La Deuxième Rencontre de l’Initiative pour le Développement Numérique de l’Espace Universitaire Francophone (IDNEUF2) a vécu dans la capitale malienne ! Selon les participants à IDNEUF2, cette rencontre passera à la postérité comme une étape historique sur le chemin de la transformation digitale de l’enseignement supérieur dans l’espace francophone. D’abord par la volonté du pays hôte, le Mali, dont les plus hautes autorités ont décidé d’accueillir la cérémonie d’ouverture de la rencontre au Palais de Koulouba, le siège de la présidence malienne, le 17 juin 2016 ; ensuite par le lancement, ce jour-là, de son premier méta-portail – www.idneuf.org – qui donne accès à près de 40. 000 ressources numériques de douze pays dont la France, le Canada, le Sénégal, la Tunisie, le Burkina Faso et le Mexique. Dans la Déclaration dite de Bamako qui sanctionne les travaux de l’IDNEUF2, les ministres francophones de l’Enseignement supérieur et leurs partenaires annoncent, sans ambiguïté, l’objectif de leur rencontre qui est « de faire le point sur la mise en œuvre des décisions prises à Paris et d’élargir la réflexion aux différents aspects du développement du numérique universitaire et en particulier aux modalités de financement qu’il nécessite ». Par ces temps, il faut convenir que les Etats ont de nombreuses priorités et c’est seulement la portion congrue qui est réservée au financement d’une telle initiative. Il faut donc se rabattre sur d’autres sources de financement, comme l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dont la Secrétaire Générale, Michaëlle Jean, a effectué le déplacement de Bamako. C’est ainsi que le métaportail présenté à Bamako a été réalisé avec l’aide de l’université de Valenciennes et de l’université du Québec en ligne (TELUQ), avec l’appui d’experts de la francophonie. Le patron de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), Jean-Paul de Gaudemar, ne se trompe guère sur la nature du défi à relever : « Vitrine de la richesse des productions en français, cette initiative est aussi le début d’une nécessaire dynamique numérique entre le Nord et le Sud : il s’agit de relever le défi de la qualité de l’enseignement et de la recherche au Sud ». Dans ces mêmes pays où l’on peine à implanter l’infrastructure numérique de base et où la majeure partie des personnels découvre les outils informatiques, la question des standards revêt une importance capitale. En l’absence de réelle volonté politique des Etats, ces limites objectives risquent de plomber durablement la mutualisation des ressources pédagogiques, fondement de l’Initiative. Les vaines professions de foi ne suffiront plus à démocratiser par exemple les MOOC (Massive Open Online Courses ou Formations en Ligne Ouvertes à Tous) ou à introduire l’utilisation intelligente des Réseaux sociaux dans l’espace universitaire francophone comme c’est le cas maintenant dans de nombreuses universités. Si elle en a les moyens, l’AUF compte aussi développer des idées novatrices comme accélérer ses programmes de « formation de formateurs » et moderniser la gouvernance des universités du Sud, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire. Son patron souhaite développer les activités partenariales entre universités, mais aussi avec les opérateurs privés et grands bailleurs de fonds comme la Banque mondiale. Il faudra compter sur l’ingéniosité des Marocains qui accueillent IDNEUF3 pour faire avancer les dossiers si nombreux en cette matière et surtout venir à bout des conservatismes qui ont la vie dure. A cette condition seulement, l’étape de Bamako, comme nous l’écrivions plus haut, fera date dans l’espace universitaire francophone qui bande ses muscles et ambitionne de rattraper son retard par rapport à l’espace anglophone.
Serge de MERIDIO