Les Russes ont sans doute été parmi les participants les plus observés pendant les Jeux olympiques «Rio 2016». Et cela à cause de la réduction de la taille de sa délégation suite à une affaire de dopage. En effet, la mise au jour, en novembre 2015, d’un dopage organisé dans l’athlétisme russe «a profondément ébranlé la planète olympique et constitué le point de départ d’un interminable feuilleton» qui s’est prolongé à quelques heures de la cérémonie d’ouverture des JO de Rio. Alors que la délégation russe devait initialement compter 387 sportifs, elle s’est notablement réduite, de nombreux athlètes ayant été écartés par leur fédération internationale.
En raison du scandale de dopage en Russie, le CIO a confié à trois membres de sa commission exécutive la sélection finale des sportifs russes admis à participer aux Jeux olympiques de Rio (5-21 août). « Nous serons présents dans 29 disciplines sur 34, avec 266 personnes», a déclaré le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, à la chaîne sportive Match TV. Les fédérations internationales ont transmis au Comité international olympique une liste de sportifs russes autorisés à participer aux Jeux. Car, c’est le CIO, via une commission spéciale éclairée par l’avis d’un expert mandaté par le Tribunal arbitral du sport, qui a tranché au finish. Le CIO avait fixé des critères précis à l’admission des sportifs russes après la publication du rapport McLaren, le 18 juillet 2016, faisant état d’un «dopage d’Etat» en Russie.
Pour qu’un sportif russe soit autorisé à participer aux Jeux olympiques, le CIO avait ainsi posé en juillet trois conditions qui sont ne jamais avoir été sanctionné pour dopage, quand bien même la peine aurait été purgée ; ne jamais avoir été cité dans le rapport McLaren qui a révélé l’étendue du système de dopage d’Etat depuis 2011. La Russie a tiré son épingle du jeu en occupant la 4e position du classement général derrière les Etats-Unis (121 médailles, dont 46 en or), la Grande Bretagne (67 médailles, dont 27 en or) et la République populaire de Chine (70 médailles, dont 26 en or. Les Russes ont donc remporté 56 médailles dont 19 en or, 18 d’argent et 19 en bronze. Seuls les Anglais ont réussi à les battre au niveau de l’Europe.
Il est clair que nous sommes tous pour un sport propre, donc sans dopage. Mais ce fléau est si répandu de nos jours que les seuls athlètes non dopés sont certainement ceux qui ne se font pas encore prendre dans les filets de l’Agence mondiale antidopage. La volonté d’exclure les sportifs russes avaient tourné à l’obsession pour certains pays et leurs médias occidentaux. Finalement, on se demandait, si les Européens ne voulaient pas profiter du CIO pour prendre leur revanche sur Vladimir Poutine pour la bataille militaire et diplomatique perdue en Ukraine et en Syrie. L’exclusion complète de la Russie des J.O aurait ouvert un large boulevard pour leurs représentants dans de nombreuses disciplines. En tout cas, Moscou n’a pas à rougir des résultats enregistrés par ses sportifs.
Et comme cerise sur le gâteau, Yelena Isinbayeva a été élue à la commission des athlètes du Comité international olympique (CIO) pour un mandat de huit ans. Une belle revanche pour celle qui a été exclue de «Rio 2016» suite aux révélations sur le dopage d’Etat en Russie. La perchiste a été élue par un panel d’athlètes pour un mandat de huit ans au CIO avec l’Allemande Britta Heidemann (escrime), la Sud-coréenne Ryu Seug-min (tennis de table) et le Hongrois Daniel Gyurta (natation). La procédure a été organisée au Village olympique de «Rio 2016». Elle a recueilli 1.365 suffrages sur un total de 5.185 votants.
Sacrée en 2004 et 2008, la «Tsarine» de la perche rêvait, à 34 ans, de conclure sa carrière en apothéose par un troisième titre olympique. Malheureusement, elle a été l’un des grands absents des Jeux de Rio. Jamais contrôlée positive, elle avait été exclue par la fédération internationale (IAAF) à la suite d’un rapport sur le dopage généralisé dans l’athlétisme russe. Son appel avait été ensuite rejeté par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Un verdict qui l’avait amenée à déclarer à l’agence de presse russe, Tass, «merci à tous d’avoir enterré l’athlétisme. C’est purement politique» !
Moussa BOLLY