Le président de la République et le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, en bons cousins, s’entendraient parfaitement comme deux larrons en foire. En effet, contrairement à des informations alarmistes diffusées ces temps-ci par certains organes de presse, entre le président Dioncounda Traoré et son PM, ce ne serait peut-être pas “le parfait amour” mais du moins une complicité parfaite dans le strict respect des règles de hiérarchie.
Malgré son inopportune sortie médiatique du samedi 28 juillet dernier et tous les propos on ne peut plus “va-t-en guerre” qui ont fait les choux gras de la presse nationale et internationale les jours suivants, le Premier ministre serait loin du “rebelle” que d’aucuns ont vite fait de lui coller. L’homme ne serait en réalité qu’un “loup en porcelaine”, tant ce qu’il fait contraste avec le discours “officiel” qu’il véhicule.
Est-ce les tergiversations normales de quelqu’un qui découvre seulement les dures réalités du terrain politique à un niveau de responsabilité pour lequel visiblement il n’était pas préparer ? Est-ce la faute à sa cellule de communication s’il ne trouve pas souvent les mots justes pour exprimer des choses simples pourtant ? Quoiqu’il en soit, le PM reconduit aura nécessairement besoin d’améliorer son image et son langage officiel.
N’est-ce pas déjà dans cette optique qu’il s’est voulu rassurant quant à la qualité de ses rapports avec le président de la République lors de sa rencontre avec les représentants des communautés du nord quand il dit “je n’ai aucun problème avec le président de la République contrairement aux fausses informations véhiculées par certains médias. Pour preuve, pas plus tard que samedi (11 août) nous avons déjeuné ensemble dans une ambiance des plus cordiales. Le président a profité de cette occasion pour me renouveler toute sa confiance…”
Voilà des propos rassurants qui, s’ils avaient été tenus un peu plus tôt, nous auraient évité certaines situations dont on aurait pu faire l’économie. Par contre, ce que le Premier ministre s’est bien gardé de porter à la connaissance de ses compatriotes, c’est le fait que cette rencontre-déjeuner avait d’autres buts. En effet, selon nos sources, le Premier ministre aurait remis “sa démission et celle de son gouvernement” au président de la république au cours de cet entretien en tête-à-tête.
Toujours, selon nos sources, ce serait sur la base de cette démission que le président a pris le décret de reconduction de Cheick Modibo Diarra dans ses fonctions. La suite logique a donc été le communiqué lu à ce sujet sur les antennes de l’ORTM, le dimanche 12 août au journal télévisé de 20 h 45.
Vraisemblablement assez fort en matière de discrétion, malgré son apparence trompeuse, le Premier ministre n’en aurait informé les membres de son gouvernement que lors du conseil des ministres du mercredi suivant, c’est-à-dire le 15 août 2012.
Il a profité du même conseil des ministres pour féliciter et “remercier” tous les membres de l’équipe gouvernementale dont il aurait reconnu que le sort de chacun n’était plus entre ses mains à lui seul. Ce serait également la raison de ce climat des plus tendus qui prévalait l’autre jour dans la salle du conseil des ministres et qui n’a échappé à aucun observateur averti. La nouvelle a surpris toute la salle, car, quelques jours avant le PM avait assuré tous les membres de l’équipe du contraire.
Faisant néanmoins bon cœur contre mauvaise fortune, les ministres ont pris acte de l’information tout en remettant à Dieu leur sort individuel dans la perspective de la formation du gouvernement d’union nationale.
Sidibé Ibrahima