Internet : Les bonnes et mauvaises rencontres

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Sur la Toile mondiale, de nombreux sites offrent la possibilité aux internautes d’élargir leur cercle de connaissances. Mais toutes les offres de relations ne sont pas bonnes à saisir… Les sites de rencontres foisonnent sur Internet.

Certains internautes les connaissent sur le bout des doigts. Ces portails destinés à faciliter les rencontres pouvant déboucher sur des relations d’amitié voire d’amour, offrent aux internautes la possibilité d’échanger des messages courts de façon instantanée. En plus du texte, la plupart des sites donnent la possibilité de voir le visage de l’interlocuteur si vous êtes tous les deux équipés de webcams. C’est ce qu”on appelle dans le jargon de la Toile mondiale le «chat». Même les grands portails Internet comme Yahoo et Google sont entrés dans la danse des services de rencontre.

Le mot «chat», prononcé «tchat», est dérivé du verbe anglais "to chat" (bavarder). Le verbe "chatter" ou aller chatter sont utilisés en français pour désigner la communication textuelle en direct par Internet. Il s”agit de la messagerie instantanée ou d”une application qui permet à différents internautes de dialoguer en direct, dans un interface qui peut être un logiciel ou une page web sur laquelle défilent des messages qui s”affichent en temps réel et auxquels un ou plusieurs utilisateurs peuvent répondre. Les sites de «chat» proposent aux internautes d”élargir leur réseau de connaissances afin de faire des rencontres amicales. Ils permettent aussi à des "clients" inscrits de sélectionner des personnes inscrites par critères (situation familiale, photos, région, ou centres d”intérêt, etc.) parmi les profils disponibles dans la base, et ainsi de discuter directement entre personnes "compatibles".

Phénomène de société. Grâce au «chat», Internet est devenu le moyen le plus simple, le plus économique, et le plus "moderne" pour rencontrer directement "la bonne personne". L”objectif des créateurs des sites de «chat» est de permettre aux internautes de se divertir en discutant, de faire de nouvelles connaissances, de sortir avec de nouveaux amis, ou encore de trouver l”âme soeur.

Le «chat» est devenu un véritable phénomène de société dans notre pays aujourd’hui. L’accès de plus en plus facile à Internet a permis de développer le phénomène et de créer une catégorie d’accrocs qui ne conçoivent plus de rencontres qu’à travers le ‘ chat». Pour s’en convaincre, faites un tour dans les cybercafé de la capitale. Les «chateurs» qui se recrutent essentiellement parmi les jeunes, colonisent les cybercafés surtout la nuit.

Dimanche 29 juillet. Il est 22 heures. Nous sommes dans une des grandes cybercafé de la capitale située à Niamakoro. Après une journée pluvieuse, une grande fraîcheur régnait sur la ville. Les rues étaient presque désertes. La plupart des Bamakois s’étaient terrés chez eux pour échapper au froid. Mais ce temps à ne pas mettre le nez dehors n’empêche pas certains «chateurs» d’aller s’adonner à leur distraction favorite. Ils étaient effet si nombreux dans le cybercafé qu’il y avait une file d’attente pour la vingtaine d’ordinateurs connectés à la Toile mondiale.

Parmi les clients présents dans le cybercafé, il y avait une majorité de jeunes filles. Et la plupart d’entre elles étaient connectées à des sites de «chat». Elles se montrent très peu loquaces pour parler de leur penchant pour ces échanges de messages. Notre insistance est néanmoins parvenue à bout de la réticence de quelques-uns unes qui ont tenu à s’exprimer sous le couvert de l’anonymat. C’est le cas d’une étudiante. "Je viens pour me distraire grâce au «chat». Je me fais des amis et c’est vraiment un espace de divertissement pour moi", confie-t-elle.

Si pour l’étudiante, le «chat» n’est qu’un moyen de divertissement, pour cette autre jeune fille, c’est le chemin qui mène à des relations amicales et même amoureuses. "Je viens chatter pour avoir un ami. Et pourquoi pas un copain fidèle avec qui je pourrais faire des sorties", avoue-t-elle en ajoutant qu’elle a une amie qui, à travers le «chat», a eu un copain". Elle rêve évidemment de faire comme sa copine.

Comme nos deux interlocutrices, de nombreuses jeunes filles de la capitale ont fait du «chat» un dada. "C”est un phénomène très fréquent dans les cybercafé", confirme Adama Berthé, gérant du cybercafé "La Détente" qui s’est, lui aussi, fait un ami grâce au «chat». "J”ai personnellement rencontré depuis un certain temps une personne qui est devenue par la suite mon ami. On se donne des conseils et on est devenu comme des frères", témoigne Berthé.

De nombreuses victimes. Cet engouement pour l’échange instantané de messages est une aubaine pour les petits malins. Ces escrocs ne se privent pas de l’exploiter à fond. Ils font de nombreuses victimes parmi les personnes qui viennent sur Internet pour élargir leur cercle de connaissances. "Personne n’est à l’abri des pièges des escrocs», constate Adama Berthé qui précise que les jeunes filles sont plus nombreuses à tomber dans le panneau des cyber-malfaiteurs. «Les filles constituent le gros des victimes car elles sont beaucoup plus naïves à cause souvent de leur jeune âge. Les escrocs ont l’art d’appâter leurs victimes. J”ai plusieurs fois sauvé des clients qui ont failli se faire avoir", révèle le gérant.

A.D. est une jeune fille issue d”une famille aisée. Rencontrée dans un cybercafé, elle a accepté de nous raconter sa mésaventure sur le «chat». Cette élève a fait la rencontre d’un jeune homme. L’escroc s’est fait passer pour le fils d”un prince d”un pays ami de notre pays. "Il m”a dit qu”il veut me faire venir dans son pays pour m”épouser. Il m’a dit aussi qu”il aimait bien le Mali à travers les bonnes relations avec son pays", confie A.D. qui s’est laissée bernée par le discours mielleux de son interlocuteur. Quand il jugea que la jeune fille s’était suffisamment attachée à leur relation, un jour, il lui demanda de lui envoyer par la Poste sa photo et une somme de 30.000 Fcfa par une agence de transfert d”argent bien connue de la place. "Quand il m”a parlée d”argent, j”ai hésité. Surtout qu’il se disait prince. Ayant compris que la demande m’avait fait tiquer, il m”a assurée qu”il est en mésentente avec sa mère qui l’a privé momentanément des biens de la famille". A.D. regrette amèrement d’avoir envoyé sa photo et la somme 30.000 Fcfa. Depuis, l’escroc a rompu le contact. "J”arrivais à le joindre grâce au contact téléphonique qu’il m’avait donné. Mais depuis qu”il m”a confirmé avoir reçu l”argent, il n”a plus donné signe de vie", raconte A.D. visiblement encore sous le choc de sa mésaventure.

Adama, un menuisier âgé de la trentaine, s”est vu lui aussi soutirer la somme de 30.000 Fcfa par un escroc qui jurait par Dieu qu’il allait l”envoyer aux États Unis pour s”occuper de son magasin de friperie. Lorsque nous l”avons rencontré il nous a expliqué que l’escroc avait sorti le grand art pour le mettre en confiance.

Pour Ousmane Bamba, juriste et expert des technologies de l’information et de la communication (TIC), «le chat» n”est pas une technologie mauvaise en soi. Car elle permet à travers des sites et logiciels appropriés de faire des conférences avec plusieurs personnes ou une communication qui aurait coûté cher par téléphone. Le «chat» permet aussi à des personnes d”un même secteur d”activité de se rencontrer et d”échanger en temps réel. Notre expert distingue deux sortes de sites pour le «chat». Les sites personnalisés qui sont les plus sûrs et les sites publics où sont tapis les escrocs en tout genre. En l’absence d’une législation et d’autres mesures de protection, notre interlocuteur conseille aux internautes d”être vigilants et surtout d”éviter d’être naïfs.

Be COULIBALY
6 Août 2007

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