Dix ans après le rêve qu’a suscité sa création, l’AGETIC, l’Agence des Technologies de l’Information et de la Communication, ne représente plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Le rêve d’un Mali connecté s’est envolé et plus rien ne marche comme prévu, même plus le e-Festival. L’intranet de l’Administration marche sur sa tête, la connexion des 703 communes est complètement ratée. La gestion du « Point .ml » est mal partie et le fonctionnaire malien n’a toujours pas son adresse électronique professionnelle à vie. Les sites web des départements ministériels véhiculent très peu d’informations citoyennes et la dématérialisation des procédures est toujours un rêve au Mali. La formation des agents de l’Administration au TIC est devenue plus publicitaire qu’efficace. La vulgarisation des TIC est plus un rêve que la réalité. Le Fonds de solidarité numérique né ici à Bamako ne finance plus rien dans le pays. Le Mali est devenu le grand absent des fora internationaux sur les TIC et la voix du pays de Bamako-2000 ne porte plus. La poursuite du plaidoyer africain et mondial en faveur des TIC s’est estompée et le soutien aux associations TIC telles que : l’ASIM, l’AFIM, ISOC, Youth and ICT’s, l’AMULL, ne sont plus la priorité. Aucune communication autour de la mise en œuvre de la politique nationale des TIC et du projet du complexe numérique de Bamako. La messe semble être dite, le rêve d’un #Mali100Mega connecté se meurt.
L’AGETIC, l’Agence des Technologies de l’Information et de la Communication a été créée par la loi N°05-002 du 10 janvier 2005. Elle a pour mission entre autres d’assurer principalement la promotion, la formation et la recherche dans le domaine des TIC. Mais de 2005 à nos jours que peut-on retenir des « success stories » de l’AGETIC ? Très peu de chose de durable que l’on peut montrer et en être fier. Les grands projets qui devraient impacter sur la modernisation de l’Administration trainent le pas. La structure semble se scléroser. Elle est prise au piège d’une routine administrative criarde et avilissante qui ne sied pas au domaine des technologies de l’information et de la communication où on est constamment obligé de se mettre à jour. A l’AGETIC comme dans la plupart de nos administrations publiques la hiérarchie se met toujours derrière le manque de moyen pour ne rien faire. On ne le dira jamais assez, tout ne peut pas être question de moyens. A y regarder de près, Il y a à l’AGETIC comme ailleurs dans notre administration à la base de la contre-performance de nos services publics principalement de nos EPA et de nos EPIC un manque d’initiative aiguë, de vison et surtout d’engagement. C’est un changement de paradigme qu’il nous faut. Il nous faut reformater les esprits et de réinventer le cadre malien pour qu’il sache que ce sont les idées qui cherchent et qui trouvent les moyens et tous les financements dont on a besoin et non le contraire. Est-il si difficile d’avoir un esprit de benchmark dans ce pays ? Pourquoi voulons-nous réinventer la roue ? Pourquoi ne pas s’inspirer des meilleurs exemples et pratiques qui ont réussi ailleurs pour les adapter à nos besoins et réalités au Mali ? Si hier le Mali avait montré la voie à l’Afrique dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, aujourd’hui force est de constater que le pays de Bamako-2000 tire le la diable par la queue et est devenu la lanterne rouge dans le développement des TIC.
La Vision et l’engagement des plus hautes autorités sont indispensables au développement des TIC dans un pays
Le Rwanda qui est aujourd’hui l’une de nos meilleures fiertés en Afrique dans ce domaine et bien d’autres pays africains se sont inspirés hier du Mali qui avait une longueur d’avance. Mais dans tous ces pays où les choses ont si bien avancé dans ce domaine ils le doivent toujours sans exception à la vision de leur plus haute autorité. Si aujourd’hui le Rwanda un petit pays de 26 338 km2 qui fait presque que trois fois moins que la région de Sikasso avec ses 71 790 km2, c’est parce que le président Kagamé a vite compris que les TIC étaient un véritable raccourci pour le développement de son pays. Cette vision, le Mali l’avait sous le président Alpha Oumar Konaré. En organisant puis en co-présidant avec le président du Conseil d’Etat de la République et Canton de Genève, Guy Olivier Segond, depuis octobre 1996 la première conférence internationale au monde sur la problématique de : « L’Afrique et les Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication » à Genève. Le Mali montrait la voie de la nouvelle révolution à venir et qui devait bouleverser nos façons de vivre, de penser, de travailler et d’agir.
Le Mali dans l’Histoire des TIC en Afrique
Cette reconnaissance de la communauté internationale vaudra au Mali deux honneurs qui restent encore inscrits en lettres d’or dans les annales de l’Histoire des TIC au Mali. Il s’agit d’abord et avant tout de la :
- Conférence Internationale de « Bamako-2000, InterNet, les passerelles du développement » :
La première plus grande conférence du Mali indépendant que fut la conférence de Bamako-2000 a enregistré plus de 1300 participants venus de 48 pays dont 28 africains pour dresser un état des lieux de l’apport des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans les pays en développement. C’était du 21 au 25 février 2000 au palais des Congrès de Bamako sous la coprésidence des présidents malien et Suisse et à l’initiative du réseau Anaïs. Avec comme originalité, 10 ateliers thématiques en pré-conférences, 3 séances plénières et un salon des innovations technologiques qui ont couvert des secteurs aussi variés que riches. Il s’agissait entres autres de : la Télésanté, le Commerce électronique, l’échanges et l’intégration économique régionale, la Modernisation de l’Etat, la décentralisation et la cyber-citoyenneté. Du développement durable, de l’apport des femmes dans la société de l’information, des Droits du citoyen et des Peuples. De la Formation et de la recherche, des Passerelles entre les médias, de l’Accès collectifs et de l’appropriation sociale des NTIC. De l’Accès équitable à l’information ainsi que des défis éthiques et juridiques de la Société de l’Information en Afrique.
Mais que reste-t-il aujourd’hui de la mise en œuvre des 10 points importants du plan d’action de Bamako 2000 ?
On peut aussi dire aujourd’hui sans risque de se tromper que l’ANTIM, l’Agence nationale de Télémédecine et d’Informatique médicales ainsi que l’émission CyberNTIC de l’ORTM sont les enfants de Bamako-2000 de même que l’AGETIC née des réflexions de la Mission de l‘Informatique et des nouvelles technologies de l’Information et de la communication (MINTI). Et c’est à l’occasion de Bamako-2000 que les maliens dans leur grande majorité découvraient InterNet grâce au travail remarquable abattu à l’époque par l’Opérateur historique, la SOTELMA. Cette légère consécration vaudra au Mali un deuxième honneur celui de l’organisation de la première conférence régionale du format du SMSI.
- Conférence régionale africaine préparatoire du Sommet mondial sur la Société de l’Information, Bamako-2002 :
La Conférence Régionale Africaine Préparatoire au Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) s’est tenue ici à Bamako, du 28 au 30 mai 2002. L’objectif de la Conférence était de lancer le processus de la participation de l’Afrique au Sommet Mondial, l’échange d’information sur l’expérience des pays et des régions et l’identification des besoins et priorités en Afrique. La Conférence Régionale Africaine a adopté́ la Déclaration de Bamako 2002. Les principaux éléments de la déclaration ont porté sur le besoin d’accorder une très grande priorité pour les contenus locaux, la gestion de la communication pour assurer un développement durable, équilibré et harmonieux profitant à l’ensemble des communautés. Le rôle des partenaires dans la société́ de l’information et la mise en commun des ressources disponibles afin de faire profiter des avantages des TICs. La Déclaration avait souligné́ l’importance de l’AISI (Initiative Société́ de l’Information en Afrique) en tant que cadre d’action pour l’agenda numérique africain, et, demandé à la communauté internationale d’apporter son plein soutien, définir les priorités pour développer la Société́ de l’Information en Afrique et renforcer le partenariat à l’intérieur et à l’extérieur du continent.
L’AGETIC, le bras armé de l’Etat pour la promotion des TICs au Mali
Et pour l’histoire des TIC dans notre pays retenons que c’est grâce à un appui technique et financier croisés du PNUD et de la CEA que le Mali se dotera de ses premiers documents stratégiques de développement des TIC. Le PNUD était alors dirigé par son Représentant Résident, M. Toré Rose, et le département TIC de la CEA, par Karima Bounemra Ben Soltane sous la main habile de Makane Faye. Il est avec Pierre Ouédraogo de la Francophonie, et le service InfoCOM de feu Denis Bilodeau de l’USAID, les figures emblématiques qui mériteraient une reconnaissance officielle de la part des autorités NTIC de notre pays. Auxquels il ne faudrait pas oublier les pionniers nationaux dont les mérites n’ont jamais été reconnus par l’Etat.
Alors les mémoires se sont envolées et avec elles l’avenir des grands projets aussi. Que reste t-il aujourd’hui des rêves du père des TIC au Mali, le président Konaré, de Feu Pascal Baba Couloubaly et de Mahamadou Lamine Diallo, l’initiateur malheureux de Binta-MaliNet ? Quid des grands projets qui nous ont fait rêver entre 2000 et 2002 ? Le réveil c’est maintenant ou jamais.
O’BAMBA
Il ne suffit pas d'avoir les textes, mais les appliquer correctement dans un délai prévu et avec tous les paramètres mesurables et crtiques pour un résultat attendu.
Il ne suffit pas d'avoir les textes, mais les appliquer correctement dans un délai prévu et avec tous les paramètres mesurables et crtiques pour un résultat attendu.
Pour ceux qui font de la propagande pour le gouvernement ayez au moins la reflex de changer vos styles calligraphiques entre c’est un peu trop flagrant. Nous voyons clairement qu’il y a en réalité que 3 ou 4 personnes qui écrivent ces commentaires!!!
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