Réseaux sociaux et journalisme (2) : Une lame a double tranchant

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Une vue du compte Facebook de l’Essor
Une vue du compte Facebook de l’Essor

Au Mali, les journalistes ont intégré Facebook, Twitter et les blogs. A travers ces réseaux, ils diffusent des informations souvent indépendamment de leurs organes.

 

 

Les réseaux sociaux sont de plus en plus présents sur la Toile mondiale. Que ce soit pour le journaliste ou pour le citoyen ordinaire, ils ont changé la donne en terme de moyen de diffusion de l’information. Mais dans quelle mesure? En quoi peuvent-ils constituer à la fois un avantage et un inconvénient pour les journalistes ?

 

 

Commençons avec « Twitter ». Ce réseau social permet à tout un chacun de devenir journaliste. Ce nouveau « journalisme-citoyen » permet de fournir et de relayer l’information avant même qu’elle ne soit disponible dans les médias. Les journalistes ont eux aussi l’occasion de transmettre leurs informations encore plus rapidement. Mais, n’oublions pas qu’Internet et les sites web d’information avaient déjà eux-mêmes accru la vitesse de diffusion. Avec les conséquences que nous connaissons actuellement.

 

 

Bien que constituant un avantage, « Twitter » accélère plus que jamais la diffusion des nouvelles informations. L’une des conséquences directes reste la course au « scoop ». Déjà bien présente avant, elle s’est accélérée à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, comme nous l’a démontré l’histoire à travers des évènements.

 

 

La course au « scoop » mène aux plus grandes dérives médiatiques. Le but est de diffuser l’information, « le grand scoop », avant tous les autres. Car un journal traitant d’une grande catastrophe aura toutes les chances de voir ses ventes augmenter ce jour-là, et ce surtout si ses concurrents n’en ont pas encore parlé. La course au « scoop » mène donc à la reprise de l’information dans la précipitation. Celle-ci empêche le journaliste de vérifier correctement ses sources. Cela  peut donner lieu à diverses désinformations. Ainsi, cette accélération de la diffusion de l’information bien que représentant à la fois un avantage, est loin de jouer en faveur de la crédibilité des journalistes.

 

 

Parlons des avantages de l’accélération de la diffusion de l’information à travers les réseaux sociaux dans notre pays. Au Mali les journalistes ont intégré les réseaux sociaux que sont Facebook, Twitter, les blogs, etc. Ces réseaux leur permettent de diffuser rapidement les informations souvent indépendamment de leurs journaux ou médias.

 

 

Des sujets divers et variés.

Sékouba Konaré, un étudiant malien en journalisme au CESTI de Dakar, est inscrit sur Facebook depuis 2011. Nous l’avons interrogé via le réseau social. « Je me suis inscrit sur Facebook parce que c’est un réseau qui me permet d’échanger avec des amis, parents et connaissances. En plus de cela, je participe à des groupes de discussions, de débats.

 

 

Ces réseaux me servent à exprimer mes pensées sur des sujets aussi divers que variés. Par exemple sur Facebook je gère mon profil en mettant des photos que je veux. Je partager les liens de mon blog qui est une plateforme que je gère en traitant des sujets d’actualité, en mettant des vidéos, sons images etc. En bref, Facebook me sert beaucoup et c’est grâce à lui que je suis au courant de plusieurs informations ». Pour notre interlocuteur, les avantages qu’offrent ces réseaux sociaux sont énormes pour un journaliste. « Les réseaux sociaux me permettent d’apprendre les informations en masse. Je donne en exemple Twitter qui donne des informations en temps réel. Ces réseaux sont un atout pour le journaliste qui vit l’actualité en temps. Le journaliste peut ainsi accéder à une tonne d’information.

 

 

« C’est sur les réseaux sociaux que Barack Obama a annoncé sa victoire avant même la proclamation des résultats », témoigne le jeune Konaré qui constate par ailleurs que « les organes de presse partagent des liens de leur site sur ces réseaux sociaux. Le jeune Konaré pense par ailleurs que les réseaux sociaux ont de beaux jours devant eux. « Nous sommes à un moment où nous passons du papier au numérique. Ce fait donnera encore plus de valeur aux réseaux sociaux.

 

 

Tous les organes se créent maintenant, un site en ligne et à travers cela ils envoient leurs articles aux lecteurs internautes.

Cependant tout n’est pas rose, notre interlocuteur reconnaît que ces réseaux sociaux ont aussi des inconvénients et c’est aux journalistes de faire attention à certaines informations partagées par des personnes. « Sur Facebook, chacun se croit détenteur de l’information alors que la source n’est pas indiquée. Le journaliste, bien vrai que les réseaux sociaux lui permettent d’aller vite doit toujours se soucier de vérifier les infos pour ne pas tomber dans les aberrations que notre métier condamne haut et fort », prévient le jeune journaliste.  Boubacar Niane, un jeune journaliste, directeur de publication du journal « Kayes Infos », lui aussi utilise les réseaux sociaux Facebook et Twitter depuis 2011. Facebook et Twitter me permettent de rester en contact avec mes amis et de partager facilement les informations, les images et vidéo avec eux à temps à réel, explique le jeune Niane qui trouve Tweeter, rapide et efficace. Le jeune directeur de publication reconnaît que certaines informations disponibles sur ces réseaux ne sont pas trop crédibles et que par ailleurs, l’information est difficile à maitriser des fois, surtout quand le journaliste se trompe.

 

Un travail bénévole

Le quotidien national l’Essor a également sa page Facebook et compte Twittter depuis bientôt 9 mois. Ces réseaux sociaux sont animés par Adama Diarra, Seydou Tangara et Makan Doumbia. Adama Diarra, l’animateur principal de ces comptes explique. « Nous avons crée ces comptes pour répondre au besoin du temps et pour être au cœur de ce qui se passe au Mali : au nord et au sud. La présence du quotidien national L’Essor permet de mettre fin à certaines rumeurs où intox.  C’est d’abord un travail de bénévolat dont l’objectif est de donner l’information institutionnelle où officielle aux abonnés ». Après chaque édition, les pages 1, 15 et 16 sont converties en format PDF, et JPG soit par Seydou ou Makan puis envoyées à Adama Diarra. Celui-ci dispose d’un téléphone Smartphone avec une connexion Internet 24h/24.

 

 

Adama explique que son BlackBerry Bold 9900 lui permet d’être au courant de ce qui se passe au Mali mais également, d’être à mesure d’informer les internautes des activités du gouvernement ou donner la version des faits du gouvernement par rapport à un sujet bien donné. Les comptes Facebook et Twitter pour notre interlocuteur sont aussi des centres d’orientations pour les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur qui le contactent pour des renseignements sur un sujet d’actualité. Adama met ainsi ses interlocuteurs directement en contact avec le journaliste qui a traité le sujet. Il précise que la demande est forte dans le domaine sportif, politique et de la sécurité. « Selon les dépêches d’ailleurs, on a appris que…..est-ce L’Essor confirme ? » ou encore « Vous avez le communiqué du gouvernement qui dément telle rumeur ? », ce sont en général les questions posées par les internautes à Adama.

 

 

Selon Adama Diarra, les réseaux sociaux ont apporté beaucoup de changements innovants dans l’information au sein du journal, car les abonnés aux réseaux sociaux, ne sont pas obligés d’attendre 24 heures pour être informés. Au moins, ils ont une idée de ce qui se trouve dans la version papier de l’Essor des heures avant la livraison. Par exemple, nous publions la Une, les 15 et 16 du journal en ligne. Ce qui encourage les lecteurs à s’attendre à lire l’info qui est à l’intérieur du journal. Les lecteurs sont surtout intéressés par l’actualité sécuritaire, politique et économique. Il y a aussi les manifestations et autres rencontres dans la sous-région. Notre interlocuteur explique que « les félicitations viennent de partout chaque fois que nous publions une information qui met fin aux rumeurs, ailleurs sur d’autres sites et réseaux sociaux ». Le personnel de certaines ambassades accréditées au Mali nous suivent régulièrement. Et souvent nous commentons l’actualité en ligne.  Nous n’avons rien à gagner dans la désinformation ou l’intox, commente Adama Diarra qui regrette du fait qu’il reçoit des critiques, souvent très virulentes de la part de ceux-là qui balancent des infos non vérifiées ou intox en ligne. Mais la plupart des internautes apprécient et me mettent la pression quand je suis en retard sur la mise à jour. Pour le journaliste, les avantages qu’offrent ces réseaux sociaux sont nombreux. Avec ces réseaux, témoigne Adama, « le journaliste a la moitié de l’information au salon. Il lui reste à aller chercher le complément sur le terrain. Cela n’est pas toujours sans inconvénient est terrible.  Depuis un certains temps, je remarque que certains confrères exploitent les informations publiées soit sur le site de L’Essor où les comptes Twitter et Facebook, sans citer la source. Ils en font leurs choux gras sur internet ». Les réseaux sociaux sont incontournables dans le journalisme estime, Adama Diarra qui témoigne : « C’est à nous de nous adapter à cette nouvelle tendance pour ne pas rester à la traîne », prévient le jeune journaliste pour qui, l’inconvénient sur ces réseaux est « Quand une information non vérifiée est publiée, elle est reprise par des milliers de gens qui la prennent pour argent comptant. La vraie info tombe après que le mal soit déjà accompli. Il est trop tard. C’est comme un vaccin : bien administré ça guérit, dans le cas contraire, ça peut tuer le malade».

 

S. TANGARA

 

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