Salif Keita : Le ballon d’or s’endort à jamais

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Premier ballon d’or africain, Salif Kéïta alias Domingo a tiré sa révérence le samedi 2 septembre à l’âge de 77 ans selon la Fédération malienne de football. Parti à jamais, l’ancien international Aigle du Mali sera inhumé ce mercredi 6 septembre à Bamako.

 Légendaire footballeur ayant marqué de son talent les années 1960-70, Salif Kéita menait désormais sa vie hors des pelouses africaines, européennes et américaines à son domicile de Sotuba où le premier Ballon d’or africain passait tranquillement sa retraite à Bamako jusqu’à son dernier souffle le samedi 2 septembre 2023.

Alors âgé de 77 ans, Salif Kéita n’avait plus logiquement la même fougue juvénile qu’il avait en 1963 lorsqu’il devenait le plus jeune joueur à enfiler le maillot de la sélection nationale du Mali à l’âge de 16 ans, mais en bon sportif, la “Panthère Noire” restait toujours sur pied même s’il connaissait quelques difficultés de mobilité. Soigneusement aux mains de son épouse, plus jeune que lui, Salif aimait à rigoler en ces termes : “Je suis fatigué. Je me repose un peu” après avoir fait pratiquement le tour du monde.

De retour au Mali après une expérience professionnelle dans la section marketing d’une banque américaine à la fin de sa carrière footballistique, la reconversion de l’ancien joueur de l’AS Réal de Bamako ou encore de l’AS Saint Etienne l’avait amené à investir dans l’hôtellerie. Si l’hôtel Mandé est toujours fonctionnel, son promoteur ne prenait plus part aux sessions du conseil d’administration où il se faisait représenter en raison de sa fragile santé.

Idem pour le Centre Salif Kéita (CSK), un centre de formation de football que l’ex-directeur technique également ancien président de la Fédération malienne de football (2005-2009) a créé en 1993, qui est désormais présidé par un président délégué.

Néanmoins, les joueurs recevaient de temps en temps la visite du fondateur du Centre pour les messages d’encouragements et les petits conseils d’ancien joueur. Jadis vivier de jeunes joueurs talentueux, le CSK vit présentement mal la distance de son président-fondateur. Le club se bat actuellement en 3e division malienne pour sortir des ténèbres et retrouver la lumière de la 2e division avant de prétendre à l’élite qu’il a quittée depuis la saison 2019-2020.

En vieux retraité, le quotidien de Salif Kéita, consacré en grande partie aux petits exercices physiques pour dégourdir les pieds, à la télé et aux cas sociaux, il le gérait en parfaite complicité avec son épouse qui jouait l’interface avec le monde extérieur. Que ça soit la réception d’un coup de fil, la prise d’un rendez-vous, Mme Kéita était la première interlocutrice avant de pouvoir porter la main sur le premier Ballon d’or africain.

Une retraite paisible hors des bruits et des projecteurs.  “Je suis content d’avoir vécu ce que j’ai eu même si la chance m’a manqué pour certain bonheur. Je pense avoir fait une bonne carrière même si j’estime que je méritais mieux”, nous avait-il dit d’une voix basse, à la limite inaudible.

A jamais le premier joueur africain à avoir décroché le Ballon d’or, Salif Kéita a tiré sa révérence pour aller s’endormir à jamais. Ces obsèques sont prévues pour ce mercredi 6 septembre sur le terrain de football de la Commune III du district de Bamako.

A Cissouma

 

PALMARES SALIF KEITA

AS Réal de Bamako :

Trois fois vainqueur de la Coupe du Mali : 1964, 1966, 1967

Finaliste de la Coupe des clubs champions : 1966

Stade malien de Bamako :

Finaliste de la Coupe des clubs champions : 1965

A.S Saint-Etienne de France :

Trois fois champion de France : 1968, 1969, 1970

Vainqueur de la Coupe de France : 1968, 1970

Trois fois vainqueur du Trophée des champions : 1967, 1968 et 1969

Vice-champion de France : 1971

Sporting Club de Portugal :

Vainqueur de la Coupe du Portugal de football : 1978

Vice-champion du Portugal : 1977

Finaliste de la Coupe du Portugal : 1979

PALMARES EN SELECTION

Finaliste de la Coupe Kwame Nkrumah : 1963

Finaliste des Jeux africains : 1965

Finaliste de la Coupe d’Afrique des nations de football : 1972

Distinctions personnelles

Ballon d’or africain : 1970

Soulier d’argent européen : 1972

Meilleur joueur étranger du championnat de France : 1968

Oscar du meilleur joueur du championnat de France : 1970

 

 

SALIF KEITA

Le saviez-vous ?

 

Footballeur hors pair, la vie professionnelle et privée de Salif Kéita est pleine d’anecdotes. En voici quelques-unes rassemblées avec Sofoot.com

 

Salif Keita est issu d’une famille de onze enfants, neuf hommes et deux femmes. Le bon nombre pour faire une équipe de football.

Famille toujours, l’ancien buteur des Verts est le cousin de l’ancien Lensois Sidi Kéita. Mais aussi l’oncle de Seydou Kéita et de Mohamed Sissoko.

Salif Keita traîne son surnom de Domingo depuis ses dix ans. Alors qu’il se baladait avec ses potes devant un cinéma, il tombe nez à nez avec une affiche de film où figure le nom de Domingo. Il n’en faudra pas plus pour que ses amis le surnomment ainsi.

Il a atteint la finale des deux premières Ligue des champions africaine, alors nommée Coupe des clubs champions africains, pour deux défaites. Une première fois avec le Stade malien en 1965, puis l’année suivante avec l’AS Real Bamako. Deux clubs qui n’ont depuis plus jamais atteint ce stade de la compétition.

C’est un certain Charles Dagher, un Libanais vivant à Bamako, qui est à l’origine de l’arrivée de Kéita à Saint-Etienne. Ce grand supporter des Verts a envoyé des dizaines de lettres pour vanter les mérites de cet attaquant aux statistiques exceptionnelles. Convaincus, les dirigeants de Sainté le contactent pour lui faire passer un test.

Précoce, Salif Kéita marque lors de son premier match officiel avec l’AS Saint-Etienne contre l’AS Monaco le 19 novembre 1967, après seulement sept minutes de jeu.

Le Ballon d’or ne récompensant alors que le meilleur joueur européen, France Football lance une variante en 1970, le Ballon d’or africain. Alors en feu avec Saint-Etienne, Kéita en fut le premier lauréat. Une récompense qu’il ne décrochera qu’à une seule reprise. #ÀJamaisLePremier

Aussi à l’aise sur les bancs de l’école que sur les terrains de football, il a poursuivi ses études lors de son arrivée à Saint-Etienne où il a obtenu une capacité en droit, avant d’obtenir un Bachelor à la Suffolk University de Boston lors de son passage aux Etats-Unis. Intello.

Son âge d’or restera la saison 1970-1971 lors de laquelle il inscrit quarante-deux buts en championnat. Malheureusement, pour lui, Josip Skoblar a frappé encore plus fort au même moment. L’attaquant de l’Olympique de Marseille marquant à quarante-quatre reprises en championnat, record toujours à battre. L’attaquant malien se consolera avec le soulier d’argent européen.Le 31 mars 1971 à Colombes, Kéita affronte sur le terrain le Roi Pelé lors d’un match amical entre Santos et “une entente ASSE-OM”. Résultat, le Malien vole la vedette au triple champion du monde en réalisant un énorme match.Alors en lutte pour le titre, l’ASSE reçoit, le 4 juin 1971, la lanterne rouge, Sedan, pour le compte de la 35e journée du championnat de France. Les supporters des Verts assistent alors à un récital de Salif Kéita qui inscrit un sextuplé lors de cette écrasante victoire 8-0.Refusant d’adopter la nationalité française, Salif Kéita quitte Marseille pour l’Espagne et Valence. Lors de sa première saison chez les Chés, l’attaquant malien côtoie Alfredo Di Stefano, alors entraîneur de Valence.En 1979, Salif Kéita s’offre une dernière saison en NASL avec New England Tea Men des Etats-Unis d’Amérique, avant de prendre sa retraite à trente-quatre ans.L’ancien attaquant des Aigles du Mali et des Verts de Saint-Etienne restera aux Etats-Unis durant quatre ans pour bosser dans une banque américaine, avant de rentrer au Mali avec sa femme et ses deux enfants. Comme Alfredo Di Stefano, Ferenc Puskás ou encore Eusébio avant lui, Salif Kéita obtient en 1996 la plus haute récompense décernée par la Fifa, l’Ordre du mérite. Il reste, encore aujourd’hui, le seul joueur africain à avoir reçu une telle distinction.En 2005, il devient président de la Fédération malienne de football, une première pour un ancien joueur de foot en Afrique subsaharienne. Il quittera son poste quatre ans plus tard, en 2009. Réconciliée avec l’AS Saint-Etienne, l’ancienne vedette des Verts est nommée le 26 juin 2013 ambassadeur à vie du club. Un club qui s’est inspiré de son surnom de la Panthère noire pour créer sa mascotte.

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