Sommet de l’UEMOA : sur des fronts multiples

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Tout en poursuivant le processus d’intégration, l’Union prend en charge les nouveaux défis qui se posent dans la zone.

 

 

La 17è  session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) s’est ouverte hier à Dakar au Sénégal. En prélude à cet évènement qui regroupe l’ensemble des leaders de l’Union s’est déroulé mercredi un atelier d’échange et d’information sur les processus d’intégration de l’Union.  Cette rencontre traditionnelle avec la presse de l’espace UEMOA était présidée par le président de la Commission de l’Union, le Sénégalais Cheikh Hadjibou Soumaré, et enregistrait la présence de l’ensemble des commissaires.

 

 

Dans son adresse de bienvenue le premier responsable de la Commission a rappelé les chantiers que conduit l’Union.  Il s’agit de l’harmonisation des législations au plan juridique, fiscal et comptable et de la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques. A cela s’ajoute la réalisation du marché commun ainsi que les politiques sectorielles. La zone UEMOA, qui regroupe huit pays, a le mérite de connaitre une croissance suivie depuis plusieurs années. La 17ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat se penchera d’ailleurs sur la vitalité de l’économie de la zone CFA pour trouver les moyens de rendre cette croissance profitable au plus grand nombre de nos populations. Cependant, dira  Cheikh Hadjibou Soumaré , 20 ans après la création de l’Union,  la zone reste confrontée à des défis qu’il lui faut relever pour améliorer les conditions de vie des populations.

 

 

Lors de la rencontre avec la presse, des thèmes comme « La dimension socio-culturelle et l’intégration », « La sécurité alimentaire »,  « L’énergie durable »  ainsi que « Paix et sécurité » ont été développés. Le premier thème a fait l’état des interventions de l’Union en matière d’enseignement supérieur, de santé, de protection sociale ainsi que de culture. Ainsi pour aider les institutions d’enseignement supérieur à traduire dans les faits le système licence-master-doctorat (LMD) adopté en 2005,  la Commission fournit des expertises et DES ressources financières aux institutions d’enseignement.  Dans ce cadre, 1200 enseignants et étudiants dans les universités ont été sensibilisés au LMD. Près de 530 enseignants et chercheurs ont été  formés à l’élaboration de curricula pour 176 filières de formation adaptées aux besoins.

 

 

TROIS RÉALISATIONS MAJEURES

En outre, pour gagner le pari de l’excellence scientifique dans la zone UEMOA, il a été mis en place un projet d’appui aux centres d’excellence régionaux.  Il s’agit ainsi de rendre disponible un ensemble d’institutions de formation et de recherche conformes aux standards internationaux. A cet effet, 20 institutions ont été labellisées et ont bénéficié d’un appui de plus de 6,2 milliards de Fcfa de l’UEMOA.

 

 

Dans le domaine de la santé et de la protection sociale, la Commission a procédé à la mise en place d’un processus d’harmonisation de la réglementation pharmaceutique à l’échelle régionale. En outre, elle s’achemine vers la création d’une agence communautaire du médicament. En ce qui concerne la protection sociale, la Commission  s’est engagée à aider les Etats à formuler et à mettre en œuvre des  stratégies d’extension de la couverture sanitaire  et sociale. Sur ce plan, trois réalisations majeures sont à son actif. Il s’agit de l’adoption en mai 2009 d’un règlement régissant la mutualité sociale au sein de l’espace UEMOA (viabilité, stabilité et pérennité), ainsi que de la formulation et de la mise en œuvre du projet d’appui à l’extension de la couverture du risque maladie (avec une subvention de l’Agence française de développement se montant à 3,542 milliards FCFA). A cela s’ajoute l’adoption, en  mai 2012, du Plan comptable des mutuelles sociales (PCMS) et  sa vulgarisation auprès des Etats.

 

 

La Commission s’est aussi attaquée à la problématique des évacuations sanitaires dont le coût annuel assumé par les budgets nationaux est estimé à plus de 8 milliards de francs CFA (7,5 milliards FCFA dépensés en 2009 par 6 Etats membres de l’Union). L’Union se propose de mettre en place un réseau de centres de soins spécialisés de haut niveau.

 

 

En ce qui concerne la sécurité alimentaire, la situation nutritionnelle reste toujours préoccupante dans la région, notamment au Sahel, malgré les bonnes récoltes et les mesures d’atténuation mises en place par les États. La Commission a donc adopté des mesures conjoncturelles d’urgence. Un comité  de  haut niveau sur la sécurité alimentaire a été ainsi mis en place. L’Union apporte également un appui financier d’urgence des organes et institutions de l’Union aux Etats membres. A cet égard, 40 milliards de Fcfa  ont été mobilisés en mars 2012 pour l’achat de vivres destinés aux populations vulnérables et pour l’acquisition d’aliments-bétail destinés aux éleveurs. S’y ajoute la mise  en place d’un dispositif de veille pour le suivi de la libre circulation des produits originaires (comme les céréales). Dans le cadre de la lutte  contre le péril acridien, une aide directe d’urgence de 500 millions a été allouée par l’Union au Niger.

 

 

LE HIATUS REGRETTABLE

En outre, il a été demandé le maintien de la mobilisation et de la solidarité des Etats membres et des Partenaires techniques et financiers pour améliorer la résilience des population. Dans le domaine de  l’énergie durable,  l’Union continue la mise en œuvre de la politique énergétique communautaire (PEC) adoptée en 2001. A cet effet l’Union a une vision ambitieuse de développement pour le secteur de  l’énergie électrique  dans sa zone d’ici 2030.  Elle compte s’appuyer sur un partenariat public-privé dynamique pour que l’ensemble des citoyens de l’Union accède à une énergie à bas prix au sein d’un vaste marché d’échanges d’énergie électrique intégré et harmonisé à l’échelle de l’Afrique de l’ouest. A cet effet, trois programmes sont mis en œuvre. Il s’agit  du programme de résorption du déficit, de celui de développement des infrastructures et des échanges régionaux et d’un programme d’émergence d’un marché intégré d’échanges et développement durable du secteur de l’électricité.

 

 

Il est en effet regrettable de relever le hiatus qui existe entre d’une part la faiblesse de l’offre et le coût de l’électricité, et d’autre part un potentiel énergétique relativement important dans la zone. Une évaluation réalisée en 2005 chiffrait les réserves de pétrole à 44 millions de tonnes brut, celles de gaz naturel à 23.300 millions de mètres cubes, celles de charbon minéral à 85 millions de tonnes alors que le rayonnement solaire moyen variait entre 4 kWh/m²/j et 7 kWh/m²/j.

 

 

L’UEMOA prépare une transition énergétique par le développement d’une offre à long terme basée sur des ressources renouvelables et durables avec une option sur le solaire dans un premier temps. A cet effet,  une étude pour l’installation de centrales solaires est en cours ainsi qu’une convention pour la réalisation du programme régional de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (PRODERE).

 

 

Sous un tout autre plan, dans l’atteinte de ses objectifs l’Union fait de la paix et la sécurité un chantier majeur. Elle s’efforce donc de trouver remède aux principales crises de l’Afrique de l’ouest, à savoir l’instabilité récurrente des institutions républicaines, la recrudescence des trafics de tous genres, le développement accéléré du terrorisme international ainsi que la persistance de mouvements identitaires.

 

 

L’Union reste attachée à la réalisation de sa vision d’un environnement politique, économique et social stable, indispensable au développement des Etats membres et à la construction d’un marché commun ouvert, compétitif et attractif pour les investisseurs. Pour ce faire, il y a nécessité de renforcer  la gouvernance politique. Il faudra également intensifier la lutte contre le terrorisme tout en renforçant la sécurité des citoyens et de leurs biens. Dans ce dessein, un projet d’Acte additionnel instituant une politique commune en matière de paix et sécurité sera soumis à l’adoption de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement lors du sommet de Dakar.

 

 

M.A. TRAORÉ

Envoyée spéciale à Dakar  

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