Alors que l’équipe du Cameroun s’entraîne, Samuel Eto’o est assis sur un canapé, dans un salon de son hôtel à Lisses, en région parisienne, ce 9 octobre 2013. Capuche sur la tête, l’attaquant des Lions indomptables envoie promener les journalistes camerounais qui se sont approchés de lui pour parler de son arrivée en stage. « Pas de photo », lance-t-il à l’un d’entre eux. Quelques instants plus tôt, un journaliste français a félicité le joueur de Chelsea pour avoir renoncé à sa retraite internationale. « Mais je n’ai jamais dit que j’arrêtais », lui a rétorqué Eto’o. Ce dernier se montrera enfin, dans la soirée, à ses supporters et partenaires.
Officiellement, le retour de Samuel Eto’o ne provoque aucun souci au sein de la tanière, à quatre jours du match aller en Tunisie, en barrages pour la Coupe du monde 2014. Avant l’entraînement, Volker Finke, le sélectionneur des Lions, a tout de même délivré ce message aux joueurs, rassemblés en cercle : on ne se focalise pas sur le cas Eto’o, on se concentre sur la préparation du match.
Ce qui n’a pas empêché l’entraîneur allemand de s’exprimer ensuite sur le vrai-faux départ annoncé par le joueur, après une victoire face à la Libye, le 8 septembre dernier. « Samuel est venu. La porte est toujours ouverte. C’est une bonne décision qu’il joue, qu’il veuille continuer, qu’il veuille aider. J’espère qu’on pourra faire une séance d’entraînement avec lui, demain (le 10 octobre). » Le milieu de terrain Alexandre Song, qui a eu des mots avec Samuel Eto’o, dribble intelligemment les questions sur le sujet : « Il a ses raisons. Nous, on est là pour travailler. On est concentrés. On a un match important. En ce qui concerne cette situation, la décision (de revenir) lui revenait. Le plus important, c’est qu’il nous rejoigne pour franchir ces barrages. »
Alexandre Song : « On a appris de nos erreurs »
Depuis quatre ans, les Lions indomptables semblent avoir connu trop de problèmes pour se laisser perturber par cette nouvelle affaire. Ils ont appris de leur Coupe du monde 2010 ratée et de leurs non-qualifications pour les CAN 2012 et 2013, assure Nicolas Nkoulou. « Il y a maintenant une acceptation du partenaire qu’on n’avait peut-être pas forcément par le passé, explique le défenseur. Le fait de s’unir, de tous penser à la même chose, nous permet désormais de prendre conscience des événements. Les années passées, on n’était plus jeunes et on ne savait pas vraiment ce que représentait des Coupes d’Afrique et des Coupes du monde. Le fait d’avoir mûri et d’avoir eu des grands frères à nos côtés, ça permet de se rendre compte de l’importance des matches à venir ».
Alexandre Song fait également preuve d’humilité avant de défier la Tunisie : « On a à cœur de se racheter par rapport à notre public. Même pendant les moments difficiles, ils ont tout le temps été derrière nous. On a appris de nos erreurs. On est face à notre destin. On va là-bas pour nos supporters mais aussi pour nous. Ce sera beau de pouvoir dire qu’on a participé à une Coupe du monde. »
Les deux joueurs et leur entraîneur s’attendent, quoiqu’il arrive, à une rencontre difficile à Rades, avant le match retour, prévu le 17 novembre à Yaoundé. « On connaît la Tunisie, ses difficultés, ses forces, ses faiblesses, ses joueurs, explique Volker Finke. On a été un peu surprisque (Oussama) Darragi et (Youssef) Msakni n’aient pas été convoqués. On va donner des informations à chaque joueur par rapport à la tactique à adopter. C’est très important parce que la Tunisie est située dix ou douze places (quinze, Ndlr) plus haut que nous au classement FIFA. On n’est pas les favoris. Une victoire commence toujours par un grand respect de l’adversaire ». Le bilan du Cameroun face à la Tunisie, selon les données de la FIFA, est de 8 victoires, 4 nuls et 2 défaites.
Par David Kalfa / rfi.fr