Fabriquée par une fonderie bamakoise elle permet d’égrener le maïs.
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rnLa "Fonderie Sacko" est installée dans la zone industrielle de Bamako. Elle est située précisément entre la grande mosquée de ce quartier et le marché dans une cour banale.
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rnA quelques pas de la porte d”entrée sans battants, le visiteur est frappé par la présence d”un grand tas de morceaux de ferraille. Les carcasses de voitures et toutes sortes de débris de métaux se disputent les espaces autour d”un grand bâtiment vétuste. Cet édifice sert d”atelier. Il abrite de grands fourneaux de fonte.
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rnLa journée de travail est intense. La dizaine d”ouvriers s”adonnent à un incessant ballet entre les fontes et l”atelier. Nous sommes reçus dans le bruit assourdissant de la fabrique, par le maître des lieux le trapu Kalifa Sacko. Il est vêtu d”un grand boubou bleu. Cet autodidacte selon ses aveux est un véritable génie. Il est doté d”un esprit très inventif.
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rnPour preuve, il vient d”être élu, lauréat du concours d”innovation technologique, organisé cette année par le Centre national de la propriété industrielle (CNPI). Ce prix récompense l”invention d”une égreneuse de maïs. Cette machine est une véritable innovation technologique "Made in Mali". Un exemplaire de cet outil performant trône sur une table dans le bureau exigu que Sacko a aménagé dans un coin de son atelier. "J”ai mis deux ans à réfléchir avant de mettre au point cette machine" confie l”inventeur.
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rnSimple et facile à transporter, l’égreneuse de maïs est entièrement construite en aluminium. Le choix de ce métal se justifie par sa grande disponibilité, explique Kalifa Sacko. L”engin est composé d”un disque muni de dents pour égrener l”épi de maïs. Un entonnoir dimensionné accueille la tige. Et une manivelle sert à actionner le disque. L”ensemble repose sur un support métallique qui en assure l”équilibre.
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rnModernisation de l”agriculture. "L”ingénieur" autodidacte Sacko explique que c”est le désir de soulager nos braves paysans qui l”a motivé à mettre au point l’égreneuse de maïs. En effet jusqu”à aujourd”hui il n”existait aucun moyen mécanique d”égrener aisément les épis de maïs après les récoltes. Il était temps de rompre avec les méthodes traditionnelles du mortier et du pilon. L’égreneuse par un simple geste de manipulation enregistre un meilleur résultat.
rnCet appareil est très performant. Il permet de collecter des graines de maïs propres, entières et de très bonne qualité. Elles ne subissent aucune cassure, affirme Sacko. A l”appui de cette affirmation il exhibe une tasse remplie de graines de maïs normales produites par la décortiqueuse. Le créateur ne compte pas s”arrêter en si bon chemin. Il envisage de doter son produit d”un moteur pour améliorer son oeuvre. "Mais pour ce faire, j”ai besoin d”appui, surtout de la part des pouvoirs publics, déclare Kalifa Sacko.
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rnLe nombre de machines fabriquées par jour dépend du volume de la demande, répond l”artisan. Il faut environ 10 kilogrammes d”aluminium pour mettre au point une égreneuse. La fonderie évalue sa capacité de production journalière à 60 exemplaires. Le prix de vente n”est pas encore déterminé. Sacko va tenir compte tenu du faible pouvoir d”achat des paysans. Il veut étudier le marché avant de se lancer dans une production massive. Cette étude déterminera le prix de vente du produit.
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rnL’égreneuse de maïs n”est pas la première invention de Sacko. En 1984 il a déjà inventé des semoirs et des accessoires de semis. A l”époque, la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT) était sa principale cliente. Il a aussi mis au point une décortiqueuse d”arachide deux ans plus tard. "Mais mon ignorance m”a joué un sale tour" se lamente monsieur Sacko. Car, n”ayant pas breveté ses inventions, d”autres artisans maliens en ont profité. Aujourd”hui, les semoirs et décortiqueuses d”arachide imaginés par Sacko inondent les marchés, sans apporter aucun bénéfice au créateur véritable.
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rnMalgré son génie, le patron de la fonderie Sacko travaille dans des conditions précaires. Il a fabriqué lui-même, les fours de fonte, les outils de maillage et de moulage, confie-t-il. Les matériels rudimentaires ne l”empêchent pas de faire des miracles. Il est capable d”imiter dans sa fonderie les pièces détachées des gros porteurs, des tracteurs, des véhicules légers. Il reçoit de nombreuses commandes des garages de la place. Par ailleurs, Monsieur Sacko s”érige en grand défenseur de l”environnement. Il peut fabriquer en métal (aluminium et bronze) tout objet sculpté en bois. Même les meubles, les trophées, les tableaux ou les monuments, ne résistent à la compétence de l”artisan. Il lutte ainsi contre la déforestation.
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rnLa fonderie Sacko se révèle une grande chance pour notre pays. En effet, l”entreprise offre une panoplie de services de qualité allant de la menuiserie métallique à la fabrication de clés. Il reproduit tous les objets métalliques nécessaires à la mécanique. Elle pourrait alléger considérablement la facture d”importation des pièces et rendre les machines agricoles plus accessibles aux paysans.
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rnC. A. DIA
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