Rares sont les véhicules maliens dans la circulation qui subissent un vrai contrôle technique. Et pour cause, à Mali Technic Service (MTS) à qui les autorités ont accordé le monopole de la visite technique des voitures au Mali, l’affairisme est érigé en règle. Et la souffrance des usagers, une fierté des maitres du lieu. Enquête.
Un chemin de croix, un parcours du combattant, une traversée du désert… Aucune de ces expressions n’est de trop pour scénariser l’opération de visite technique au niveau de Mali Technic System (MTS). Une structure qui ressemble aujourd’hui à la rue Malitel à Bamako-Coura. Cette rue qui passe devant la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako transformée en véritable centre d’affaires pour les jeunes qui opèrent dans le domaine de la téléphonie mobile, où toutes sortes de téléphones sont écoulées. Pour preuve, là bas à Sogoniko le précieux sésame qui doit attester de l’Etat de santé du véhicule est souvent négocié et livré même à la porte sans que le véhicule en question ne subisse le moindre contrôle technique. D’ailleurs, nombreux sont les véhicules qui viennent et repartent munis du précieux sésame sans voir franchi la porte de Mali Technic System où l’affairisme est devenu le jeu favori des agents à tous les niveaux. Pour ceux qui acceptent d’y franchir, il leur revient de déposer 2000 F sur le tableau de bord pour que les agents censés noter les défauts du véhicule ferment leurs yeux là-dessus à travers le rapport de contrôle technique qu’ils acheminent au dernier niveau.
Un centre d’affaires sur la place publique !
A Mali Technic System (MTS), voilà un monde à part où l’affairisme a été érigé en mode gestion par les responsables et agents. Mieux, c’est devenu un passage obligé car c’est la règle à suivre au risque de se voir pénalisé par ces agents foutus dans leur tenue bleu comme des professionnels des grands garages modernes.
A l’origine de cette situation, le monopole du contrôle technique des véhicules (tous genres confondus) à Mali Technic System. Ce qui crée de vrai désagrément chez les propriétaires de véhicules qui sont obligés de passer de longues (souvent toute la journée) pour avoir le précieux sésame.
Et du coup, bonjour les raccourcis qui se passent par des affaires, la corruption et l’achat de conscience des agents de cette entreprise.
Un propriétaire de véhicule rencontré devant le MTS le mercredi dernier témoigne : « Je suis venu pour faire la visite technique de mon véhicule qui est arrivée à échéance depuis deux semaines. Mais j’avoue que ce n’est pas facile car depuis 9 heures je suis dans les rangs. Il est 15 heures, et je n’ai toujours pas pu faire mon contrôle technique à cause des affaires que les agents traitent à côté».
Il poursuit : « lorsque je suis arrivé, j’ai suivi une file d’attente qui dépassait plus de trois cents mètres car, les véhicules se suivaient à partir de l’entrée de MTS jusqu’au niveau de l’hôtel Komoguel. Cela est dû au fait que les gens ont besoin de ce précieux sésame pour ne pas se faire racketter par les policiers ».
Faut-il le signaler, cette structure comporte deux grandes entrées. Si celle faisant face à l’avenue OUA reste la plus connue et réservée aux petits véhicules, celle qui donne sur une rue non goudronnée est l’entrée des gros véhicules et des gros bonnets. Pour preuve, lorsqu’on ne veut pas endurer la souffrance des autres usagers, propriétaires des petites voitures, on peut se diriger là bas avec la somme de 20 000 FCFA, souvent plus. Alors que le coût de la visite technique est fixé à 7500 FCFA, tous frais compris, dont les 2500 CFA de l’ANASER.
Et ce chauffeur de taxi d’expliquer : « A Mali Technic System, il y aun réseau qui est en place pour les personnes qui sont pressées ou qui doutent de la qualité de leurs véhicules. Et il suffit pour ces personnes de payer la somme de 20 000 FCFA pour qu’un agent se charge d’aller lui chercher son attestation de visite sans que le véhicule ne franchisse la porte de MTS ».
Au niveau de ce cadre malsain où pullulent des vendeurs à la sauvette, de pièces de véhicules, réparateurs des phares et autres voleurs de la gare routière de Sogoniko, aucune disposition n’est prise afin que les véhicules en rang n’obstruent pas les passages. D’ailleurs, ces bons citoyens qui décident de venir donner de l’argent à l’Etat sont laissés pour compte avec leurs véhicules en fil indien entre deux dangereux caniveaux curés. Où se dégagent des odeurs nauséabondes. Pour accéder au pont (sans garde-fou) à l’entrée du MTS, les chauffeurs sont obligés de faire preuve d’un talent de Rallye-man pour ne pas tomber dans les ravins.
Le maintien du monopole à MTS pour des raisons inavouées
Selon certaines sources bien introduites, le monopole réservé à Mali Technic System (MTS) en matière de visite technique des véhicules serait dû au fait que certains hauts responsables du pays y auraient leurs actions. Mieux, les responsables de cette structure verseraient des dividendes à certains responsables de ce pays. Notamment du ministère de l’Equipement et des Transports.
S’y ajoutent le lien de parenté et d’amitié existant entre le promoteur de cette boite avec les deux présidents de la République sortants : ATT et Dioncounda Traoré.
Ce qui ferait que les autorités maliennes ont toujours maintenu le monopole du contrôle technique des véhicules à Mali Technic System, même si les services sont, aujourd’hui, décriés à cause de leurs qualités, le laisser-aller qu’il y a et le comportement des agents qui n’hésitent pas à délivrer le précieux sésame aux propriétaires de véhicules en piteux état, avant que ceux-ci ne provoquent des accidents dans la circulation.
A MTS, la direction se soucie peu des propriétaires de véhicules qui passent toute la journée en queue en train de bouillir sous le soleil. D’où des pauses de deux heures que les agents observent pendant que de longues files d’attente les attendent sous le soleil.
En plus du comportement de ces agents qui n’hésitent pas à les taxer souvent même quand leurs véhicules sont en bon état. Et ce, avec des tarifs qu’aucun texte de la République ne justifie.
Là bas, ce qui importe le plus est de laisser 2000 F dans la voiture au moment où l’agent va l’amener dans la salle de visite. Ou bien se voir taxé à travers le rapport de contrôle qu’il achemine vers ses supérieurs qui délivrent le certificat de contrôle technique.
Les nouvelles autorités doivent se pencher sur le cas de ce service ou le laisser-aller a fait place au professionnalisme, où l’affairisme est érigé en mode de fonctionnement et où le monopole fait que l’acquisition du précieux sésame relève d’un véritable chemin de croix pour les propriétaires de véhicules.
Georges Diarra