Passation de service à l’Uemoa : Soumaïla Cissé laisse un lourd héritage à Hadjibou Soumaré

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Nommé Commissaire représentant le Mali auprès de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), notre compatriote Seydou Sissouma a prêté serment, en même temps que le nouveau président de ladite Commission, le sénégalais Cheickh Hadjibou Soumaré. Cette cérémonie de prestation de serment qui a eu lieu à Ouagadougou au siège de l’UEMOA, a été suivie le lendemain par la passation de service entre le président sortant, Soumaïla Cissé, et son successeur. Les deux hommes ont ensuite animé un point de presse.

C’est en la personne de Seydou Sissouma que le président de la République, Amadou Toumani Touré, a placé sa confiance pour représenter le Mali au sein de l’organisation communautaire. C’était lors de la dernière Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA. Agé de 50 ans, Sissouma, journaliste de formation diplômé du CESTI de Dakar, était le conseiller à la Communication du président ATT de 2002 à ce jour. Quant au remplaçant plaçant de Soumaïla Cissé, Cheickh Hadjibou Soumaré, il a été nommé depuis le 16 novembre dernier. Il n’est pas un nouveau dans la boîte pour avoir été membre du Conseil des ministres de l’UEMOA de 2001 à 2007 en tant que Premier Ministre de son pays. Auparavant, il a été ministre du budget du Sénégal pendant six ans.

En prêtant serment devant les juges de la Cour de Justice de l’UEMOA, le 30 novembre dernier, les deux impétrants se sont solennellement engagés à exercer leurs fonctions en toute indépendance, dans l’intérêt général de l’Union. Le président sortant, Soumaïla Cissé, a été félicité par les juges pour les résultats obtenus pendant son mandat de huit ans (2004-2011). Un mandat pendant lequel des chantiers importants ont été réalisés dans les domaines des infrastructures, de la gouvernance, de l’éducation, entre autres. Le nouveau président de la Commission et le commissaire malien démarrent ainsi un mandant de 4 ans.

Le lendemain, le 1er décembre, les locaux du siège de la Commission de l’UEMOA ont abrité une autre cérémonie solennelle : la passation de service entre le président entrant et son prédécesseur. Au cours de cette cérémonie, Cheickh Hadjibou Soumaré a reçu des mains de Soumaïla Cissé une documentation. Il s’agit d’un grand dossier faisant le point sur la situation des grands chantiers de l’UEMOA et le statut du personnel. En recevant ladite documentation, le nouveau président a exprimé sa ferme volonté de « travailler dans le sillon tracé par la Conférence des chefs d’Etats de l’Union »  en apportant sa pierre à l’édification d’une union plus émergente. Il a, par la suite, défini ses priorités. Ensuite, les deux hommes ont animé une  conférence de presse. Profitant de sa rencontre avec la presse en qualité de président sortant, Soumaïla Cissé a fait un bref et clair exposé sur les chantiers finis et en cours de réalisation. De la construction de routes aux textes garantissant la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace UEMOA, en passant par la création d’un visa unique pour les pays membres de l’Union et l’uniformisation des frais d’inscription dans les universités des différents pays, il a fait l’état des lieux. Cependant, le président sortant de l’UEMOA a regretté que la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace UEMOA, ainsi que le droit aux étudiants de pouvoir s’inscrire à l’étranger au même tarif que les nationaux, ne soient pas pour l’instant une réalité.

A propos des rumeurs sur la dévaluation du franc CFA

Au cours de la conférence de presse, Soumaïla Cissé a démenti les rumeurs selon lesquelles une dévaluation du franc CFA serait en vue. En des termes sans équivoque, il a souligné que la situation économique actuelle des pays de la zone n’avait rien de comparable avec celle qui avait conduit à la dévaluation du franc Cfa en janvier 1994: «La dette était colossale, les pays n’arrivaient pas à payer les fonctionnaires, les matières premières ne s’appréciaient pas sur le marché mondial : en clair nos pays étaient au rouge, contrairement à la situation actuelle ». Il a ensuite indiqué que : « Le système économique dans notre région est stable, viable. L’économie dans notre zone se porte très bien. Il n’y a aucune crainte. Le gouverneur de la Banque Centrale de l’UEMOA (BCEAO) et moi-même sommes étonnés de l’ampleur de ces rumeurs ».

L’affaire de l’ex-commissaire Sakho

Les deux ont aussi abordé l’épineuse question  de l’affaire El Hadj Abdou Sakho. Commissaire à l’UEMOA depuis 2002 au nom du Sénégal, il était candidat à la succession de Soumaïla Cissé. Mais un décret présidentiel de son pays l’a relevé de ses fonctions.  Cet acte additionnel, reçu le 21 octobre dernier, a brisé son rêve  et a mis aussi fin à sa carrière au sein de ladite union. Cependant,  Sakho a décidé de demander à la Cour de justice de l’UEMOA l’annulation de cette décision et a porté plainte contre les huit chefs d’Etat de l’espace communautaire.

« Quand je serai Président de la République du Mali »

Candidat à la magistrature suprême de notre pays, le Mali, Soumaïla Cissé s’est confié aux journalistes présents sur les lieux : « Quand je serai président de la République du Mali, je ferai de l’intégration une réalité ». Le candidat de l’URD est pressé de retourner au pays où diverses tâches l’attendent, notamment la préparation de sa campagne électorale pour affronter le grand marathon du 29 avril 2012.

Rappelons que l’UEMOA a été créée à Dakar le 10 janvier 1994. Son siège est à Ouagadougou. Elle regroupe huit pays, dont sept pays francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger,  et Togo) et un pays lusophone, la Guinée Bissau. Ces pays ont le franc CFA en commun et se sont engagés à construire un espace communautaire fondé sur une libre circulation des personnes et des biens. L’UEMOA compte actuellement 90 millions d’habitants répartis sur une superficie de 3 509 600 km². Le président de la République du Togo, Faure Gnassingbé, en est l’actuel président de la Conférence des chefs d’Etat.

Rokia Diabaté

Envoyé Spécial à Ouagadougou (BF)

 

Trois questions à  Seydou Sissouma, Commissaire de l’UEMOA chargé du département du Développement Social

Seydou Sissouma est l’homme que le Chef de l’état, Amadou Toumani Touré, a choisi pour représenter le Mali au sein de la Commission de  l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Ce journaliste de formation et ancien conseiller à la Communication du Président ATT, vient de prendre fonction en qualité de commissaire chargé du Département du Développement Social, à Ouagadougou. Il répond à nos questions.

Le Prétoire : Monsieur Sissouma, c’est en votre personne que le Président de la République, Amadou Toumani Touré, a placé sa confiance  pour représenter notre pays,  le Mali, en qualité de commissaire à l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Vous venez de prêter serment devant la Cour de Justice de ladite union. Quels sont vos sentiments face à une telle considération ?

Seydou Sissouma : D’abord, j’exprime ma sincère gratitude au Président Amadou Toumani Touré pour une si grande confiance placée en moi. En effet, il y a exactement trois mois, lors de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEOMA à Lomé, le 30 juin dernier, j’ai été nommé comme Commissaire. Je viens de prêter serment et m’occupe désormais du Département du Développement Social et Culturel.

Pouvez-vous nous présenter votre département ?

Le Département Développement  Social, (DDS) peut être présenté, en quelques mots, comme celui qui est en charge des finalités du processus d’intégration en cours. En mettant en commun leurs moyens, un des buts recherchés par nos Etats dans le cadre de l’UEMOA, c’est l’amélioration de la qualité des ressources humaines de notre espace. L’enseignement supérieur et la formation professionnelle, qui en sont un vecteur important,  relèvent du Département du Développement Social. La qualité de l’offre de soins et l’élargissement de la couverture sanitaire au plus grand nombre figurent en bonne place dans la politique d’intégration. C’est le Département du Développement Social qui a la charge de conduire les initiatives de la Commission en ces matières.

Dans ses attributions, ledit Département s’occupe aussi de la politique du Genre et œuvre au renforcement du rôle de la femme dans l’intégration régionale et le développement économique et social de nos pays. Le Département que je dirige veille enfin, au sein de la Commission, sur ce qui représente la première richesse de l’UEMOA, à savoir le Patrimoine Culturel et les Arts. Il s’agit de promouvoir la culture en tant qu’activité économique majeure dans nos Etats, mais aussi comme facteur de cohésion entre les populations de notre Espace. Voilà, en quelques mots, la carte d’identité du Département du Développement Social et Culturel.

Actuellement, quelle est la place du Mali au sein de l’UEMOA ?

Le Mali est membre fondateur de l’UEMOA. L’engagement de notre pays en faveur de l’intégration est un acte de foi consacré par la Constitution qui stipule que « le Mali est prêt à abandonner tout ou partie de sa souveraineté pour la réalisation de l’Unité africaine ». De la Première à la Troisième République, cette volonté n’a jamais faibli. Le bilan élogieux de notre compatriote Soumaïla Cissé, au cours de ses deux mandats de Président de la Commission, est à inscrire dans cette volonté constante du Mali de servir l’intégration africaine et d’en faire la ligne d’horizon de son développement. Ce flambeau doit rester toujours allumé. 

Rokia Diabaté

Envoyée Spéciale à Ouagadougou (BF)

 

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