Chronique du web : WhatsApp, une success-story planétaire

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What’s up ? Quoi de neuf ? Comment ça va ?

Chez les locuteurs de la langue de Shakespeare, c’est presque naturel que lorsque l’on se rencontre, l’on se jette à la figure, l’un de l’autre, cette formule banale qui a inspiré deux petits génies, lesquels ont lancé WhatsApp, l’application de messagerie instantanée la plus populaire au monde. Aujourd’hui, si vous n’êtes pas sur WhatsApp, c’est comme si vous vous aviez raté ¾ des épisodes d’une célèbre série télévisée que tout le monde regarde. A la limite si, dans certains milieux, on ne vous considère pas comme un être asocial. C’est vous dire à quel point nous avons succombé aux sirènes de cette technologie d’emploi facile !

Le 12 février dernier, la petite merveille a franchi le cap symbolique de 2 milliards d’utilisateurs à travers le monde, selon un communiqué de sa maison mère Facebook. C’est une performance fulgurante qui se comprend d’autant mieux que, en moins de deux ans, WhatsApp a conquis près de 500 millions de nouveaux utilisateurs dont mon cousin Bina, mon neveu Sory, ma belle-sœur Férima et presque tous mes camarades d’âge du village très tôt déscolarisés, ou qui n’ont pas eu simplement la chance de fréquenter les bancs de l’école. Un smartphone, même le plus basique, et quelques octets de data suffisent à notre bonheur.

Derrière WhatsApp, il y a pourtant toute une histoire : le rêve américain, la galère, l’opportunité à saisir, l’amitié, le goût du risque, la ténacité… et au bout, la fortune. C’est celle de Jan Koum, juif né près de Kiev en 1976, et obligé de quitter son Ukraine natale à 16 ans pour suivre une mère souffrant de cancer en Californie. Commence alors pour lui une vie de galère ; il enchaîne les petits boulots pour survivre et s’occuper de sa mère, étudie sa passion – l’informatique – en achetant des livres d’occasion, rejoint ensuite un groupe de hackers, et, comme tout jeune ambitieux, réussit à s’inscrire à l’université de San José. Pour couronner son parcours, il est accueilli en 1997 chez le géant de l’époque, Yahoo!, dont le service de publicité est dirigé par un certain Brian Acton. Les deux jeunes se lient d’amitié et Jan Koum réussit à communiquer à Brian Acton sa passion obsessionnelle pour les systèmes de sécurité informatiques. En 2007, les deux compères démissionnent de chez Yahoo!, voyagent sur le continent américain et guettent l’opportunité qui permettraient de faire éclore leurs talents. Bingo ! En 2009, Apple lance son App Store et Koum imagine une application qui permettrait aux utilisateurs de communiquer sans que les conversations soient enregistrées. C’est une trouvaille absolument géniale. Plus tard, lui-même confiera : «J’ai grandi dans une société où tout ce que vous disiez était espionné, enregistré, rapporté. Chez WhatsApp, on veut connaître le moins de choses possible. On ne connaît ni votre nom ni votre genre, juste votre numéro de téléphone. Nous ne vendons pas de publicité, nous n’avons pas besoin de vos données…».

C’est le point de départ de l’aventure WhatsApp qui a alterné des phases d’abnégation, d’angoisse et d’euphorie avant de taper dans les yeux des GAFA du numérique (Google, Apple, Facebook et Amazon). WhatsApp s’est même permis de balayer d’un revers de la main une offre d’achat d’Apple, convaincu qu’il avait une marge de croissance qui valait plus que les $10 malheureux milliards qui lui étaient proposés. Et il a eu raison d’attendre puisque Facebook va lui faire un pont d’or à près de $20 milliards.

Tous les spécialistes sont unanimes, l’aventure de WhatsApp est une success-story dont raffolent les américains, que les autres leur envient. « Son succès repose sur sa facilité d’utilisation, une simple connexion internet suffit, et la possibilité de téléphoner, d’envoyer des messages écrits ou vocaux, ainsi que tout autre document sans avoir à passer par un opérateur téléphonique ». A partir de 2014, Facebook a établi un système de cryptage point à point, grâce à l’application TextSecure de Open Whisper System. De cette façon, les clés générées ne sont connues de personne, pas même de WhatsApp.

La petite merveille atteint des cimes de popularité et le groupe Facebook ramasse du pognon à la pelle puisqu’il monétise sa plateforme en misant sur les commerces et les relations clients, plutôt que sur des publicités trop intrusives.

Malheureusement, WhatsApp est victime de son trop grand succès ; il fait régulièrement l’objet d’attaques à caractère criminel. Mais Facebook se fait fort de rappeler l’importance qu’elle accorde à la protection des données de ces utilisateurs. «Alors que nous passons de plus en plus de temps en ligne, la protection de nos conversations est plus importante que jamais». Au mois de mai 2019, la messagerie avait admis avoir été infectée par un logiciel espion donnant accès au contenu des smartphones de ses utilisateurs. Les pirates avaient alors exploité une faille de sécurité en appelant simplement les usagers sur l’application pour y insérer un logiciel malveillant. Ainsi, avaient-ils pu activer le micro et la caméra des appareils Apple ou Android ciblés pour écouter ou visualiser l’environnement des propriétaires à leur insu. Du grand art ! «Aujourd’hui, nous restons aussi déterminés que lorsque nous avons commencé, à aider à connecter le monde en privé et à protéger la communication ».

Forte de ces valeurs, la maison mère de WhatsApp poursuit en justice NSO group, une entreprise israélienne d’espionnage numérique, qui aurait ciblé sur sa plateforme «100 défenseurs des droits humains, journalistes et autres membres de la société civile dans le monde ». Le 29 octobre 2019, Facebook indiquait que NSO group tentait d’épier des militants et des journalistes. En tout, 1.400 appareils ont été concernés dans différents pays dont le royaume de Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Mexique.

Pour sa défense, NSO group, l’entreprise israélienne située au nord de Tel-Aviv, affirmait en mai que sa technologie était «commercialisée par l’intermédiaire de licences à des gouvernements dans le seul objectif de combattre la criminalité et le terrorisme». Simple comme bonjour !

“Loin de cette guéguerre des cerveaux, N’Golo, N’Tji, Soumba et Yoro, à l’instar des deux milliards d’utilisateurs de WhatsApp à travers le monde, s’en donnent à cœur joie, heureux qu’ils sont de profiter d’une technologie qui révolutionne les communications. A vil prix !”

 

Serge de MERIDIO

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