Forum des TIC sur les meilleures pratiques : Que cherche Microsoft en Afrique ?

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Le forum sur les meilleures pratiques dans le domaine des TIC pour le développement a pris fin, le 9 juin 2007. Le forum qui a connu la présence de trois chefs d’État africain a été organisé par la multinationale de l’informatique américaine Microsoft.

Si l’on ne peut pas remettre en cause l’importance d’un tel forum pour les pays en développement, l’on peut, tout de même, s’interroger sur la présence de plus en plus accrue et étendue de Microsoft sur le continent. Que cherche le géant de l’informatique et bien d’autres sociétés travaillant dans les TIC en Afrique ?.

Microsoft prend ses quartiers en Afrique. Depuis un certain nombre d’années, le leader mondial de l’informatique multiplie les interventions et les bonnes actions sur le continent. Pour ces premiers responsables : « Il y a de grandes opportunités en Afrique et je pense qu’il est grand temps pour nous de réaliser beaucoup de choses pour ce continent », a lancé M. AYALA. Ainsi donc, Microsoft veut réaliser de grandes choses pour le continent ? Loin de nous l’idée de vouloir jouer aux oiseaux de mauvais augure, mais nulle part dans ce monde, on a vu une multinationale jouer au bon Samaritain.

Peut-on penser que Bill GATE a pitié des Africains et de leur pauvreté à telle enseigne qu’il veut mettre de côté sa recherche de profit pour nous venir en aide ? Ce n’est pas évident. Mais enfin. Aujourd’hui nous savons que le continent africain reste le seul marché encore inexploité. Ce n’est donc pas pour rien si Microsoft parle « de grandes opportunités ». En vérité, l’Afrique, avec son actuel dénuement technologique que d’aucuns considèrent comme une tare et un retard à combler, constitue un immense marché potentiel pour les producteurs de technologie.

Avec ses 400 millions de consommateurs et ses nombreux pays en (re)construction, elle est une véritable forêt vierge qui étale sa virginité comme une provocation aux yeux des « développeurs du monde ». Les géants des télécommunications tels que Microsoft, AT&T pour les Américains, ainsi que ALCATEL pour les Européens, etc, prennent pied sur le continent. Les conflits mondiaux se déplacent de plus en plus du politique à l’économique et au technologique pour un plus grand contrôle des marchés. Que peut-on contre ce débarquement ?

On le sait, notre continent est largement tributaire de l’aide internationale. Face aux questions sociales, culturelles, économiques et politiques les plus élémentaires à régler, a-t-il les moyens et le temps de penser à se protéger ? Doit-il cautionner un transfert des technologies qui ne sont peut-être pas celles qu’il lui faut ? « Il est temps de passer de l’attention à l’action en ce qui concerne le continent africain… un partenariat est établi avec des États pour la fourniture d’un million d’ordinateurs de seconde main… ». Cette déclaration de M. AYALA lors du forum confirme bien les ambitions de la multinationale américaine.

Les dangers de cette implantation

Derrière l’humanitaire et le philanthropique des centres de recherches et des institutions diverses, se profile un autre danger. L’aide de ces géants censée nous sortir de la pauvreté crée en réalité une dépendance et une habitude qui transforment notre consommation en besoin. Ce qui ouvre, à très moyen terme, le marché africain aux nouveaux produits de la technologie occidentale et transforme ce marché en un terrain de réalisation d’enjeux économiques importants. Les réseaux des nouvelles technologies ouvrent ainsi l’Afrique sur l’extérieur en même temps qu’ils l’ouvrent à toutes les influences.

Les sites commerciaux supplantent les sites d’enseignement et de recherche en un mouvement dont ni les États, ni aucune entreprise ne détiennent le contrôle. Cette absence de régulation engendre des dérives préjudiciables au bien-être social (prostitution, pédophilie, terrorisme, homosexualité et autres idéologies sectaires) et le problème des dérapages reste entier.

Chaque pays pourrait certes se doter de filtres qui permettraient une entrée mesurée et sélective des informations sur les sites nationaux. Mais cela est-il seulement possible à l’heure où, sous le couvert de la démocratie, la liberté d’information, le choix est aussi synonyme de liberté d’accès à l’information ? Le Président du Faso et partant tous ses pairs africains doivent veiller au grain.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion, BURKINA FASO (via lefaso.net)

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