Rugby : Les progrès dans les turbulences

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Le rugby malien est de nos jours miné par une profonde crise interne due, ni plus ni moins, à la méchanceté. Le président de la fédération malienne
de rugby est, en effet, la cible d’une dissidence qui aurait ses ramifications jusqu’au sein du département de la jeunesse et des sports.

Le seul tort de Boulkassoum Samaké c’est d’avoir conduit la discipline du statut de sport de loisir au rang de sport national. Cependant, malgré ces turbulences, le rugby malien dispose d’un crédit international certain ; le Mali vient d’être officiellement félicité lors de la 7e assemblée générale de la confédération africaine de rugby pour "tous les efforts que sa fédération déploie pour la promotion du rugby". Le rugby n’est pas très connu au Mali. Pourtant, ce sport est pratiqué là depuis le Soudan français et l’histoire laisse même les traces d’un match qui a opposé à Koulikoro les commandants blancs.

Après l’indépendance en 1960, les expatriés en ont fait un sport de loisir pratiqué principalement derrière l’hôtel de l’amitié. Boulkassoum
Samaké lui-même y s’entraînait vers la fin des années 70 avant un long séjour de 7 ans en Tchécoslovaquie où il joua dans l’équipe nationale B tchèque de rugby au cours de la décennie 80. "Boul" a également joué au rugby pendant
2 ans au Japon entre 1993 et 1994.

C’est compte tenu de tout ce bagage et de sa passion pour la balle ovale que Boulkassoum Samaké créa en 1995 l’Association malienne pour la promotion du rugby (AMPR) dont le but était la création d’une fédération.

Celle-ci verra le jour le 1er avril 2001 grâce à l’implication personnelle du président de la confédération africaine de rugby (CAR) qui est venu spécialement rencontrer le ministre de la Jeunesse et des Sports pour la cause. La fédération a été dirigée jusqu’en 2004 par Mamadou Sangaré qui a passé le relai à Boulkassoum. Aussitôt installée aux commandes, la nouvelle équipe s’est fixée comme objectif de former une équipe de rugby compétitive en vue de participer à la Coupe du monde 2007 en France.

Cet objectif a été raté de peu, le Mali ayant été éliminé par le Botswana en finale du tournoi triangulaire qualificatif après avoir sorti le Nigeria. Pour en arriver là, notre pays avait dominé le championnat sous-régional en battant notamment le Sénégal.

Après ce brillant parcours, le Mali devait participer à Niamey (Niger) à un tournoi de la CAR et de l’IRB (l’équivalent de la FIFA). Mais le jour
du départ, aucun rugbyman ne s’est présenté au rendez-vous ; un boycott massif orchestré et prémédité pour enfoncer le président et faire perdre au Mali sa place à la CAR. Il a fallu toute la fibre patriotique du Colonel Issa Diallo, l’officier des sports pour sauver la mise en mettant ses éléments à la disposition de la fédération. A Niamey, le Mali est monté sur le podium au 3e rang.

Au retour de la délégation malienne, Boulkassoum Samaké tira les enseignements de la situation : il a remembré le bureau en début 2006.
Ce bureau de 6 membres se donne pour principal objectif de faire du Mali un membre à part entière de l’IRB (International Rugby Board).
C’est dire que notre pays est déjà membre associé de l’IRB et membre à part entière de la CAR.
Pour être membre à part entière de l’IRB, il faut organiser un championnat national, être bien structuré avec des ligues, participer aux compétitions sous-régionales et faire des résultats.

Pour le moment au Mali, il n’y a pas de ligue et il n’existe que 3 Clubs tous de Bamako : l’AMPR, l’USFAS et l’hippo.
Boulkassoum Samaké entend faire de l’armée sa stratégie de travail en organisant des matches d’exhibition dans les camps militaires régionaux avec la participation des civils afin d’avoir une équipe nationale à ossature militaire, donc disciplinée. La fédération profitera de ces compétitions pour installer les ligues régionales.

Le président de la FMR juge son bilan positif. Le Mali est membre de la CAR, membre associé de l’IRB, il a participé à tous les tournois de la
CAR au sein de la sous-région avec des rangs honorables. Récemment, Bamako vient d’abriter le tournoi international des moins de 18 ans de la zone
Afrique de l’Ouest remporté par le Sénégal contre le Mali en finale.

Un autre acquis et non des moindres du mandat de "Boul", c’est la participation du Mali le 2 septembre dernier à Casablanca au Maroc, à la
7e assemblée générale de la CAR. A Casa, notre pays a reçu les félicitations officielles de l’assemblée générale. Mieux, la Confédération africaine de rugby a décidé de contribuer à la formation des formations, des arbitres, des entraîneurs et des joueurs. Elle a aussi décidé de mettre à la disposition de la FMR un terrain de rugby.

A l’issue de l’Assemblée générale de Casa, le président sortant de la CAR, le Marocain Abdel Aziz Bougja a été reconduit (le candidat tunisien
s’est désisté au dernier moment) pour un second mandat. La principale recommandation de l’assemblée générale est d’oeuvrer pour que le rugby soit membre du Comité internationale olympique dans les quatre prochaines années.

Malgré tous ces acquis, le bureau fédéral est confronté à un certain nombre de problèmes à savoir la médiatisation, le financement et les querelles internes.
Qui en veut à Boulkassoum Samaké ? "Ce sont des gens venus d’ailleurs qui essayent de me mettre en conflit avec mes propres frères en les soudoyant, en incitant les joueurs à la révolte et au boycott du drapeau national.

Mon seul tort, c’est d’avoir mis ce sport au service de la nation malienne" répond M. Samaké dont le double souhait est aujourd’hui de£ permettre au Mali de devenir membre à part entière de l’IRB et de redonner au pays sa place de leader de la sous-région.
Rappelons qu’en rugby, le Mali fait partie de la zone Nord qui comprend aussi l’Algérie, l’Egypte, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, le
Sénégal et la Tunisie.

Sékou Tamboura

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