Le tournoi a montré les limites du groupe de Mory Goïta. Le technicien se doit de revoir sa copie avant le coup d’envoi du CHAN.
Le sélectionneur des Aigles « B », Mory Goïta avait fait de cette coupe UEMOA un objectif. La veille de son départ de Bamako, le technicien avait notamment déclaré que la meilleure façon de préparer le CHAN était de faire un bon parcours au Niger. En clair, pour Mory Goïta, le tournoi de l’UEMOA était la première étape de la préparation de la sélection nationale pour le prochain CHAN et le keeper-capitaine Soumbeyla Diakité et ses coéquipiers se devaient de rassurer les supporters en effectuant un parcours honorable à Niamey.
Mory Goïta devra malheureusement élaborer une nouvelle feuille de route pour la préparation de ses joueurs, le tournoi UEMOA ayant tourné au fiasco avec l’élimination des Aigles « B » après seulement deux journées de compétition. En concédant le nul 1-1, mercredi face au Sénégal, la sélection nationale a dit adieu à la quatrième édition du tournoi UEMOA et ne peut prétendre à la qualification quel que soit le résultat de son dernier match de poule contre le Bénin.
Avec seulement un point au compteur (le Mali avait battu 2-0 en ouverture par la Côte d’Ivoire), les nôtres ne peuvent plus refaire leur retard sur les Écureuils béninois qui, après leur victoire de la journée inaugurale contre le Sénégal (1-0), ont récidivé face à la Côte d’Ivoire largement battue 3-1. Cette remarque vaut aussi pour le Sénégal (une unité également) et la Côte d’Ivoire (3 points) qui ne peuvent plus prétendre à la qualification. C’est dire que cette année, il y aura un nouveau vainqueur pour le tournoi UEMOA, la Côte d’Ivoire (double vainqueur en 2007 et 2008) et le tenant du titre, le Sénégal (2009) étant d’ores et déjà out. Qui aurait imaginé une telle hécatombe, c’est-à-dire l’élimination des trois grands favoris, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal après seulement deux journées de compétition ?
Disons-le sans ambages, avant le coup d’envoi de la compétition, il était difficile, voire impossible de parier sur les Écureuils dans un groupe composé du Mali, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Mais la réalité du terrain a parlé, c’est bien le Bénin qui termine premier de la poule et qui jouera la finale, dimanche au stade Seyni Kountché. C’est la première fois que la sélection béninoise se hisse à ce niveau de compétition et cette quatrième édition permettra forcément à un nouveau pays d’inscrire son nom au palmarès du tournoi après la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Le mérite en revient surtout aux Écureuils qui ont écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du football béninois en battant le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Pour les Aigles « B » en revanche, les années se suivent et se ressemblent et l’on est désormais en droit de se demander si notre pays parviendra un jour à mettre un terme à une série qui n’a que trop duré. Car s’il est vrai que la sélection nationale pouvait évoquer des circonstances atténuantes pour les trois dernières éditions (bourde du keeper Soumbeyla Diakité en 2007, défaite aux tirs au but contre la Côte d’Ivoire en finale en 2008 et l’absence des joueurs du Stade malien retenus par leur équipe pour la coupe de la Confédération l’année dernière), rien ne pourrait justifier l’échec de cette année si ce n’est le manque d’ambition des joueurs et les erreurs de management du duo Mory Goïta-Fanyeri Diarra.
Certes, la sélection nationale a également souffert du manque de fraîcheur physique de certains joueurs, mais plus que ce facteur, c’est surtout le déficit technique et le manque d’ambition des joueurs qui expliquent cette nouvelle désillusion. Aussi bien contre la Côte d’Ivoire lors de la journée inaugurale que face au Sénégal mercredi, les Aigles « B » n‘ont jamais réussi à donner du rythme à la rencontre, à fortiori imposer leur football. Fébrile en défense, presque inexistant au milieu de terrain et manquant de punch devant à l’image de Cheick Fantamady Diarra, le team de Mory Goïta est complètement passé à côté du sujet et son élimination prématuré n’a rien d’un incident de parcours.
Au contraire, c’est la qualification de Soumbeyla Diakité et ses coéquipiers qui aurait été surprenante pour ne pas dire injuste, eu égard au football développé par les Béninois. Dès lors, il faut oublier le tournoi UEMOA pour commencer déjà à préparer le CHAN qui se déroulera en février au Soudan. Mory Goïta connaît désormais les limites de son groupe et a dû mesurer le fossé qui sépare les Aigles « B » du haut niveau. En clair, l’alerte est donnée et le technicien se doit de revoir sa copie avant le coup d’envoi du CHAN.
vendredi 12 novembre 2010, par Souleymane Bobo Tounkara