“Vouloir auditer la Fémafoot de cette façon n’a aucune base juridique”“Le mandat de Bavieux Touré à la Fifa n’a jamais été écourté
malgré sa situation. Il court jusqu’au 12 mars 2025″.
“Des tentatives ont été menées pour faire tomber le bureau fédéral”
“A la limite, le comité exécutif fait l’objet d’un harcèlement qui ne dit pas son nom”
Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, le secrétaire général de la Fédération malienne de football, Sidi Békaye Magassa nous parle de la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire, les raisons de la relecture de certains textes, du retrait de la candidature de Mamoutou Touré dit Bavieux à l’élection du Conseil de la Fifa et du comité exécutif de la Caf ainsi que les conséquences de ce retrait pour le football malien. Sans oublier l’ingérence dans les affaires du football, la mission d’audit de performance commanditée par le département des Sports et la question sur la dissolution de la Fémafoot. Suivez l’interview…
Aujourd’hui-Mali : Bonjour M. le secrétaire général, le président Mamoutou Touré dit Bavieux est certes empêché, mais le comité exécutif est omniprésent sur le terrain pour la traduction concrète du programme de développement du football. Quel est votre secret ?
Sidi Békaye Magassa : C’est juste ! Dans une association comme la Fédération malienne de football, le président est plus une autorité morale et son rôle est axé sur l’orientation et la protection du reste de l’équipe.
Nous l’affirmons, et tout le monde peut le constater, la Fémafoot, dans toutes ses composantes, marche très bien. Le football se joue dans l’ensemble des ligues régionales.
Pouvez-vous nous parler du bilan à mi-parcours du mandat si nous osons nous exprimer ainsi ?
A cette étape, le bureau actuel n’est en place que depuis 21 mois, il est prématuré de parler de bilan. Cependant, nous pouvons dire que le cap est maintenu et le programme décliné par le candidat Mamoutou Touré dit Bavieux s’exécute avec satisfaction.
Vous vous apprêtez à organiser une Assemblée générale extraordinaire. Quels en sont les tenants et les aboutissants ?
Tout à fait, le comité exécutif par le biais du secrétariat général a lancé la convocation pour la tenue d’une Assemblée générale extraordinaire. Les travaux de cette assemblée seront essentiellement axés sur la révision de certains textes qui régissent notre institution, notamment les statuts et son règlement d’application.
Par la même occasion, un projet de budget pour l’exercice 2025 sera soumis aux membres pour adoption.
Nous rappelons que les statuts actuels ont été adoptés en 2021. Ils ont donc servi pendant presque 5 ans. Pendant cette période, des insuffisances et des manques de clarté dans certaines dispositions sont apparus.
Pourquoi une relecture des textes en ce moment précis ?
Dans la pratique d’un texte législatif, nous nous rendus compte de ses insuffisances qu’il faille corriger de temps en temps. Dans le contexte du football malien, tout devient suspect dès qu’il s’agit d’initiatives venant du comité exécutif.
Pourtant nos statuts prévoient qu’ils peuvent faire l’objet de révision sur proposition du comité exécutif et/ou des membres.
Pour lever toute équivoque et rassurer les sceptiques, aucune disposition touchant la gouvernance et le quorum n’a été proposée à modification. Mieux, aucune révision de statuts ne peut se faire sans l’onction de la Fifa. En définitive, même si le projet de révision émane du comité exécutif, ce sont les membres statutaires qui l’adoptent.
Le ministère en charge des Sports est votre partenaire privilégié en vue de l’essor du football malien. Quelle appréciation faites-vous de cette collaboration ?
Le ministère en charge des Sports n’est pas un partenaire ordinaire, la Fémafoot gère le football en son nom et cela est valable pour toutes les fédérations sportives au Mali. De cette position, il se doit de les aider et de les accompagner.
Cependant, il faut avouer que les relations entre la Fémafoot et le département sont assez difficiles depuis un certain temps. L’atmosphère de complicité qui existait entre les deux structures a laissé place à un climat de défiance et de suspicion. Cette situation n’est pas de nature à pousser notre football vers des sommets malgré le potentiel dont regorge notre pays.
Le retrait de la candidature de Mamoutou Touré de l’élection des membres du comité exécutif de la Fifa a ému le monde sportif qui a évoqué une immense perte pour le football malien. Pouvez-vous corroborer cette assertion ?
Le retrait de la candidature du président Mamoutou Touré pour l’élection au Conseil de la Fifa et au comité exécutif de la Caf a été ressenti comme un désastre par la grande majorité des sportifs maliens.
Bavieux Touré avait de grandes chances de se succéder à lui-même tant son aura et la sympathie dont il jouit sont énormes dans le milieu du football africain et mondial.
Quelles sont les conséquences de ce retrait pour le football malien ?
La conséquence immédiate, c’est que le Mali perd sa place au sommet du football. Quoi qu’on dise ou qu’on pense, Bavieux Touré est un Malien digne de tous les attributs et qui méritait le soutien de tous ses compatriotes. Hélas, ça ne fut pas le cas ! La suite va apparaître très rapidement après l’élection du 12 mars prochain. Comme un adage de chez nous dit “être là et être absent ne donne pas le même résultat”.
Telles que les choses se présentent, nous ne sommes pas sûrs de récupérer, de sitôt, cette place.
Ça veut dire que le mandat de Bavieux court jusqu’au 12 mars prochain avec la mise en place d’un nouveau conseil de la Fifa ?
Evidemment, le mandat de Bavieux Touré au Conseil de la Fifa n’a jamais été écourté malgré sa situation. Il court jusqu’au 12 mars 2025, date de l’élection des membres africains. Cela veut dire que jusqu’au 12 mars 2025, Mamoutou Touré est membre du Conseil de la Fifa et du comité exécutif de la Caf.
Depuis un certain moment des rumeurs circulent sur la dissolution de la Fémafoot ? De quoi s’agit-il réellement ?
Cette information nous parvient avec insistance et elle est réelle car des tentatives ont été menées pour faire démissionner certains membres du comité exécutif afin de faire tomber le bureau.Pour le reste, tout le monde connaît les conséquences d’un tel acte de dissolution d’un bureau légalement élu et reconnu par la Fifa.
On parle d’ingérence dans les affaires de la Fémafoot ! Qu’est ce qui ne va pas ?
L’ingérence dont vous faites allusion est une réalité constante dans beaucoup de pays surtout en Afrique. Pour le cas qui concerne la Fémafoot, les signes et les actes tendant à cette ingérence sont réels et palpables. A la limite, le comité exécutif fait l’objet d’un harcèlement qui ne dit pas son nom.
Récemment, le département a décidé d’envoyer une mission d’audit de performance à la Fémafoot, est-ce que cela est possible selon vous ?
Effectivement, nous avons reçu dans nos murs une équipe constituée de cadres du ministère des Sports porteuse d’un ordre de mission qui l’autorise à faire l’audit de performance de Fémafoot.
Le hic, c’est qu’au vu de l’étendue de la mission (65 jours) et des secteurs à auditer, on se pose la question s’il ne s’agit pas, ni plus ni moins, de l’audit administratif et financier de la Fémafoot.
Vouloir auditer la Fémafoot de cette façon n’a aucune base juridique. La Fémafoot n’étant pas un service rattaché du ministère des Sports et qui plus est, ne recevant ni subvention ni aide budgétaire de lui, ne peut faire l’objet de contrôles qui touchent ses finances.
Quel jugement portez-vous également sur les premières journées de Ligue professionnelle. Etes-vous satisfait de l’entame de cette nouvelle compétition ? Sinon quels sont, selon vous, les réglages à apporter immédiatement ?
Depuis environ 4 ans, le comité Exécutif est en train de baliser les voies et moyens pour transformer son championnat en ligue professionnelle. Les conditions de passage au professionnalisme de notre championnat ne sont, certes pas parfaites, mais c’est un début. Il fallait commencer avec des critères à minima qui seront réajustés dans les saisons à venir.
Les Aigles sont placés dans une poule assez corsée pour la phase finale de la Can/Maroc-2025. Quelles sont, à votre avis, les chances de l’équipe nationale du Mali qui court derrière une couronne internationale depuis 65 ans ?
Poule corsée ou poule facile, je ne pense pas que cela puisse compter si l’on veut remporter la coupe. Notre entraîneur, dans sa feuille de route pour la prochaine Can, a dit que notre pays a des potentiels pour remporter la Coupe. Pour cela, nous devons tenir compte des aspects que nous avons l’habitude de considérer comme des “détails”.
Personnellement, nous sommes d’accord avec lui, le Mali peut et doit prétendre à remporter la Can-2025.
Quid des équipes nationales de catégories ?
Pour les équipes nationales de jeunes, nous n’avons pas pu qualifier les U-20 mais les U17 sont sortis du lot et participeront dans quelques semaines à la Can de leur catégorie au Maroc.
Si cette équipe bénéficie d’un bon accompagnement et de suivi, elle va jouer les premiers rôles dans la compétition.
La Transition a procédé à la rénovation systématique de stades, cela est un mérite non ?
Nous disons bravo et merci aux autorités de la Transition pour cette prouesse d’avoir pu rénover et moderniser tous stades construits il y a plus de 20 ans. Elle renvoie la balle dans le camp des sportifs maliens notamment les footballeurs qui ont devoir de procurer de la joie au peuple.
Quel message lancez-vous à l’endroit des différents acteurs pour une pratique apaisée de la discipline dans notre pays ?
Cette question revient de façon constante dans toutes les interviews. Pour notre part, nous ne nous laisserons jamais d’inviter les uns et les autres à la retenue et à mettre en avant l’intérêt supérieur du football.
Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA