Sport : La FEMAFOOT au bord de l’explosion

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Jeudi 11 août, en se rendant à l’Aci 2000 et au siège de Malifoot, les quinze membres sur la vingtaine du Comité exécutif de la Fédération malienne de football (Femafoot), ne pouvaient imaginer la surprise qui les y attendait de la part de leur président, et qui allait laisser tout le monde pantois, avant de déclencher une révolte. Le président de la Femafoot Hamadoun Kola Cissé allait prendre tout le monde de court en affichant son désaccord avec des décisions de la Commission de recours, qui dans les textes, sont sans appel. Sportivement, ces dernières semaines ont été marquées au Mali par le renouvellement des bureaux de ligue. Ces élections ont donné lieu souvent à des contestations postélectorales, parce qu’elles ont été entachées de présumées irrégularités, notamment dans les cas de Bamako, de Kayes et de Koulikoro. La conséquence normale de ce genre de contestations est de les porter devant une instance de recours pour trancher. Il se trouve qu’en la matière, la Commission de recours de la Fédération est la seule habilitée et sa décision n’est susceptible d’aucun recours, et c’est ainsi prévu par les textes.    
       
A Bamako, le président sortant de la ligue de football du district, Boubacar Monzon Traoré qui avait en face de lui Sékouba Kéita, a été reconduit dans une confusion totale, et la partie adverse a introduit des recours à la Fédération. Un litige similaire avait marqué le renouvellement, un mois avant, l’élection de la ligue de Kita dont la Fédération a été saisie du recours. A Koulikoro, la compétition de montée en première division donnait le Nianan vainqueur dans la poule A contre l’Asom qui introduisit un recours à propos d’un joueur au statut ambigu.        
Face à ces trois dossiers, la Commission recours de la Fédération a statué et a annulé l’élection de Bamako, celle de Kayes et la montée de Niana en première division. Déposé sur le bureau du président de la Femafoot depuis jeudi 4 août, le rapport de la Commission contenant ces décisions était resté un secret pendant une semaine tout le monde se disant que la Commission n’a que trop trainé. Alors que ce rapport lui avait été remis pourquoi le président Hamadoun Kola Cissé de la Femafoot décide-t-il de le garder sans le rendre public ? Jeudi 11 août, il se décide à sortir du silence et convie les membres du Comité exécutif en réunion extraordinaire avec comme seul ordre du jour « la communication du président ». Sur les 20 membres de la Femafoot, 15 sont présents.

A 15 H le chef des lieux fait son entrée dans la salle. Il salue les membres présents. Et, pense-t-on le patron de Malifoot va rendre public le rapport tant attendu de la Commission recours dont les décisions sont implacables, insusceptibles de recours, à moins que l’on veuille violer les textes. « C’est pour vous informer de la situation actuelle.

La commission recours a tranché et a pris des décisions. Moi, je les ai étudiées et personnellement je ne suis pas d’accord. Je trouve qu’il y a des manquements et des insuffisances au niveau de l’interprétation des textes », c’est ainsi que s’introduisait le président de la Fémafoot Hamadoun Kola Cissé. Au regard de tout ça, selon lui, il n’hésiterait pas à convoquer une nouvelle assemblée générale extraordinaire pour « tirer ça au clair ». Il convoque pour ce lundi les présidents des quatre commissions : recours, statut du joueur, question juridique, et éthique, pour discuter de nouveau sur ces questions. Puis la réunion est terminée.

L’insistance avec laquelle les uns et les autres parmi les membres du bureau de la Femafoot ont voulu en savoir plus n’a été que vaine. Pour lui, « c’est pour ça que je vous ai convoqué, pas de débats autour de ça». Ses camarades de bureau restés sur leur faim ont voulu savoir, puisque les décisions que le président critique et avec lesquelles il ne serait pas d’accord et qui souffriraient d’insuffisances, n’avaient pas été portées à leur connaissance. Ils n’en étaient pas informés et ne pouvaient donc pas comprendre pourquoi Hamadoun Kola Cissé, leur collègue qu’ils ont porté à la tête de la Fédération en juillet 2009, leur cache une des décisions prises par une commission régulièrement constituée. Des voix protestèrent avec des tons qui haussèrent, mais Kola Cissé ne s’arrêta pas.

Certains ont voulu l’attraper pour qu’il vienne s’expliquer sur ce manquement vis-à-vis de ses collègues, même s’il est leur président. Des tiraillements s’en suivirent et des vitres volèrent en éclat dans ce bâtiment de Malifoot situé à Hamadallaye Aci. Selon certains il en a déjà fait assez, mais cette fois c’en est de trop. « On ne le comprend pas, il est le garant des textes qu’il viole.

Les textes disent que les décisions de la commission sont définitives et contraignantes pour toutes les parties », donc sans appel, explique un membre du bureau. Nous avons essayé de comprendre pourquoi le président de la Femafoot, Hamadoun Kola Cissé décide –t-il ainsi de prendre en otage les décisions de la commission ? Selon des sources proches de Malifoot, Boubacar Monzon Traoré et Mahamadou Bagagnoa Cissé dont les élections ont été annulées à la tête des ligues de foot respectivement du district de Bamako et de Kayes, sont des amis personnels du président Hamadoun Kola Cissé. « Depuis des mois il s’est battu pour ces élections et des gens lui ont dit, monsieur le président vous avez un devoir de réserve, c’est une ligue », lui ont-ils dit. Pour lui, c’est tout sauf Sékouba Kéita à la tête de la ligue de foot du district. Le président du Nianan Banou Makadji dont l’élection à la tête de la ligue de Koulikoro a été annulée est un des plus grands alliés et le conseiller personnel de Hamadoun Kola Cissé.

 Avec toutes ces considérations, on voit pourquoi le président de la Femafoot est aussi agité et sourd aux appels de ses collègues à redonner force aux textes de leur organisation. Le président de la Fédération est dos au mur. C’est à la seule Fédération et donc aux ligues qu’il s’est agrippé à l’heure de ses démêlées judiciaires, suite au rapport du Bureau du vérificateur sur sa gestion antérieure. Mais selon toute vraisemblance, il paiera pour l’acte qu’il vient de poser lors de la dernière réunion extraordinaire du comité exécutif de la Fédération qui est comme la goutte de trop.
 
Tous les regards sont rivés sur Malifoot aujourd’hui. Les présidents de quatre commissions vont-ils se laisser fléchir pour violer les textes. Les membres du Comité exécutif qui ont pourtant un profond respect pour le président sont sur le qui-vive et n’attendent que l’issue de cette réunion du lundi. La Fédération n’est pas loin de l’explosion. Saura-t-on l’éviter ? Certains ont en mémoire les critiques du chef de l’Etat selon lequel au basket ça va, mais ailleurs ils sont exigeants mais rapportent peu. Or les Aigles doivent jouer contre le Cap-Vert dans quatre semaines (le 5 septembre). Les meubles seront-ils sauvés.                                                     

B. Daou 

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