Suspension des courses de chevaux par le ministre PPR : Les fédérations irritées par l’acharnement sur la Fédération Malienne d’Hippisme

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Le 27 mai dernier, le ministre de la Jeunesse et des Sports a pris la décision maladroite de suspendre les courses hippiques sur l’ensemble du territoire national. Une mesure inspirée par le directeur national des Sports et de l’éducation physique, Djibril Guèye, qui s’est fait le défenseur d’un groupe d’anciens responsables exclus des instances de l’ hippisme, en application des dispositions du Règlement intérieur de la Fédération malienne d’Hippisme (FMH) réunie en assemblée générale. Dès lors, cette immixtion intempestive du Département dans les affaires intérieures d’une fédération irrite le monde du sport et les concertations en cours risquent de troubler, dans les jours à venir, le sommeil du ministre PPR.  

Quelle mouche a donc piqué le ministère de la jeunesse et des Sports pour en arriver à cette mesure extrême contre une fédération sportive qui est en train de dérouler normalement ses compétitions ? Le prétexte tout trouvé est d’empêcher des troubles. Mais de quels troubles parle-t-on ?

Il se trouve que les quatre exclus des activités de la FMH sont en train d’animer une association de propriétaires de chevaux. Ce qui relève de leur droit. Mais là où le bât blesse, c’est lorsque cette association veut organiser des compétitions parallèles à celles de la Fédération, comme ses membres l’avaient programmé le dimanche 29 mai dernier à Ségou. En plus, la course devait se courir sur les installations de la FMH, sans autorisation préalable de celle-ci. Raison pour laquelle la Fédération s’y est opposée. C’est ce fait insignifiant qui a été présenté au ministre comme une menace sur les courses hippiques, pour l’amener à prononcer la mesure de suspension du 27 mai, sans égard pour les milliers de jeunes passionnés de courses hippiques à travers le Mali et qui se trouvent privés de leur sport favori depuis deux semaines, sans souci pour les nombreux propriétaires de chevaux, entraîneurs, jockeys et palefreniers désormais privés d’une importante source de revenus, c’est-à-dire les gains générés par les courses hippiques. Sans compter que les écuries, par cet arrêt brutal des compétitions, voient leurs espoirs ruinés, après le long et pénible travail de préparation des chevaux. Que dire aussi des engagements de la FMH vis-à-vis des sponsors et partenaires qu’elle a eu tant de mal à convaincre d’investir dans ce secteur ?

Pourtant, c’est le directeur des Sports qui devait faciliter l’épanouissement des fédérations sportives, mais s’il le fait réellement, ce n’est pas avec la FMH sur laquelle il est braqué depuis un certain temps, en s’impliquant trop dans les affaires intérieures de ladite fédération, notamment à travers le conflit qui a abouti à l’exclusion de quatre personnes qu’il veut faire réintégrer.

La preuve en est que, même dans le projet de protocole d’accord soumis  aux membres de la FMH et dont nous détenons une copie, le premier point demande la réintégration des exclus par mesure disciplinaire et c’est seulement après que la reprise des compétitions arrive au second point.

Remarquons, au passage, que pour les besoins de ce protocole d’accord, les membres de la FMH ont été convoqués par le ministre dans la nuit de jeudi à vendredi de la semaine dernière, à 20 heures, et reçus seulement à 21 heures.

Une heure beaucoup plus adaptée aux réunions politiques. De toute façon, le chantage est très clair : il faut lever les sanctions de ceux qui sont visiblement bien protégés du côté de la Direction nationale des Sports, si l’on veut que les compétitions reprennent. Mais on a certes omis de rappeler au ministre qu’une mesure pareille, prise en Assemblée générale de la Fédération en présence des délégués de toutes les ligues, ne peut disparaître par le bon vouloir de quelques personnes, fussent-elles le président et le secrétaire général de ladite Fédération.  La décision du ministre consistant à suspendre les compétitions est d’autant plus incompréhensible qu’aucun trouble à l’ordre public, ni aucune violence n’a jamais été constaté  depuis le début de la saison hippique, sur l’ensemble des champs hippiques.

Par contre, l’avant-veille de cette décision, plus précisément le mercredi 25 mai, des supporters d’un club prestigieux de Bamako ont saccagé une tribune.

La suspension n’a pas été prononcée, mais la fédération concernée a été appelée à prendre sa responsabilité. Mais pour l’hippisme, puisque le directeur des Sports réfléchit autrement, on dénie à cette fédération la même prérogative de prise de sa responsabilité. Deux poids et deux mesures ! En plus, lors de la dernière Assemblée générale de la Fémafoot, une ligue parallèle de Kayes a été priée de vider les locaux parce que non reconnue par la Fédération. A-t-on pour autant remis en cause les délibérations ou donné des injonctions de les accueillir obligatoirement dans les travaux?

Visiblement, le directeur des Sports est en train d’entrainer le ministre dans un terrain glissant car les fédérations sportives, inquiètes de cette immixtion dans les affaires intérieures d’une des leurs, risquent de faire entendre leur voix et ce serait dommage pour le ministre PPR qui est certes animé d’une bonne foi et d’un désir de bien faire. Mais il risque de tomber dans le jeu du directeur des Sports qui a bloqué, à ce jour, la subvention de 4 millions FCFA destinée à la FMH.

C’est dire que cet acharnement contre la FMH est antérieur à l’arrivée de PPR à la tête dudit ministère et c’est bon qu’il le sache  car nous ne lui souhaitons jamais d’endosser la responsabilité d’avoir mis un coup d’arrêt au déroulement des courses hippiques car, depuis 1941, pareil fait ne s’est jamais produit.

Amadou Bamba  NIANG

 

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