«La réalité de ce pays, ce n’est pas facile. Il y a tellement de coups bas qui nous empêchent d’évoluer». Ces mots de l’ancien international malien de football, Traoré Dramane alias Faras, en disent long. En effet, au Mali, ce ne sont pas des talents ou des génies créateurs qui manquent, mais c’est bien une véritable politique de nos plus hautes autorités pour les mettre en valeur et les promouvoir.
Le cas le plus émouvant est celui Faras. Né le 4 mai 1957 à Conakry (Guinée française) et comptable de son état, il a fait et continue de faire ses preuves dans le domaine sportif. Après une riche carrière de football au sein des équipes du Stade malien de Sikasso, du Stade malien de Bamako, il prendra la route de la Côte d’Ivoire pour y évoluer avec le Stade d’Abidjan, avant de revenir au bercail pour jouer avec le Mali en équipe nationale senior. Après sa carrière footballistique, il décida d’embrasser celle d’entraîneur de plusieurs clubs du Mali. L’on citera entre autre, l’ASB junior (2009-2010), l’ASB (1ère division) 2008-2009/1999-2000, l’ASB (2è division) 1998-1999, l’Union Sportive de Faladié (USF) 1997-1998, l’Avenir de Ségou (2è division) 1992-1993, Fondateur de « Kadi Star ». Ce consultant sportif et instructeur de la CAF et de la Fifa, a décidé de nos jours de se consacrer à son Centre d’animation et de formation de football, «Kadi Star». Créé le 22 septembre 2005 à Bamako, ce centre se trouve à Banankabougou (terrain cosmos) face au Lycée Ibrahima Ly. Ce centre accueille aujourd’hui les catégories minimes, pupilles, poussins et débutants. Chaque catégorie comprend 110 enfants avec au moins 10 meilleurs par catégorie qui sont suivis de très près.
Une formation adéquate avec des matériels modernes
Il faut se rendre au centre Kadi-Star pour se rendre compte qu’il est une référence au Mali. Le programme des cours est conçu de façon flexible et les thèmes choisis par les encadreurs sont basés sur ceux élaborés par la FIFA. Quant aux entraîneurs, ils travaillent avec le nouveau manuel d’enseignement (Fifa-Coaching) et avec des matériels sportifs SINKAD qui sont une invention personnelle de Faras, mais reconnus sur le continent, voire sur le plan mondial. Dans ce centre, la formation est basée sur plusieurs techniques, notamment sur la maîtrise des mouvements, une bonne coordination favorisant la confiance des joueurs. Ce qui influence positivement le développement de leur personnalité. Pour Faras, le football doit s’étendre à l’éducation des jeunes et devenir une école. «Le sport à la base est un complément à l’éducation complète de l’enfant», explique-t-il. Et il croit fermement que «construire un même empire sportif» est bien possible.
Faras, un inventeur de classe exceptionnelle
Chercheur, inventeur et innovateur dans le domaine sportif. Tous ces qualificatifs collent bien à Traoré Dramane Faras. En effet, soucieux de la pratique du sport, il a entrepris des recherches personnelles qui lui ont permis d’aboutir à des inventions et à faire des innovations dans le domaine du sport. Il est le premier inventeur africain de matériels sportifs agréés sur le plan international dont entre autres, les buts démontables et accessoires, cerceaux simples, haies simples, cerceaux en cordons grand F, cerceaux en cordons P-F, piquets simples, piquets multiformes, plots numériques, lattes haie en séries, plateaux, tapis sportifs, médecine-ball, tra-sinkad, cordes, haies en cerceaux, buts mobiles, petits murs, filets de ballon, filets SINKAD uniques (40 cerceaux), filets SINKAD centristes (10 cerceaux), barres de fixation, tables foot-SINKAD, petits buts démontables, barres de pendel…Certains de ces matériels sportifs ont été présentés par Faras lors du Salon des inventeurs de Bamako.
De grandes ambitions et des sacrifices à faire
«J’ai voulu percer en tant qu’entraîneur, mais j’ai découvert que ce métier n’est pas payant. Je me suis dit alors qu’avec mes matériels, je peux bien me consacrer à la formation des jeunes qui pourront mieux servir mon pays», nous révèle Faras. Ce père-fondateur de l’ASB a une seule ambition aujourd’hui. «L’année prochaine, il y a des jeunes qui seront des cadets et qui sont bons. Je pense mettre en place un club pour disputer le championnat national des cadets et des minimes», précise-t-il. Déjà, les efforts de cet homme commencent à porter fruit, puisque 5 de ces éléments sont présélectionnés pour figurer en équipe nationale minime du Mali et 4 en équipe nationale pupille. «Je crois en ce que je fais. Mais, étant donné que je n’ai pas de soutien, je sais que je vais souffrir pour 5 ou 6 ans, avant que de bons résultats ne soient là. Tout ce que je demande, c’est une assistance financière et une implication politique de nos autorités», déclare Faras.
Négligence des talents maliens
Avec cet esprit inventif et créatif de Faras, l’on croyait que l’Etat malien allait saisir cette aubaine pour équiper nos différents clubs en matériels sportifs ultramodernes. Mais, loin s’en faut. «J’ai fait toutes les démarches auprès des autorités sportives, notamment auprès du ministère de la jeunesse et des sports, de la fédération malienne de football et de certains grands clubs de la capitale, mais à chaque fois mes propositions et mes pro formats sont classés dans les tiroirs. Le président de la République a même envoyé certains cadres de ce pays pour s’enquérir de ce que je fais, mais je n’ai eu aucune suite. Et pourtant, ils savent la qualité de mes œuvres», avoue Faras. Comment comprendre qu’on puisse célébrer le Cinquantenaire du Mali dans du boucan en oubliant des talents et la promotion des chercheurs et inventeurs de ce pays ? Comment peut-on prétendre promouvoir le sport à la base en négligeant ceux qui ont fait la fierté de ce pays et qui veulent bien apporter leur expertise en la matière ? Ce sont là les grandes questions que nous nous posons. Autant dire que nos plus hautes autorités doivent revoir leur copie en matière de développement du sport à la base.
Bruno Loma et Hadama B. Fofana