Je dois avouer, de prime abord, que parler du président Habib Sissoko n’est pas chose aisée, mais je vais me prêter à cet exercice non sans risques d’omissions tant sa personnalité est exceptionnelle. Je l’ai connu en 2006 quand j’étais vice-président de la Fédération malienne du jeu de dame. Deux marqueurs apparaissent en l’homme : le don de soi et la générosité. Au cours de la visite officielle que le président Amadou Toumani Touré (paix à son âme) a effectuée dans la Principauté de Monaco, les 30 octobre et 1er novembre 2011, nous étions, tous les deux, membres de la délégation qui accompagnait le président ATT. J’ai découvert un homme discret et courtois qui jouissait de l’estime de tous, notamment du président ATT et du Prince Albert II de Monaco avec qui il partage l’esprit olympique au sein du Comité international olympique (CIO).
Les mots seuls ne suffisent pas pour appréhender à sa juste valeur cet esprit olympique. Son parcours sportif en dit long sur son immense talent d’affirmation de soi, de battant et de combattant, de manageur et de meneur d’hommes.
Comme judoka, Habib Sissoko a été champion du Mali junior en 1977, champion des moins de 60 kg de 1977 à 1980, champion du Mali des moins de 73 kg en 1984. Il a obtenu la ceinture noire 1er dan en 1981, 2e dan en 1984, 3e dan en 1986 puis 4e dan en 1993. Habib a remporté la compétition internationale inter-Etat Mali/Niger en 1980 et a pris part, comme combattant, aux Jeux olympiques de Moscou (URSS) en 1980, aux Jeux africains de Nairobi (Kenya) en 1987 et au Caire (Egypte) en 1991 en tant qu’entraineur. Il a été entraineur de judo au Dojo du Fleuve de 1982 à 1987 puis au Dojo du Camp para de 1985 à 1991. Habib a également été directeur technique national de la Fédération malienne de judo de 1990 à 1992.
Comme dirigeant sportif, Habib Sissoko a été tout d’abord président de la Fédération malienne de judo pendant une dizaine d’années, de 1997 à 2006, période pendant laquelle il fit son entrée dans le bureau du Cnosm comme trésorier général adjoint de 1998 à 1999 puis comme trésorier général de 1999 à 2000.
Les résultats appréciables obtenus par le judo malien et la rigueur dans la gestion dont il a fait preuve lui ont valu d’être porté à la tête du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) le 2 janvier 2000 pour un mandat de quatre (4) ans. Il est bon de rappeler ici et maintenant que Habib Sissoko a été plébiscité à la tête du Cnosm.
Pendant son 1er mandat, Habib a montré à la face de tous, le sens de l’esprit olympique. Il a été à l’écoute de toutes les fédérations sportives pour trouver des solutions aux problèmes auxquels elles étaient confrontées, souvent au prix d’un investissement financier personnel. Même ses détracteurs sont arrivés à la conclusion qu’ils s’étaient trompés sur la personnalité de l’homme. C’est pourquoi, sans difficulté et à l’unanimité des fédérations sportives nationales, Habib a été reconduit à la présidence du Cnosm successivement en 2004, en 2008, en 2012, en 2016 et en 2020.
La notoriété du président Habib s’est répandue, comme une boule de neige, au-delà de nos frontières, en Afrique et dans le reste du monde. C’est ainsi que l’Association des comités nationaux olympiques de la Zone II de l’Afrique (Acnoa Z II) a fait appel à ses services, d’abord comme vice-président de 2001 à 2009, puis comme président en 2013.
De son côté, l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa) l’a porté comme membre de la Commission jeux et développement, de 2001 à 2005 puis comme membre du comité exécutif à partir de 2013.
L’Union africaine de judo lui confia sa vice-présidence en 2004 avant de l’élire comme président de 2016 à 2022. En 2008, il a été élu directeur de développement à la Fédération internationale de judo (FIJ), puis vice-président de la même organisation.
Son charisme et la confiance dont il jouit auprès de ses pairs lui ont permis d’organiser à Bamako le 28e séminaire des secrétaires généraux des Comité nationaux olympiques (CNO) d’Afrique, en novembre 2011, qui a battu le record de participation avec la présence de tous les pays membres à l’exception de la Somalie ; la 6e Convention internationale du sport en Afrique “Cisa 2012” ; l’Assemblée générale ordinaire de la Zone II de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa), en février 2019, ainsi que la 5e session des Académies nationales olympiques d’Afrique et l’Assemblée évaluatrice des Académies nationales olympiques d’Afrique (AANOA), en mars 2020.
Les résultats obtenus par Habib au Mali, en Afrique et dans le reste du monde, ainsi que ses qualités humaines lui ont valu plusieurs distinctions, notamment la médaille d’Officier du Mérite du Sénégal en 2000, la médaille de chevalier de l’Ordre national du Mali, en 2009, la médaille du Mérite de l’Acnoa à Acapulco (Mexique), en 2010, la distinction de Citoyen d’honneur de la Ville de Saint-Louis au Sénégal, en 2013, la médaille de l’Ordre du Mérite olympique algérien, en 2013, le grade d’officier de l’Ordre national du Mali en 2016, commandeur de l’Ordre du Mérite du Comité international du sport militaire (CISM) en 2019 et le grade de commandeur de l’Ordre national du Mali en 2022.
En 2020, après cinq (5) mandats à la tête du Cnosm, le président Habib avait annoncé son retrait de la présidence. Mais c’était sans compter avec les fédérations sportives nationales qui l’ont contraint à repousser son départ en lui accordant un sixième mandat pour la période 2020-2024.
Suite à son départ de la tête de l’Union africaine de judo, il a été élu président d’honneur de ladite instance. Il est élevé au grade de 7e dan le 5 septembre par la Fédération internationale et l’Union africaine de judo.
L’essence d’Habib, c’est l’esprit olympique dans l’ADN. Un homme qui consacre ses compétences, son expérience, son expertise et ses moyens pour servir son prochain. Un homme au service de toutes les fédérations sportives sans distinction aucune.
C’est en reconnaissance de ce dévouement pour l’altérité que le président Habib a été élu président d’honneur de plusieurs Fédérations sportives nationales, notamment les fédérations de judo, de handball et de taekwondo.
Quand j’ai été élu président de la Fédération malienne des échecs (Femade), le 12 mars 2023, bien qu’en déplacement hors du territoire national, Habib m’a fait parvenir un message de félicitations. A son retour, il a tenu à rencontrer mon bureau, le 23 mars 2023 au siège du Cnosm, pour non seulement nous renouveler ses vives félicitations mais aussi pour nous prodiguer de sages conseils en vue de faire prévaloir l’esprit olympique au sein de la famille des échecs et dans nos comportements de tous les jours.
Il est aussi de ses habitudes de m’appeler pour prendre de mes nouvelles et s’enquérir de la bonne marche de nos activités. J’ai appris auprès d’autres fédérations qu’il fait le même exercice souvent.
Au cours des rencontres trimestrielles informelles avec les fédérations sportives pour débattre des problèmes des unes et des autres et trouver ensemble des solutions consensuelles, le président Habib Sissoko ne cesse de rappeler l’importance de la fraternité qui doit prévaloir au sein du monde sportif. Pour lui, le sport doit unir les athlètes et les dirigeants et non créer des dissensions entre eux, conformément à l’esprit olympique.
Il rappelle aussi inlassablement la nécessité d’une bonne entente et d’une bonne collaboration entre les fédérations sportives et le département de tutelle, à savoir le ministère chargé des Sports qui a en charge la conduite de la politique nationale en matière de sport pour laquelle les différentes fédérations concourent à la mise en œuvre.
Pour conclure mon propos, je dirai que la longévité du président Habib Sissoko s’explique surtout par ses performances à travers un bilan élogieux. Sous son leadership, le Cnosm a changé de visage, avec plus de visibilité, de transparence dans la gestion. La gouvernance s’est nettement améliorée et les performances sportives ont été remarquables. C’est sous le leadership du président Habib Sissoko que le Cnosm a reçu le statut d’utilité publique en avril 2009, ce qui lui fait bénéficier un accompagnement financier de l’Etat réparti entre les différentes fédérations sportives nationales.
A travers le parcours du président Habib Sissoko, véritable icône du sport, repère pour les générations présentes et futures, nous pouvons tirer trois leçons de vie, à savoir :
– “les qualités pour gagner sont plus importantes que les parties gagnées” ;
– “pour être champion, il faut croire en soi quand personne ne croit en vous” ;
– “le haut niveau, un monde de rêveurs mais des gens qui vivent leur rêve”.
Bamako, le 1er octobre 2023
Président de la Fédération
Malienne des Echecs (Femade)
Officier de l’Ordre national du Mali