Sian Fofana, capitaine de l’E.N féminine de volley-ball : «Mon rêve est de faire du Mali une grande nation de volley-ball»

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À 28 ans (née le 23 septembre 1987 à Bamako), Sian Fofana est aujourd’hui une véritable icône du volley-ball féminin malien. Gendarme et licenciée en Lettres modernes à la Faculté des Lettres, des Arts et des Sciences humaines (FLASH), elle est la capitaine de l’Equipe nationale féminine de cette discipline. Dans cet entretien, elle parle de sa carrière sportive, du volley-ball malien… Interview !

 Le Reporter Mag : Qui est Sian Fofana en quelques lignes ?

Sian : Je viens d’une famille sportive dont le père est formateur de volley-ball, plus 3 frères et 2 sœurs qui jouent tous. Originaire de Koulikoro, je suis la capitaine de l’Equipe nationale féminine de volley-ball.

 Comment avez-vous vécu votre absence aux Jeux africains de Brazzaville ?

Jai mal vécu ce moment d’absence à Brazzaville. Chaque fois que je voyais les images et les résultats, je ressentais des remords et je me disais pourquoi  nous n’avons pas pu faire ceci ou cela pour être qualifiées.

Est-ce que la médaille de bronze au tournoi de Dakar est une promesse pour l’avenir ?

Je dirais que la médaille de bronze au tournoi de Dakar (Sénégal, tournoi qualificatif pour les Jeux africains) est une promesse pour l’avenir, parce que je suis convaincue que mes filles peuvent faire plus, si elles sont dans les bonnes conditions.

Est-ce que la présence de joueuses expatriées est positive pour cette sélection nationale féminine de volley-ball du Mali ?

Cette présence est une très bonne chose. Elle nous permet d’avoir plus d’expérience à travers leur technique et tactique de jeu. C’est un renfort de qualité pour notre sélection nationale.

Comment avez-vous ressenti l’absence du Mali dans les compétitions africaines pendant quelques années ?

Ça fait toujours mal que lorsqu’on se prépare toute l’année pour une compétition internationale, qu’on vienne vous annoncer à la dernière minute que le voyage a été annulé faute de moyens financiers.

Quelles sont aujourd’hui les difficultés du volley-ball malien, singulièrement au niveau des Dames ?

Je dirai qu’aujourd’hui, le volley-ball est un sport classé parmi les moins pratiqués au Mali. C’est une discipline qui ne bénéficie pas de l’attention des autorités sportives. Elle n’arrive pas à mobiliser les ressources nécessaires pour son développement. Actuellement on note une faible participation des filles dans la discipline et un faible niveau de compétitivité qu’on peut expliquer par une mauvaise condition physique, un manque de soutien sur le plan financier, moral et un manque de suivi. Nous souffrons également d’un manque d’infrastructures, de compétitions, de soutien et d’implication de nos autorités sportives pour cette discipline.

Quelles sont les conditions à remplir pour que le volley-ball féminin du Mali soit performant ?

Il faut commencer par introduire le volley-ball dans le calendrier scolaire pour avoir plus d’équipes. Il faudra ensuite mettre les jeunes dans les bonnes conditions et leur donner la chance de prouver leur talent en organisant plus de compétitions.

Comment avez-vous débuté au volley-ball ?

Je ne peux pas dire de date exacte pour mes débuts parce que je me suis connue étant volleyeuse (rires). Depuis toute petite, mon papa me mettait sur son cou pour aller au terrain où je jouais avec les ballons. Et, petit à petit, j’ai évolué.

Quels sont les clubs dans lesquels vous avez joué ?

Jai commencé avec la commune IV où j’ai été formée par mon père depuis l’enfance jusqu’en 2008. J’ai ensuite intégré l’Union sportive des forces armées et de sécurité (USFAS) de 2008 jusqu’à nos jours. Et depuis 2011, je joue également le championnat national du Bénin chaque année avec l’Université d’Abomey Calavi (UAC). Je joue donc deux championnats nationaux sur l’année, celui du Bénin et du Mali (rires).

Quel est votre palmarès avec ces clubs et avec l’Equipe nationale du Mali ?

De 2002 à 2007, j’ai été championne du Mali avec la Commune IV volley-ball club. J’ai aussi remporté le titre avec l’USFAS de 2008 à 2014. En 2009, j’ai remporté le tournoi international de beach-volley à Lomé (Togo) avec Kadidia Doumbia. Un an plus tard (2010), j’ai participé au championnat du monde  de beach-volley à Lugano et Vevey (Suisse) avec Kadidia Doumbia. En 2011, j’ai été championne des clubs champions à Niamey (Niger) avec la Commune V du district de Bamako. À l’issue de cette compétition, j’ai été élue «Meilleure joueuse». Et de 2011 à 2014, j’ai été championne du Bénin avec l’UAC. L’an dernier (2014), j’ai été vice-championne des clubs champions à Lomé (Togo) avec l’UAC du Bénin. Suivant les traces de mon père, qui fut à plusieurs reprises champion du Mali et à l’international au lancer de javelot, j’ai été vice-championne du Mali au lancer de javelot en 2012 avec l’USFAS.

Quel est le plus beau souvenir que vous gardez de votre carrière ?

Le plus beau souvenir de ma carrière est le tournoi de beach-volley remporté à Lomé. Même si nous n’avons pas de plage pour jouer, nous sommes parvenues à remporter ce titre (rires). Et c’est d’ailleurs la question que tout le monde se posait après notre sacre.

Que regrettez-vous le plus aujourd’hui par rapport à votre parcours de volleyeuse ?

Mon regret, c’est le départ ou l’abandon brusque de certains grands talents, après leur mariage.

Que faites-vous présentement (novembre 2015) à l’extérieur du pays ?

Je suis en Suisse pour une formation en sciences appliquées au sport. Cela doit me permettre d’apporter un plus dans l’encadrement technique et le développement du volley-ball au Mali. Déjà, en 2014, j’ai suivi une formation d’entraîneur de niveau I (FIVB) au Bénin.

Que souhaitez-vous faire à la fin de votre carrière ?

À la fin de ma carrière, je souhaite intégrer la Fédération malienne de volley-ball et mon combat sera de promouvoir le volley-ball en milieu scolaire.

C’est votre rêve ?

Mon rêve, c’est d’être parmi les meilleurs cadres dirigeants sportifs de mon pays et ainsi avoir l’opportunité de hisser nos clubs et Equipes nationales, surtout la sélection nationale féminine senior, parmi les meilleurs du continent. Je rêve donc de faire du Mali une grande nation de volley-ball.

Quel est votre slogan préféré ?

Se battre toujours pour atteindre son objectif est la clé du succès !

Quel est votre mot pour la fin ?

Je lance un appel à nos autorités sportives en leur rappelant que le volley-ball malien souffre énormément. Nous avons surtout besoin de leur implication pour faire vivre cette discipline et donner la chance aux jeunes de prouver leur talent et de vivre, d’aller au bout de leurs rêves et ambitions sportifs !

Propos recueillis par Moussa BOLLY

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