Chronique du web : « Les entrepreneurs de la Silicon Valley sont-ils des psychopathes? »

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C’est le titre d’un article très sérieux signé par Myriam Roche et publié dans l’édition du 16 mars 2017 de frenchweb.fr. Il ne faut donc pas en rire, mais plutôt chercher à comprendre pourquoi ceux et celles qui sont aux commandes de l’innovation technologique mondiale n’ont pas tous leurs écrous, vis, joints et autres fusibles aux bons endroits. D’ailleurs, l’histoire de l’Humanité ne regorge-t-elle pas de cas d’illuminés, de marginaux voire d’asociaux qui ont donné un coup d’accélérateur à la science et à la recherche ? Toujours est-il que la Silicon Valley (voir liens en pied) est remplie d’une espèce de managers atypiques mus par deux motivations : l’innovation et le profit. Pour assouvir ces buts, ces managers ne s’encombrent pas de scrupule, pour eux, la fin justifiant largement les moyens. A la mi-mars 2017, rapporte l’auteur de l’article, des experts ont animé une conférence au Texas intitulée «Psychopathes dans la Silicon Valley : le guide». Ces experts ont mis à jour « une pathologie psychopathe » dont souffrent certains entrepreneurs, « une pathologie, souvent vue comme négative, peut s’avérer très avantageuse lorsque vous montez votre propre entreprise ». L’article de notre consoeur cite Michael Woodworth, psychologue judiciaire au Kelowna Professional Group : «les entrepreneurs ont certaines caractéristiques du psychopathe comme la domination, l’audace et le manque d’émotion. Beaucoup de Présidents ayant réussi ont un score élevé [sur l’échelle de la psychopathie]». Cet avis est partagé par Bryan Stolle, investisseur dans la Silicon Valley : «C’est un acte irrationnel de créer une entreprise. Il faut avoir énormément d’ego, d’auto-déception pour entreprendre ce voyage. Les entrepreneurs sont donc très charismatiques et charmant». Ce sont donc des personnalités sans état d’âme qui useraient et abuseraient d’armes fatales : la manipulation et l’intimidation. En effet, Michael Woodworth affirme que les psychopathes seraient de fins manipulateurs. «Les psychopathes choisiront des personnes qu’ils peuvent utiliser comme laquais ou partisans, comme quelqu’un dans les RH qu’ils peuvent avoir sous leurs ailes». Conséquence logique, « quand leurs actions ne se passent pas comme prévues, les entrepreneurs ont tendance à prendre peur et à avoir recours à l’intimidation ». Un autre scientifique, Jeff Hancock de l’Université de Stanford qui étudie la psychopathie, analyse le comportement des entrepreneurs psychopathes sous un autre angle. Ce scientifique a développé des logiciels qui analysent le langage écrit via des mails, des tweets et même des articles de blog. Son étude l’a mené à la conclusion suivante : « les psychopathes ont du mal à s’exprimer correctement par écrit. En revanche, ils sont de très beaux orateurs. Pour donc éviter toute manipulation, le scientifique conseille aux employés de baser leurs relations avec leurs supérieurs par écrit. Nathan Brooks, un psychologue australien spécialisé dans l’expertise judiciaire des profils psychopathiques, lors d’un colloque organisé le 13 septembre dernier par la société australienne de psychologie, va plus loin : « Avant de regarder les compétences d’un manager, les entreprises feraient mieux de se pencher sur leur profil psychologique ». Aidé de ses collègues, le docteur Katarina Fritzon de l’université de Bond University (Australie) et du docteur Simon Croom, de l’université de San Diego (USA), il s’est penché sur l’évaluation des traits psychopathiques de 261 managers œuvrant dans la logistique. Et les conclusions sont éloquentes : 21% des personnes examinées présentaient les caractéristiques des psychopathes, alors que dans l’ensemble de la population le taux est de 1%. Seule la population carcérale affiche une telle concentration. Elles sont si éloquentes qu’on imagine aisément le nombre de vies brisées par ces managers dits de génie pour atteindre leurs objectifs. Et Nathan Brooks de poursuivre : “Typiquement, les psychopathes créent du chaos et ont tendance à liguer les gens les uns contre les autres. Ces personnes affichent en effet un profond mépris d’autrui, ce qui peut les mener à dévaloriser sans cesse leurs collaborateurs ou à s’emporter sans motif. Ils sont aussi dénués de remords et ne font pas grand cas des conséquences de leurs comportements. Ces personnes n’ont aucun scrupule à mentir et ont une moralité douteuse. Le psychopathe peut se livrer à des pratiques commerciales contraires à l’éthique et illégales et avoir un impact toxique sur les autres employés”. En rappel, il faut savoir que la Silicon Valley accueille les sièges sociaux et campus de plus de 6 000 entreprises, parmi lesquelles Microsoft, Google, Apple, Facebook, Adobe Systems, Cisco Systems, Dolby, eBay, Hewlett-Packard (SanDisk, Intel, Adobe Systems…), Intel, Yahoo!, etc.

Serge de MERIDIO

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