Si ce titre était celui d’un film, la critique l’aurait descendu impitoyablement au motif qu’il était saccadé, long et, plus grave, manquait d’originalité. Heureusement, il n’en est rien ! Ce dont je voudrais vous entretenir cette semaine n’est nullement une fiction ; il s’agit bel et bien d’une réalité dont le monde entier est contemporain. Mieux, c’est d’une success-story dont le pays de l’Oncle Sam raffole dont il est question. Pour de nombreux anonymes sortis d’un trou de rat, cette Amérique a donné corps au « rêve américain ». Cette Amérique leur a offert les grandes universités, les grands groupes de médias, Hollywood, Wall Street, Las Vegas, la NBA, … mais aussi et surtout la Silicon Valley, ce « pôle des industries de pointe
situé dans la partie sud de la Région de la baie de San Francisco en Californie ». Il me tarde de vous parler de Sundar Pichai, ce petit génie venu de son Inde natale qui vient d’être porté à la tête de Google, ce mégagéant de l’Internet connu dans le monde entier pour son célébrissime moteur de recherche du même nom. Pour la petite histoire, Google est une entreprise fondée le 4 septembre 1998 dans un garage dans la Silicon Valley, en Californie, par Larry Page et Sergueï Brin (Voir le lien ci-dessous). La réorganisation annoncée par Larry Page le 10 août dernier consacre la création d’une nouvelle entité, Alphabet, et la concentration de toutes les activités Internet et informatiques entre les mains de la filiale Google dirigée désormais par Sundar Pichai, 43 ans, originaire d’Inde, un pays au contraste saisissant où les très riches côtoient les très pauvres, et où les universités forment les meilleurs ingénieurs au monde dans les secteurs des nouvelles technologies. Sundar Pichai est de cette graine. Issu d’une famille modeste de Chennai, ville du Sud l’Inde, Sundar Pichai a étudié à l’Institut Indien de Technologies (ITT) Karagpur, dans le Bengale occidental, avant de s’envoler pour les Etats-Unis. Il y poursuivra ses études à l’Université de Stanford, « terreau de génies des technologies », selon BBC. Brillantes études, prestigieux diplômes en poche, c’est tout naturellement que l’Amérique adopte ce génie qui n’a aucune difficulté à arriver chez Google en 2004. L’ascension fulgurante de Sundar Pichai ne doit rien, absolument rien, au hasard. Outre l’éducation familiale rigoureuse dont il a bénéficié, le jeune Sundar Pichai s’est construit à la force de son poignet. A l’image des centaines de milliers d’étudiants indiens attirés par l’ingénierie, il a du subir des examens très difficiles pour essayer d’obtenir une place aux ITT indiens financés avec des fonds publics. Lui et sa famille ont aussi du consentir de lourds sacrifices pour faire un pari gagnant sur l’avenir. En effet, le billet d’avion qui a permis au jeune boursier de se rendre aux Etats-Unis d’Amérique coûtait le salaire annuel de son père. Le nouveau patron de Google est un modèle pour la jeunesse du monde entier et, particulièrement, pour celle des pays en développement. En effet, l’Inde appartient toujours à la catégorie des pays dits émergents. Mais ce pays a misé et continue de miser sur l’avenir en s’investissant durablement dans l’éducation de qualité, en orientant massivement ses jeunes vers les filières technologiques et en créant des passerelles entre les entreprises et les universités. Le pays compte de nombreux milliardaires en dollar et les success-story à l’indienne font rêver nombre de jeunes qui ont à cœur, eux-aussi, de saisir leur chance. Il existe un prestigieux club de patrons originaires d’Inde auquel voudraient s’affilier tous ces jeunes génies en herbe qui font la fierté de l‘Inde et de ses universités. Les plus connus de ces patrons, selon Wikipédia, sont Satya Nadella, directeur général de Microsoft, Rajeev Suri, patron de Nokia. D’autres Indiens sont répertoriés à des postes de direction à l’étranger, parmi lesquels Indra Nooyi chez Pepsico et Ajay Banga chez MasterCard. La promotion de Sundar Pichai est une ode à la méritocratie et à l’excellence qui devraient être les seules valeurs à inculquer à la jeunesse. L’Inde, ce pays-continent, est une puissance nucléaire, une puissance spatiale, une puissance économique qui voudrait accéder au rang de puissance politique en obtenant un poste de membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le continent africain devrait regarder davantage du côté de cette puissance qui monte, monte et monte. Loin derrière nous ces clichés qui faisaient de Calcutta, Mumbai et Bombay, grandes villes indiennes, les capitales mondiales de la pauvreté. Et Bollywood peut se permettre d’écrire encore des scénarios de rêve dans lesquels les enfants du peuple gravissent tous les échelons du succès, de la gloire et de la richesse. Décidément, cette Inde qui fut le théâtre de “Slumdog Millionaire”, le film aux huit Oscars de Danny Boyle, ne finira pas de nous étonner.
Serge De Meridio