Autant on a de bonnes raisons de se réjouir de l’avènement des réseaux sociaux, autant on est en droit de se préoccuper de l’utilisation malsaine qui en est faite par certaines personnes et qui peut nuire aux autres. Autrement dit, il y a du bon et du moins bon voire du tout mauvais, mais tout dépend du prélèvement qu’on fait des différentes propositions, idées et autres informations déversées sur ces plateformes de communication, d’informations et de partage d’idées.
Pour le cas précis du réseau social WhatsApp qui nous intéresse dans cet article, on retrouve des groupes de discussions professionnelles ou de débats sur la politique ou sur l’actualité brûlante et des groupes d’amis qui se partagent les informations sociales, entre autres.
Moussa Diawara, professeur d’enseignement secondaire, trouve que ces groupes permettent de renforcer les rapports sociaux voire les liens familiaux. «On arrive à donner des informations facilement en peu de temps à plusieurs personnes et aussi à connaître les membres de la famille résidant dans différents pays du monde», explique l’enseignant.
Il est administrateur de plusieurs groupes WhatsApp, notamment ceux des ressortissants de son village, de son clan familial et celui de ses collègues de travail. «Ces groupes sont très utiles et avantageux. Mais, nous devons utilisé cette plateforme de communication et de partage d’idée à bon escient», conseille le pédagogue.
Fatoumata Niambélé est membre de plusieurs groupes WhatsApp dont le «Balimaya groupe», destiné à sa famille et le groupe «Mousoya goundo». À travers ces plateformes de discussions, explique-t-elle, les membres se donnent des conseils sur comment entretenir un foyer et se partagent également des astuces de femmes.
Issa Guindo est un étudiant qui effectue des ventes de chaussures et d’habits sur WhatsApp. Il expose ses articles de commerce sur un groupe dénommé : «Guindo service». Les plateformes WhatsApp sont devenues, selon lui, des outils de travail qui facilitent le partage d’information et les contacts, ainsi que des échanges commerciaux. L’étudient dit être intéressé aussi par le groupe «Campus de Badala». Il affirme avoir appris beaucoup de choses sur la religion sur cette plateforme de discussion, notamment comment faire la prière.
Il est féru de ce réseau social, mais se dit conscient des inconvénients, notamment en fonction des motivations qui sous-tendent la création des groupes de débats. Fatoumata Diallo aussi est étudiante en gestion des ressources humaines (GRH) à l’Institut universitaire de gestion (IUG). Elle est membre de six groupes WhatsApp. Parmi lesquels, le groupe «Grand Faso Ogo», un groupe destiné à passer des informations concernant son département d’études. Le groupe «famille déterminée» qui permet de faire circuler des informations sur leurs activités de la semaine.
Celui de la «promotion 020 de l’IUG», un groupe qui permet aux membres de l’AEEM IUG de s’informer et de communiquer sur des sujets. L’étudiante en classe de première année est aussi membre de «Sœur Diallo», un groupe familial pour passer les informations concernant les membres de la famille. Elle affirme que le groupe la «Conférence nationale», lui permet d’avoir des connaissances sur la prise de parole devant un public. Et le groupe «GRH A et B» qui ambitionne, selon ses dires, de partager les informations concernant leur classe. Pour elle, ces groupes réduisent les dépenses liées aux appels téléphoniques.
Partage d’idées- Amadou Ongoiba vend des produits cosmétiques. À l’en croire, les groupes WhatsApp permettent aujourd’hui d’entretenir des relations même à distance. «On échange, se donne des idées, on s’envoie des photos, des vidéos et on fixe des objectifs sur des projets très intéressants», explique-t-il.
Rappelant qu’il passait auparavant la majeure partie de son temps à regarder des vidéos drôles sur les groupes pour se distraire.
Depuis qu’il a connu des entrepreneurs sur des groupes WhatsApp, il tire profit de cette rencontre. «Si je veux entreprendre un projet et que je n’ai pas d’idée, ni la connaissance du secteur dans lequel j’ambitionne de mener mon projet, je peux demander des conseils au groupe. C’est à travers ces personnes que j’ai pu changer de mentalité et tout comme mon frère», se félicite Amadou Ongoiba.
Certaines personnes essaient de dévoyer l’esprit des groupes de discussions. Elles sont très rapidement rappelées à l’ordre par des administrateurs qui ont la possibilité aussi de censurer les posts (courts messages) malsains. «Dans notre groupe, nous avons mis en place un comité de censure composé de trois administrateurs. Il veille au respect des principes adoptés par tous les membres du groupe pour réguler les communications et les informations, mais aussi sur le respect des règles d’éthique fondées sur les us et coutumes de notre société.
Le comité peut aussi bloquer ou retirer du groupe tout membre ne respectant pas les consignes prodiguées par les administrateurs du groupe», explique un interlocuteur sous anonymat. Selon lui, ces mesures sont prises contre les injures, le dénigrement d’un membre du groupe ou de toute autre personne hors du groupe, la publication de fausses informations et des propos diffamatoires ou calomnieuses. Il est également interdit, poursuit-t-il, d’alimenter des débats à tendance conflictuelle. Mme Sanogo Nana Coulibaly est réticente à la communication sur les groupes. Selon elle, ils peuvent causer beaucoup de problèmes et être source de conflits.
Elle estime que les gens peuvent utiliser les groupes pour régler des comptes. «Je suis par exemple dans un groupe avec des cousines dans lequel il arrive parfois que certaines fassent des invectives. Pour cette raison, je n’opine plus sur les thèmes de discussion dans ce groupe depuis plus de trois ans», fait savoir Mme Sanogo. Oumar Nango, sociologue à l’Ecole normale supérieure (ENSUP) de Bamako estime que ces groupes représentent des plateformes de communication et d’information, mais de formation en ligne à des coûts moindres.
Cependant, il a aussi précisé que WhatsApp représente un outil de propagande. On manipule facilement avec ce réseau social. D’autres sociologues que nous avons contactés n’ont pas accepté de verser leurs avis dans le débat. Certains pour des contraintes d’agenda et d’autres pour le peu de goût qu’ils ont pour la communication.
Sinè TRAORE