La semaine dernière, nous avons entamé notre aventure périlleuse dans ce qu’on pourrait appeler « l’infiniment grand du virtuel ». Depuis le fin fond de son terroir le plus reculé au monde, et à condition d’avoir un terminal connecté, le petit exploitant hindou, malien, papou ; le cireur de chaussures des rues poussiéreuses de Bamako ; le conducteur de « Zémidjan » (mototaxi) de Lalo (Bénin) ou la porteuse de charges du marché de Lomé… peuvent bien, sans paraître du tout prétentieux, indiquer à leurs interlocuteurs qu’ils disposent d’un bureau qui leur permet de garder le contact avec leurs clients et de traiter de bonnes affaires. Les bourses de céréales qui mettent en contact producteurs et acheteurs et toutes les autres formes de e-Commerce, des plus simples aux plus compliquées, en sont l’illustration la plus éloquente. Avec le Cloud (cloud computing), plus besoin de consentir des investissements lourds dans l’acquisition de serveurs, de logiciels et autres bidules toujours plus sophistiqués, budgétivores et qu’il faut constamment mettre à jour. Les fabricants vous tenaient par le bout du doigt et, désespérément, votre budget dédié explosait. Avec le Cloud, finis aussi ces pièges et ces arnaques à la licence et à la sempiternelle mise à jour ! Quelle que soit la modicité de son budget, on trouvera toujours dans le cyberespace un fournisseur qui vous proposera des chaussures de qualité de votre pointure. En somme, des bureaux virtuels et permanemment disponibles (la marge d’indisponibilité serait d’une poignée de minutes par an) qui vous suivent dans vos pérégrinations et dont la fonctionnalité dépend simplement du respect du contrat établi avec le fournisseur et du pré-requis évoqué plus haut (à savoir disposer d’un terminal connecté). Chacun de nous, à notre insu et probablement à notre corps dépendant, est aujourd’hui un entrepreneur du numérique grâce au Cloud computing. Enfin, les plus soigneux d’entre nous sont capables de ressortir les archives de discussions qu’ils ont entretenues avec une charmante personne vivant au Pays des Kangourous il y a deux décennies, de se référer à un dossier qu’ils ont stocké sur un bureau virtuel offert par Yahoo ! Porte-documents, d’aller à la pêche de photos d’archives dans la boîte de dialogue « Envoyé » de sa messagerie ou de consulter, à la vitesse du son, tout document soigneusement rangé dans Dropbox. Et les plus futés comme nous-autres, maniaques d’archives, de preuves, de traçabilité et méfiants comme un Sioux, s’envoient, à eux-mêmes, presque quotidiennement, des tonnes de documents dans plusieurs boîtes email : Yahoo !, Gmail, Hotmail… et bien entendu iCloud. Ainsi, nous disons-nous, nous aurons toujours le loisir de mettre la main sur ces documents… même en cas de Fukushima bis (je touche du bois !). L’adage ne dit-il pas que « chat échaudé craint l’eau froide !». Pour nous rendre la vie ainsi facile, il a bien fallu que, quelque part, quelqu’un ait songé à ouvrir des bureaux géants à louer, dotés de serveurs aux capacités inépuisables pour les besoins des simples humains que nous sommes. Cette idée lumineuse, nous la devons à un géant américain du e-Commerce, Amazon, pour ne pas le nommer, qui a eu, le premier, l’intuition gagnante de louer ses ressources à des entreprises, durant les périodes hors fêtes, et à la demande. Selon les spécialistes du secteur, « Le résultat ne s’est pas fait attendre, puisque les avantages de ce concept sont nombreux pour les entreprises. Elles n’ont pas à se soucier de l’investissement en grosses machines, ou de la gestion de machines et d’hommes, alors que ses services sont effectués dans les normes et au moindre coût ». Bingo ! Et naquit une formule gagnante dont la consécration et l’adoption massive par les entreprises ont un point-repère : 2013. La semaine prochaine, à la manière du conteur africain, nous reprendrons notre voyage dans le Cloud à la dernière halte avec le secret espoir de vous aider à démystifier un concept apparemment savant mais dont vous êtes pourtant devenus des champions.
Serge de MERIDIO