#Mali : Réseaux sociaux : Réseaux d’échanges commerciaux

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En moins d’une heure, la photo d’une voiture postée par Amadou Maïga sur sa page Facebook fait réagir de potentiels acheteurs. Certains, dans leurs commentaires, demandent une réduction sur le prix alors que d’autres souhaitent avoir plus de détails sur le véhicule. Aux différentes questions, le jeune commerçant tente de donner des réponses.

Ces discussions virtuelles n’ont rien d’extraordinaire pour un habitué des réseaux sociaux. Sur ces plateformes, les pages exclusivement dédiées au commerce foisonnent. Leurs propriétaires, appelés des e-commerçants, proposent tous types de produits : articles électroménagers, prêt-à-porter, produits pharmaceutiques et traditionnels, moteurs roulants, etc. Impossible de passer quelques minutes sur la toile sans tomber sur ces produits, décrits très souvent dans un français approximatif.

La révolution technologique impose ses tendances. Aucun secteur n’échappe à ce vent de la modernité, y compris celui du commerce où les réseaux sociaux bousculent les habitudes. Aujourd’hui, ce système de vente, à forte croissance, est même perçu par certains comme une menace pour les marchés traditionnels. Mais pour des commerçants débutants qui n’ont pas les moyens de s’offrir une boutique, c’est tout simplement une aubaine.

Gabrielle Coulibaly a découvert le filon, il y a quelques années. Celle qui a une licence en gestion des ressources humaines (MRH) vend des vêtements, chaussures, sacs, parfums et épices d’assaisonnement. Elle peut recevoir une dizaine de commandes par jour et les prix de ses produits vont de 750 Fcfa à 30.000 Fcfa. «Je reçois beaucoup de commandes pendant les mariages. Les clients peuvent choisir de se faire livrer ou de venir récupérer leurs commandes à la maison», confie-t-elle. Grâce à cette vente sur les réseaux sociaux, elle gagne bien son pain.

Zoumana, lui, une boutique au marché de Banankabougou. Tendance oblige, il a adopté les nouvelles technologies pour pouvoir toucher plus de monde. Il fait les photos de ses articles et les publient sur son statut WhatsApp et son compte Tiktok. Cette plateforme lui permet également de découvrir de nouveaux produits.

Tout comme Zoumana, Abdoulaye Traoré dit Capitaine est à la fois vendeur et acheteur sur les réseaux sociaux qu’il juge « pratiques et sans problème ». Habitant Djicoroni Para, il vend des accessoires de téléphone portable et fait aussi de l’aviculture. «Je vends mes œufs en ligne et j’achète aussi en ligne les produits dont j’ai besoin. C’est efficace et sans problème. Quand je commande un produit en ligne, je paie le prix des marchandises et les frais de livraison», déclare-t-il, ajoutant que cette forme de vente est une aubaine aussi pour les gens qui ont des difficultés pour se déplacer.

ABUS DE CONFIANCE- Certains commerçants arrivent à fidéliser leur clientèle à travers la création des groupes en ligne. Les clients sont alors informés dès que de nouveaux produits sont disponibles. Harouna Magassouba, vendeur de prêt-à-porter, explique qu’il a constitué avec ses clients un groupe WhatsApp synchronisé à sa page Facebook et un compte Tiktok, à travers lesquels, il publie ses nouveaux articles.

«Ce système me permet d’informer, au même moment, mes amis, parents et autres clients», confie le commerçant qui réalise 70% de ses ventes en ligne. Pour ce qui concerne le paiement de ses articles commandés, Magassouba exige toujours que le «client envoie d’abord l’argent avec les frais de livraison, s’il veut qu’il soit livré». Et pour assurer la livraison, notre interlocuteur fait appel aux services des motos taximans qu’il connaît.

Dans cette nouvelle tendance, tout n’est pas reluisant. Des clients se font arnaquer. Il arrive fréquemment que des vendeurs livrent des produits différents de ceux commandés par le client. «C’est un acte qui rend ce secteur malsain», témoignent beaucoup de Bamakois. Ibrahim Keïta a été victime deux fois. «La première fois, j’ai payé le livreur et le laisser retourner avec la marchandise. La seconde, c’était un vêtement que j’avais commandé. Mon choix n’avait rien à voir avec ce qu’on m’a apporté, mais je l’ai accepté comme ça», avoue-t-il.

L’expansion de la vente en ligne doit-elle inquiéter les sociétés traditionnelles ? Dans son magasin qu’il venait d’ouvrir, Ousmane Traoré et son collaboratent nettoient le sol et arrangent les frigos. Le jeune Traoré qui travaille pour une société de technologie nous explique que la vente en ligne leur cause des préjudices. Selon lui, la plupart des e-commerçants n’ont pas de magasin, donc ils ne payent ni emplacement, ni électricité. Ainsi, ils peuvent-ils se permettre de vendre des produits à des prix très bas. «Cela est une menace pour tous les commerçants qui paient la location, l’électricité, les impôts et autres. S’il pouvait y avoir une régulation dans le secteur, ce serait bien», tance Ousmane Traoré.

Par contre, Djakaridia Kouyaté voit d’un bon œil cette tendance novatrice. Assis derrière le comptoir dans sa boutique de produits cosmétiques, recevant des clients qui rentrent par les deux portes, il estime que les vendeurs en ligne les fournissent à écouler rapidement leurs stocks. «La majorité de ces gens ne sont pas des importateurs et n’ont pas de boutique. Ils viennent s’approvisionner chez les commerçants au marché et chercher leurs bénéfices sur les articles. Il n’y a rien de contrainte dans ça», soutient le commerçant de Lux beauté.

Aussi, estime-il que cette activité contribue à l’économie nationale. Car, argumente-t-il, «le vendeur d’article, le livreur, le vendeur d’essence, les réseaux de télécommunications… tout le monde en tire profit». Son collègue confirme qu’il connaît des livreurs qui n’ont pas moins de 5.000 Fcfa par jour.

Namory KEITA

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