Malgré un budget serré imposé par la crise économique qui n’épargne pas leur pays, les Brésiliens ont su émerveiller, voire fasciner des milliards de téléspectateurs en trouvant le juste équilibre entre les effets pyrotechniques incontournables pour ce type d’événement et les multiples chorégraphies des milliers de figurants. Comme en 2014, lors du Mondial, l’illumination du mythique stade Maracaña dans la baie de Rio et sous le regard du ‘’Christ Rédempteur’’ fut «un vrai régal visuel». Et comme message véhiculé par ce très pittoresque spectacle, la problématique écologique et environnementale.
Les athlètes (11.000 participants) aux festivités ont ainsi été invités à planter des graines dans de petits pots placés dans des promontoires qui serviront à reboiser une parcelle dans les jours à venir. Depuis la première Conférence des Nations-Unies sur l’environnement et le développement Rio de Janeiro (Brésil 3-14 juin 1992), le Mouvement olympique a intégré la protection de l’environnement dans ses programmes prioritaires. «Le Sport est un partenaire naturel pour la réalisation de programme ambitieux qui guidera le développement mondial au cours des 15 prochaines années» ! C’est ce qu’a déclaré le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, le 25 septembre 2015 à propos des Objectifs de développement durable adoptés par les Nations-Unies. Et la protection de l’environnement est l’un de ses objectifs à atteindre.
«Les enjeux liés à la protection de l’environnement sont tels que ces considérations affectent aujourd’hui la vie quotidienne de chacun d’entre nous. Le sport n’échappe pas à la règle. Que l’on pratique une activité physique en loisir ou en compétition de haut niveau, le sport constitue un élément central de notre société», a récemment déclaré Pál Schmitt, député européen et président de la «Commission Sport et Environnement» du CIO. «Comme n’importe quelle activité, le sport a un impact sur l’environnement et l’affecte directement. Le sport et l’environnement sont profondément liés et doivent être abordés conjointement», avait-il alors confié à la revue «Sport et Développement Durable».
Ainsi, le CIO fut une des premières et plus grandes organisations sportives à mettre «le sport au service de l’humanité et de l’environnement». Grâce au sport, le Mouvement olympique est déterminé à apporter «une contribution notable au développement durable, social et économique». On se rappelle que le Comité d’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de 1994 à Lillehammer a établi de nouvelles normes en matière de développement durable pour une manifestation sportive de grande envergure. Ce qui a conduit à une coopération avec le Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE) qui est toujours d’actualité. Toujours en 1994, les questions environnementales furent traitées en priorité au Congrès olympique du Centenaire à Paris. Cette rencontre a notamment abouti à la création de la «Commission sport et environnement» du CIO. Celle-ci apporte ses conseils à la Commission exécutive du Comité international olympique en matière de protection de l’environnement et de développement durable.
La Commission supervise également un programme international reconnaissant les bonnes pratiques qui encouragent un changement de comportement. En 1996, un engagement contraignant fut pris envers la responsabilité environnementale, en amendant la Charte olympique. Par cet engagement, le CIO encourage et soutient une attitude responsable vis-à-vis des questions environnementales ; promeut le développement durable et exige que toutes les éditions des Jeux soient en conséquence organisées dans le strict respect des normes écologiques.
Cet amendement reconnaît officiellement l’environnement comme le troisième pilier de l’Olympisme, aux côtés du sport et de la culture. Et en 1999, le CIO a créé son propre «Agenda 21» (sur le modèle de l’Agenda 21 du Sommet de la Terre), en établissant les grandes lignes des politiques et programmes du Mouvement olympique liés au sport, aux manifestations sportives et aux initiatives environnementales.
L’éducation est aussi devenue un facteur clé de la stratégie et du champ d’action du CIO. Elle a beaucoup contribué à renforcer les capacités et à sensibiliser l’opinion au développement durable au sein de la famille olympique, par un certain nombre de moyens spécialement conçus à cet effet, comme, entre autres, les conférences, les séminaires de sensibilisation, les guides et manuels de référence.
La Conférence mondiale sur le sport et l’environnement, dont la 10e édition a eu lieu à Sotchi (Russie) en 2013, est l’une des initiatives phares lancées par le CIO dans le domaine de l’environnement. L’édition 2013 s’est tenue un an après la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (CDD), plus connue sous le nom de «Rio +20», qui a été déterminante dans le débat sur le développement durable au niveau mondial. La Conférence «Rio+20» a notamment été l’occasion, de la part de la communauté sportive, de renouveler son engagement politique à long terme en faveur du développement durable.
Depuis quelques années, à l’initiative du CIO, la communauté sportive a pris des mesures proactives pour réduire et atténuer son impact sur l’environnement. Une attention spécifique est portée sur plusieurs points, par exemple l’utilisation des terrains, la construction des infrastructures sportives, la réduction des émissions de CO2, la consommation d’énergie ou encore la conservation des ressources locales.
Alors que les villes choisies pour accueillir les Jeux Olympiques prennent désormais soigneusement en compte l’aspect environnemental dans leur organisation, et ce jusqu’à la cérémonie de clôture. Les travaux du Mouvement Olympique sur cette question vont bien au-delà des seuls J.O.
À une échelle plus globale, le CIO promeut des programmes éducatifs à l’attention des différents membres de la famille Olympique. Pendant les Jeux de Barcelone en 1992, toutes les Fédérations internationales et les Comités Olympiques nationaux ont signé l’engagement de «contribuer à faire de la Terre, un lieu sans danger».
Le choix de la ville qui accueillera les J.O 2024 sera, pour la première fois, conditionné au respect de l’Agenda olympique 2020, la Feuille de route éditée fin 2014 par le CIO pour penser l’avenir de l’Olympisme et des candidatures olympiques. Dans cet examen, la question environnementale fera partie des sept critères de sélection, au même titre que tous les autres. Pour les observateurs, ce sera «un véritable test pour mesurer l’ambition du CIO en matière écologique». Mais, bien que le Mouvement sportif soit ici en première ligne, le défi concerne tout autant les autorités publiques et les villes hôtes.
À noter aussi que l’initiative «éco-responsable» de Londres (J.O 2012) a contribué à la création du label «ISO 20121» qui certifie désormais le respect des normes environnementales des grands événements internationaux. Les autorités publiques sont d’autant plus concernées que les infrastructures pensées et réalisées dans le cadre de ces événements doivent avoir une dimension structurante dans la conception des manifestations sportives nationales et de l’aménagement urbain.
Comme le concluent de nombreux observateurs et spécialistes, «le sport et l’écologie peuvent et doivent donc faire cause commune». À condition, bien sûr, d’être lui-même exemplaire, particulièrement lors des manifestations les plus médiatisées, comme cette belle cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques «Rio 2016» !
Moussa BOLLY