Dans la journée du vendredi 17 décembre, la cellule de communication du candidat Soumaïla Cissé a rencontré une vingtaine de Directeurs de publication dans les locaux de la prestigieuse agence de communication DFA Communication, sise à ACI 2000.
Sans commentaire, les défenseurs de l’image du porte-étendard de l’URD ont remis aux journalistes des coupures de journaux sénégalais, lesquelles ont été reprises par un confrère malien accusant l’UEMOA de financer des forages fictifs dans le pays de la Teranga et écorchant au passage notre compatriote, dont le bilan a pourtant été salué par les huit Etats de la Communauté. Ils ont également transmis aux hôtes du jour, le droit de réponse du directeur de l’Environnement et de l’Eau de la Commission de l’UEMOA. Aux journalistes, ont-ils dit, de se faire leur religion sur l’affaire.
Voici ce que nous avons pu tirer de la quintessence des documents mis à notre disposition. De quoi s’agit-il? Dans sa parution du 29 novembre 2011, «Le Quotidien» sénégalais titrait «Financement de projets fictifs au Sénégal: la France empoigne l’UEMOA pour 5 milliards». Dans cet article, signé de notre confrère Ibrahima N’Diaye, l’UEMOA est mise en cause pour son programme d’hydraulique villageoise, notamment au Sénégal. En effet, on peut lire: «Le président sortant de la Commission de l’UEMOA va laisser à son successeur un gros passif, né d’un financement fictif de forages au Sénégal, avec l’argent de l’Agence française de développement (AFD). Incapable de justifier ce montant, Soumaïla Cissé va laisser à Hadjibou Soumaré le soin d’éponger l’ardoise, sous peine de perdre l’appui de l’AFD… S’il veut de l’argent, Cheikh Hadjibou Soumaré va devoir rapidement trouver des justificatifs à des travaux hydrauliques prétendument financés au Sénégal, ou alors rembourser au plus vite l’Agence française de développement (AFD) d’au moins 5 milliards de FCFA …».
Pour ceux qui ne le savent pas, Hadjibou Soumaré est un ancien Premier ministre sénégalais actuellement Président de la Commission de l’UEMOA. Il a remplacé, après moult tractations, son compatriote El Hadj Abdou Sakho. Celui-ci a contesté son éviction après deux mandats et a saisi la Cour de l’UEMOA. Il multiplie les entretiens dans les journaux et s’attaque sans gants au Président Wade en ces termes: «Avec Wade, on nomme, on dégomme, on renomme». Parlant de Soumaïla Cissé, il déclare: «Il est vrai qu’en huit ans de Commissariat, je n’ai pas toujours eu les meilleurs rapports avec Soumaïla Cissé et me disais simplement que cela pouvait rester dans le cadre de la courtoisie administrative. Malheureusement, cela ne s’est pas passé ainsi. Je n’avais pas tellement conscience que j’avais affaire à des gens qui utilisaient des armes que moi je désapprouvais… Je continue à penser qu’un jour ou l’autre, Soumaïla Cissé va se mettre devant moi pour me dire ce qu’il me reproche». Comme vous le constatez, l’ancien Commissaire sénégalais, El Hadj Abdou Sakho, congédié par son pays, pense que Soumaïla y est pour quelque chose.
Voilà le contexte dans lequel «Le Quotidien» sénégalais a pondu son article, contesté de long en large par les techniciens de l’UEMOA, notamment le Directeur de l’Environnement et de l’Eau, Malick Diallo. En effet, dans ses explications, il a surtout évoqué la première phase du programme hydraulique villageoise, pour permettre à ses lecteurs de bien cerner la question. C’est ainsi qu’on note que cette première phase a porté sur les réalisations suivantes: 300 forages au Burkina Faso, 300 forages au Bénin, 300 forages en Côte d’Ivoire, 300 forages au Sénégal, en Guinée Bissau et au Togo, 350 forages au Mali et 350 forages au Niger. Un total de 2500 forages sur les 3000 prévus au financement disponible a été réalisé pour cette première phase, soit un reliquat de 500 forages à exécuter pour la boucler.
Malick Diallo fournit dans son droit de réponse une précision de taille: «…Sur ce projet de 150 forages supplémentaires au Sénégal, il y a eu des divergences de vue avec l’AFD, pas sur le fait que les forages n’existent pas, mais sur la réalisation de ce programme du Sénégal qui sortait des 300 forages prévus sur la première phase financés sur l’aide budgétaire française». Dans le dernier paragraphe, il écrit ceci: «Vous constaterez avec moi qu’il n’y a aucun programme fictif de financement de forages par l’UEMOA au Sénégal. Je voudrais également attirer votre attention sur le fait que les forages financés par l’UEMOA au Sénégal sont identifiés par des panneaux de signalisation avec le logo de l’UEMOA, tel que montré dans les photos jointes à cette lettre ».
Chahana Takiou