Afin d’éviter un effondrement économique du pays, les autorités maliennes doivent renouer le fil du dialogue avec la Cédéao et l’Uémoa en ayant toutefois en tête la préservation des intérêts et de la souveraineté du Mali.
Gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques centrales de la Cédéao, suspension de toutes assistances et transactions financières en faveur du Mali par les Institutions de financement de la Cédéao, particulièrement la BIDC et la Boad, fermeture des frontières, ce sont entre autres sanctions prises par la Cédéao et l’Uémoa contre le Mali. Ces différentes mesures frappent de plein fouet le Mali dont l’économie est à 60% tournée vers l’extérieur (économie extravertie).
Le Mali importe par ordre d’importantes ces produits du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso. En plus de l’or et du coton commercialisés en Afrique du sud, aux Emirats Unis et en Europe, le pays exporte du bétail principalement en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Or, ce sont ces pays (Sénégal, Côte d’Ivoire et Burkina Faso) qui lui ont imposé des sanctions.
Entièrement dépendant des importations, la mise sous embargo du Mali le met dans une position inconfortable même s’il faut le reconnaître que ces sanctions toucheront également les pays ci-dessus cités.
Selon l’économiste Madibo Mao Makalou, qui juge les sanctions « illégales », les mesures prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest à l’encontre du Mali auront des impacts économiques, financiers et sociaux conséquents sur les populations déjà éprouvées par une crise multidimensionnelle (politico-sécuritaire, sociale, économique, humanitaire, alimentaire, et sanitaire) qui perdure depuis 2012.
Les mesures de réciprocité adoptées par le gouvernement ont permis de mobiliser et de revigorer les Maliens. Toutefois, l’économiste prévient que si rien n’est fait, le tarissement des stocks des commerçants dans les prochains mois engendrera fortement l’augmentation du prix des marchandises. Conséquence : le marché noir et le trafic prendront de l’ampleur.
Paralyser le fonctionnement quotidien de l’Etat
Il n’est même pas exclu que les commerçants fassent disparaître les produits pour créer une pénurie artificielle, analyse-t-il. Le ciment connaît déjà une rupture sur le marché et pour de nombreux Maliens, ce sont des commerçants qui ont fait disparaître le produit sur le marché. Ce qui a entraîné l’inflation de son prix ; la tonne est ainsi passée de 95 000 à 130 000 FCFA.
Avec le gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques centrales de la Cédéao, l’économiste estime que la Cédéao et l’Uémoa veulent paralyser le fonctionnement quotidien de l’Etat, qui dépense par mois 155 milliards de FCFA dont 70 milliards uniquement pour les salaires.
À la longue, alerte Modibo Mao Makalou, cette somme sera difficilement mobilisable, puisque les douanes et les impôts qui sont les principaux pourvoyeurs de recettes de l’Etat se trouveront handicapés par la fermeture des frontières. À titre de rappel, les douanes doivent mobiliser 1600 milliards cette année.
Une situation qui pourrait avoir des répercussions sur les opérations militaires en cours, l’argent étant le nerf de la guerre. Car sur le terrain les forces de défense et de sécurité ont besoin de moyens pour mener à bien l’opération de reconquête engagée depuis des semaines.
Et les sanctions imposées par la Cédéao et l’Uémoa ne sont pas de nature à favoriser le ravitaillement des forces sur le théâtre des opérations. Ce qui n’est pas souhaitable surtout dans cette période où les forces de défense et de sécurité engrangent des victoires éclatantes sur le terrain.
L’économiste s’interroge également sur le financement du déficit budgétaire qui s’élève à 617 milliards en 2022. Ce déficit, souligne-t-il, est financé par les emprunts sur le marché financier de l’Uémoa, à travers l’émission de titres publics et l’appui budgétaire des partenaires techniques et financiers.
Or, le Mali a été empêché le 12 janvier 2022 de lever 30 milliards FCFA sur le marché monétaire de l’Uémoa, suite aux sanctions financières de la Cédéao. Les partenaires techniques et financiers quant à eux n’ont jusqu’ici rien annoncé en termes d’appui budgétaire.
Les sanctions imposées par la Cédéao vont impacter négativement sur les investissements qui ne représentent du reste que moins de 30% du budget de l’Etat.
Aujourd’hui, les autorités de transition ne doivent pas perdre de vue la fragilité économique du pays et doivent prendre de la hauteur en retournant à la table de négociation. Elles doivent toutefois garder en tête la sauvegarde des intérêts et de la souveraineté du Mali. Pourquoi ne pas alors saisir l’offre proposée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ? La balle est dans le camp du gouvernement.
Cheick B CISSE
Tout cela va s’arranger lorsque la junte va chuter et laisser la place aux … jihadistes.
Avec Wagner et la charia la vie sera plus “calme”.
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