AGETIC: 7 milliards pour dormir ?

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S’il est un service public qui a déçu les bailleurs de fonds, c’est bien l’Agence pour les technologies de l’information et de la communication (AGETIC). Placée sous la férule du ministère de la Communication, cette agence a pour but d’informatiser l’ensemble des services étatiques afin de les mettre au diapason de l’activité moderne. Créée en 2005, l’AGETIC est financée par l’Union européenne, l’Us-AID et l’Etat.

Les premiers couacs ont eu lieu quand il s’est agi de créer une interconnexion informatique entre les Directions administratives et financières puis entre toutes les communes du Mali. Ces opérations ont connu beaucoup d’insuffisances car le réseau ne cessait de s’interrompre. Des techniciens étaient toujours dépêchés çà et là pour réparer les incessantes pannes. Certains ont même incriminé les appareils informatiques mis en service dont beaucoup seraient des machines d’occasion achetées à Dubaï au lieu de machines neuves.

Plus grave, l’AGETIC n’a pu réaliser l’interconnexion prévue à l’Université de Bamako et au niveau des services de police. De plus, un système de vidéo-conférence avait été voulu par le gouvernement: il s’agissait de faire en sorte que par vidéo, le Premier ministre et les ministres puissent communiquer en direct avec les gouverneurs et les préfets pour s’enquérir en temps réel de ce qui se passe à l’intérieur du pays. Le lancement de cette vidéo-conférence a été, hélas, un échec retentissant. En effet, une invitation avait été lancée aux ambassadeurs et aux bailleurs de fonds de l’AGETIC pour venir assister, dans les locaux mêmes de l’Agence, à la première vidéo-conférence. Alors que tout ce beau et prestigieux monde  attendait que, sur le petit écran des ordinateurs, la tête du Premier sorte pour expliquer des thèmes cruciaux, le réseau s’est planté. Pas d’images! Pas de sons! La bérézina totale!

 

Cet échec inacceptable, qui venait s’ajouter à celui de l’interconnexion des services de police promise par la ministre de la Communication, a provoqué le limogeage de M.Sidaly Moulaye Haidara, directeur  général de l’AGETIC. Ce limogeage se justifiait car les échecs répétés de l’AGETIC vidaient de tout contenu l’ambition affichée par le Premier ministre de "moderniser  l’administration, notamment à travers l’informatisation des services" et la volonté de la Ministre de la Communication d’appuyer la lutte contre la criminalité en mettant tous les commissariats en interconnexion. 

 

Le comble, c’est que depuis le départ de M. Haidara, l’AGETIC vit en léthargie. Le personnel de 112 éléments est totalement démobilisé par l’absence de directeur. Le directeur intérimaire, Hady Diallo, craignant d’être mêlé au bilan laissé par son prédécesseur, se refuse à engager la moindre dépense, si bien que les pénuries de matériel de travail sont devenues monnaie courante. La peur panique de l’intérimaire de signer des chèques se comprend car l’agence a déjà reçu des visites du Contrôle des services publics et  du Vérificateur général.

La rumeur court que l’AGETIC va se voir bientôt placer sous la tutelle directe de la Primature puisque le rattachement de l’agence au ministère de la Communication n’a pas produit les résultats escomptés. En attendant,  "le personnel de l’AGETIC reste démoralisé; même les salaires ne sont pas à hauteur de souhait alors que l’agence dispose d’un budget annuel de 7 milliards.", nous confie un agent qui ajoute que tous les travailleurs passent la journée à se rouler les pouces comme des miniers devant un sous-sol vide.

Alors, 7 milliards pour dormir ?

 

Par H. Koné


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