Dans moins d’un an, notre pays sera confronté à un bouleversement technologique d’ampleur, à une révolution technologique majeure qui va rejaillir sur le quotidien des Maliens. Il s’agit de la transition vers le numérique, ou la migration numérique, dont la date butoir est fixée au 17 juin 2015. En effet, notre pays en approuvant l’accord (GE06) adopté le 16 juin 2006, lors de la Conférence régionale des radiocommunications de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), s’engageait à réaliser le passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique pour la télévision à l’échéance du 17 juin 2015.
Chez nous, le passage vers le numérique est entré dans sa phase active en 2011 mais a connu des perturbations consécutives à la crise survenue en 2012. Néanmoins, le ministère de la Communication maître d’œuvre du projet, sous l’égide de la primature et avec l’accompagnement de l’ensemble des acteurs concernés aux plans national, régional et international a mené un certain nombre d’activités, notamment un atelier national d’information sur la transition et un document de stratégie de passage au numérique.
Les problématiques de mise en œuvre du processus de transition numérique sont comparables dans tous les pays de la sous-région ouest africaine. C’est pourquoi, la commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a engagé ses Etats membres à adopter une approche globale et concertée pour une bonne conduite du projet de transition numérique.
Ainsi un programme pour la transition a été initié sous la coordination de l’UEMOA. Ce programme comprend deux volets : l’adoption de normes communes de compression et de diffusion numérique et l’appui direct aux Etats.
La réunion des ministres statutaires de l’UEMOA, tenue à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire le 27 mars passé, a ainsi adopté le règlement N° 02/CM/UEMOA relatif aux normes de compression et de diffusion pour la télévision numérique terrestre dans l’espace UEMOA. Ce règlement consacre le choix des normes DVB-T2 pour la diffusion numérique terrestre et MPEG-4 AVC pour la compression vidéo.
Ce règlement prescrit aux Etats membres certaines obligations, selon un calendrier très précis. Il s’agit de l’interdiction d’importer des postes téléviseurs analogiques et des postes téléviseurs non conformes aux différentes normes à partir du 1er juillet 2014, c’est à dire dans cinq jours et de l’interdiction de la commercialisation des postes téléviseurs non conformes aux normes suscitées à partir du 1er octobre 2014, donc dans un peu plus de 3 mois.
Pour une transition numérique réussie dans notre pays, les décisions prises au niveau régional, voire internationale, la stratégie de la commission de l’UEMOA en le matière et les dispositions à prendre en direction des populations bénéficiaires doivent être mieux expliqué à tous les niveaux.
C’est dans ce cadre que le ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication a initié hier, au Centre international de conférences de Bamako, une journée d’information et d’échanges sur le règlement N° 02/CM/UEMOA 27 mars 2014.
La rencontre, présidée par le ministre Mahamadou Camara, s’est déroulée en présence de son homologue du Commerce, Abdel Karim Konaté, du vice président du Collège transitoire de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), Mamadou Baba Sylla.
UNE ENORME SOURCE DE POTENTIALITES. Les patrons des médias audiovisuels publics et privés ainsi que des opérateurs économiques et commerçants de produits TIC et d’autres acteurs venant des départements ministériels et services impliqués dans la migration vers le numérique ont pris part à la journée. L’objectif principal de l’événement était d’informer et de faire connaître le modèle numérique où la technologie est mise au service des programmes et où les contenus comptent davantage que les considérations d’ordre purement commercial, un modèle où l’audiovisuel est un levier pour la diversité culturelle, la cohésion sociale, pour le pluralisme politique et pour le développement économique et social des populations.
La rencontre a tracé un cadre d’échanges et de concertation entre les experts en la matière et la cinquantaine de participants. Les experts, Assane Diawara, Etienne Coulibaly, Ismaël Sidibé, ont présenté des communications sur le « règlement N° 02/CM/UEMOA », la « stratégie nationale de couverture de la télévision numérique : équipements et réception terrestre – antenne TV- settopbox », la « réception TNT-SAT », les « mécanismes d’application du règlement N° 02 » et la « stratégie d’approvisionnement du marché en équipements de réception ».
Pour le ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, « si certains pays membres ont déjà procédé à cette transition, il n’en est pas de même pour la plupart des autres membres, notamment en Afrique ». Cette révolution numérique, a indiqué le ministre Camara, est une énorme source de potentialités pour les entreprises, l’administration et l’ensemble de la société civile. Mais elle peut aussi être responsable de fracture entre ceux qui ont accès aux technologies de l’information et au tout numérique et ceux qui en sont exclus, a admis Mamadou Camara pour qui l’information sur l’application du règlement au-delà des médias doit être partagée en temps réel avec les acteurs.
C’est pourquoi, a t-il annoncé, « il sera proposé prochainement au ministère du Commerce un programme de communication sur le même sujet couvrant l’ensemble des régions du pays ».
Le ministre Camara a réaffirmé la volonté du gouvernement de faire de la migration vers le numérique, un enjeu important pour la cohésion nationale tout réduisant la fracture numérique pour permettre à l’ensemble de la population de bénéficier de l’ensemble des aspects de ces technologies.
En rendant hommage à l’UEMOA pour ses efforts en faveur de la transition numérique au Mali, Mahamadou Camara a demandé la bienveillance et la bonne compréhension de tous acteurs pour surmonter les défis et les écueils qui ne manqueront pas de jalonner la dernière année charnière de la transition numérique.
S. TANGARA