases, poursuit son travail d’implantation, et cela n’a jamais aussi bien marché que lorsque j’étais pas là. », a souligné le président de la Commission, serein.

L’UEMOA de 2011 à 2020

Arrivant en fin de mandat, Soumaila Cissé prêche désormais pour la réflexion sur l’avenir de l‘Union. « Il faut repenser l’Union , redéfinir les rôles, que doit être la Commission en 2011 ? ». Pour cela, un plan stratégique portant sur la période 2011-2020 a été élaboré. Surtout, la Paix et la Sécurité sont des axes majeurs, sur lesquels se penche désormais l’Union après la crise Ivoirienne et la dernière conférence des chefs d‘états à Lomé. Le poids ce de pays qui sort d’une grave crise politique équivaut à un peu plus de 40% du PIB de l’Union, c’est dire tout l’enjeu des questions de sécurité, pour pérenniser le développement de l’Union. Par ailleurs, le droit d’établissement, facteur d’intégration qui permet à un avocat malien d’aller travailler au Sénégal, au Burkina Faso ou ailleurs reste un axe du programme de l’UEMOA qui est la libre circulation des personnes.

A l’issue de la conférence, un cocktail a réuni les journalistes autour du président de la Commission, qui comme à son habitude, a continué le débat en off. Une ambiance conviviale pour intéresser le plus grand nombre à cette jeune institution régionale qui entend peser sur l’avenir économique du continent.

Mamadou DABO

 

L’UEMOA EN 2020 : Un message – Une vision :

Le mot du Président sortant Soumaila Cissé

Dix sept ans après sa création, la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a souhaité faire un bilan de son action et en tirer les leçons afin de préparer pour la décennie à venir une stratégie adaptée à un monde en constante mutation.

Forte de la conviction selon laquelle « il n’y a pas de vents favorables, à celui qui ne sait pas où il va », la Commission a ainsi réuni un Panel de Haut Niveau (voir composition en P8) pour tracer les grandes options stratégiques de l’Union à l’horizon 2020. Rédigé par « les meilleures intelligences », d’abord africaines, puis mondiales, le Rapport, issu des réflexion, nous permet de dessiner notre futur, en intégrant des paramètres aussi importants que : la démographie, le changement climatique ou la crise financière internationale, car le monde a changé depuis la création de l’UEMOA en 1994. Le Message et le Vision, ici exposés, en constituent une synthèse.

Le Rapport du Panel de Haut Niveau exprime des idées nouvelles, il est audacieux, il est volontariste. Pour réussir un processus d’intégration véritable, œuvre commune et partagée, il nous faut oser réfléchir au-delà de nos certitudes car, comme le dit le proverbe : « Celui qui ne construit pas l’avenir en suivant ses propres plans, ses projets, ses rêves et ses désirs, vivra en suivant ceux imaginés par d’autres ». Ce proverbe s’applique aussi aux organisations régionales.

Je voudrais remercier très sincèrement ces hommes et femmes d’engagement qui, sans complaisance, avec audace et pragmatisme, ont élaboré un travail de qualité. A la lumière de leurs travaux, pour atteindre « le scénario du meilleur », c’est-à-dire relever le défi de la solidarité communautaire, à travers un espace de prospérité et de bien-être, il faut une réelle implication des citoyens, appuyée par une forte volonté politique.

Nous devons donc anticiper en définissant notre scénario-cible et en donnant les moyens de l’atteindre. 2020 se vit dès aujourd’hui dans nos esprits : toutes les énergies doivent être mobilisées à cet effet, parce que les défis sont nombreux et multi-formes.

S’il y a une seule idée que je retiens de ce Rapport, c’est qu’il est dédié à notre jeunesse, une jeunesse bien ancrée dans sa culture, et, en même temps, largement ouverte sur les nouvelles technologies.

Le Message et la Vision, ici résumés, constituent donc une formidable balise pour les jeunes de notre espace communautaire, leur donnant, à la fois, des « Racines… et… des Ailes ! ».

Le Message

Le monde change et l’UEMOA doit s’y préparer avec une vision ambitieuse animée d’un sentiment d’urgence.

Dans les décennies qui viennent, l’Europe et le Japon vont tendre à se replier sur eux-mêmes pour gérer le vieillissement de leurs populations et rechercher des modes de croissance différents. Les Etats-Unis et les pays émergents, au premier rang desquels figurent la Chine et l’Inde, vont chercher un nouvel équilibre pour remplacer le monde unipolaire régi depuis la chute du mur de Berlin en 1989 par une mondialisation à dominance américaine.

Dans ce contexte, l’Afrique, parfois restée en marge de cette mondialisation, redevient un enjeu géopolitique important que se disputent Etats-Unis et pays émergents. Et ce pour plusieurs raisons : ses ressources naturelles sont nécessaires à la croissance des pays émergents et ses terres importantes pour leur sécurité alimentaire ; sa population est jeune et peut constituer des réserves de main d’œuvre pour les pays dont la population vieillit ; et le développement de ses classes moyennes représente un nouveau marché qui intéresse les investisseurs. En un mot, de zone considérée comme périphérique dans une mondialisation qui l’a laissée de côté, l’Afrique revient dans le concert des nations d’un monde en mutation.

Le choix pour les décideurs africains est clair : continuer dans les tendances actuelles en adoptant une attitude purement réactive où chaque pays agit seul dans son intérêt national avec un poids limité, ou définir ensemble des approches mutualisantes qui créent des ensembles dont la taille critique et la vision sont de nature à contrebalancer le poids des nouveaux partenaires qui se disputent l’accès au continent.

Les pays membres de l’UEMOA ont déjà établi des bases d’un espace mieux adapté à la nouvelle donne mondiale. Il convient pour l’Union d’adopter aujourd’hui une vision volontariste pour l’avenir de cet espace, de l’élargir encore géographiquement, de le doter d’institutions communautaires capables de parler, de négocier, et d’agir au nom de l’Afrique de l’Ouest, d’adopter des politiques macroéconomiques et sectorielles qui ont la flexibilité et la souplesse nécessaires pour anticiper le changement et s’y adapter rapidement, et de rationaliser l’utilisation de ses ressources humaines et naturelles.

Trois axes d’actions prioritaires conduisent à une intégration réussie dans ce monde nouveau, et qui respecte les riches traditions et les valeurs de la culture africaine :

1 – Education et culture : éducation et formation avec l’accent sur l’enseignement technique et professionnel, la scolarisation et la formation des filles, l’enseignement et la recherche scientifique, et l’intégration des valeurs et des cultures locales dans les curricula.

2 – Développer la technologie et l’innovation : politiques d’adaptation et d’innovation pour sauter des étapes, accroître la productivité du monde rural et la compétitivité de l’industrie, assurer une énergie fiable et propre, et utiliser les technologies de l’information et la communication dans l’enseignement, les prestations de service public et les services financiers.

3 – Renforcer la gouvernance publique et privée par le respect effectif des droits humains et de la démocratie, par un environnement porteur pour les investissements privés, par des infrastructures modernes, par des services publics performants à l’écoute et au service des populations, par une justice rapide et efficace, et par une bonne répartition des compétences entre les administrations nationales et celle de l’Union, guidée par les notions de masse critique et de mutualisation, et par le principe de subsidiarité.

La Vision de l’UEMOA EN 2020

En 2020, l’UEMOA a fait de remarquables progrès dans la construction d’un espace politique, économique et social qui donne aux rêves d’intégration des pères fondateurs de l’Afrique moderne une réalité vécue.

Riches de l’expérience de la gestion solidaire et efficiente de leur monnaie et de leur espace, les pays ont construit une confédération, et confié à un exécutif commun la gestion de leur défense, de leurs affaires extérieures, de leur commerce extérieur, de leur système douanier, et de leurs codes civil et commercial. Dans le même mouvement, ils ont créé une institution judiciaire suprême coiffant les juridictions nationales.

Au moyen d’une politique économique et monétaire appropriée, les pays de l’Union ont créé un espace économique de compétitivité avec un marché régional ouvert, et un environnement des affaires capable d’attirer les investisseurs nationaux et internationaux. Un secteur privé responsable est devenu le moteur principal d’une industrialisation « propre » et créatrice d’emplois pour la jeunesse. L’économie rurale, à la fois plus productive et respectueuse de l’environnement, nourrit les populations et produit des surplus.

Le progrès, au sens du développement humain, intégrant les valeurs de solidarité et la reconnaissance des diversités culturelles, est mesuré avec un souci de respect mutuel et d’équité qui intègre toutes les forces vives et tous les territoires, et un effort particulier est fait pour la jeunesse et les femmes. Les résultats de ces mesures largement diffusés dans le public.

Les citoyennes et les citoyens peuvent s’exprimer librement tant dans leurs villages que dans leurs capitales nationales et dans celles des autres pays de l’Union. Ils circulent librement d’un pays à l’autre et peuvent être éduqués, s’installer et travailler librement dans le pays de l’union de leur choix. A cette fin, participation et transparence constituent les principes directeurs de la gouvernance.

L’Union a mis en place un système d’éducation qui forme des citoyens du monde, profondément ancrés dans leurs traditions historiques et culturelles. L’enseignement technique, l’éducation artistique, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur se font dans des centres d’excellence répartis entre les pays, et capables d’attirer non seulement les étudiants de la région mais aussi du reste de l’Afrique et du monde. Les techniques de l’information auxquelles la confédération a donné priorité permettent au reste du monde de découvrir aussi bien le nouvel équilibre que l’Union a réussi à établir entre la nature et les populations en valorisant un heureux mélange de technique de pointe et de savoirs traditionnels, que la créativité artistique des différents peuples, riches de leur diversité.

L’Union devient ainsi source de référence au moment où les modèles de croissance qui exploitent la nature s’essoufflent et où le monde a soif d’une nouvelle source d’espoir.

UEMOA : Composition du Panel de Haut Niveau

Mamadou Lamine LOUM

Ancien Premier Ministre du Sénégal

Président du Panel

Charles Konan BANNY

Ancien Premier Ministre de Côte d’Ivoire

Ancien Gouverneur de la BCEAO

Lallah Aïcha Ben BARKA

Sous Directrice Générale pour l’Afrique, UNESCO

Ancienne Secrétaire Exécutive Adjointe, Commission Economique pour l’Afrique

Jean Michel DEBRAT

Ancien Directeur Général Adjoint, Agence Française de Développement

Jean Kacou DIAGOU

Président, Groupe NSIA

Elie FAROULT

Consultant International

Ancien Responsable de la Prospective à la Direction

Générale de la Recherche de la Commission Européenne

Thierry GAUDIN

Ingénieur Général des Mines

Docteur en Sciences de l’information et de la Communication

Président de « Prospective 2100 »

Paulo GOMES

Partenaire Exécutif, Constelor

Ancien administrateur de la Banque Mondiale

Normand LAUZON

Ancien Directeur du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (OCDE)

Ousmane OUEDRAOGO

Ancien Ministre des Finances du Burkina Faso

Ancien Vice Gouverneur de la BCEAO

Jean Louis SARBIB

Directeur Général, Développement Gateway, Inc.

Ancien Premier Vice Président de la Banque mondiale

Younoussi TOURE

Ancien Premier Ministre du Mali

* Les affiliations sont données à titre indicatif. Les membres du Panel sont intervenus à titre personnel et n’engagent pas les institutions mentionnées ci-dessus.

 

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