La presse malienne doit mener aux opérateurs de téléphonie mobil le combat que mène Emmanuel Macron contre Google en faveur de la presse française. Au Mali, les journaux ne se vendent plus à cause d’Internet dont l’accès est devenu facile avec le développement de la téléphonie mobile. Fournisseur d’internet, les opérateurs de téléphonie contribuent à la liquidation de la presse écrite dans un silence étonnant des patrons de presse.
Combien Orange, Malitel et Telecel gagnent sur le dos de la presse écrite malienne ? La question taraude tous les esprits chez les journalistes, mais le sujet n’est pas officiellement mis sur la place publique. Les journaux fournissent une bonne partie des informations partagées dans les groupes Whatsapp, sur Facebook et sur les sites d’information.
Ainsi, les journalistes et leurs organes qui triment pour collecter et traiter les informations alimentent gratuitement les flux d’information destinés aux internautes. Un peu de forfait et tout le journal est lu. Voilà le cauchemar des patrons de la presse écrite malienne. Du coup, les lecteurs n’ont plus besoin d’acheter un journal papier dont le contenu se trouve très rapidement sur Internet.
Les opérateurs de téléphonie mobile doivent aux journaux et aux sites d’information dont le travail est accessible. Les regards sont tournés vers les organisations faitières de la presse afin que les médias maliens soient à l’abri de la concurrence des fournisseurs d’internet. Les opérateurs de téléphonie qui ont quasiment un monopole de fait doivent payer une redevance qui sera versés aux médias en fonction du nombre de visites sur leur site.
Les robots publicitaires de Google sont la preuve que cette redevance peut être une des meilleures solutions au financement de la presse. L’Etat malien qui peine à augmenter l’aide publique à la presse pourrait facilement trouver dans cette redevance de quoi soulager les difficultés économiques des médias maliens. Ces derniers pourraient ainsi contribuer à renflouer les caisses de l’Etat avec les impôts.
IBK lui-même doit s’y mettre pour que cette redevance soit une réalité au Mali. Ailleurs, on a vu Emmanuel Macron dans un bras de fer avec Google, le géant américain. Le vœu du président français est de faire payer à Google le droit voisin, celui de la diffusion du contenu de la presse française dans les résultats du moteur de recherche américain.
Les opérateurs de téléphonie n’ont rien à craindre en termes de coût, puisque c’est le consommateur malien qui doit payer. Et parmi ces consommateurs, il y a bien entendu les journalistes. On voit bien qu’il s’agit d’une volonté politique qui met plutôt à l’épreuve Kamissa Camara, la ministre de l’Economie numérique. Cette redevance pourrait être le plus grand chantier de son département.
A.D