Alors que s’ouvraient les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, dans un contexte où une vaste corruption a emporté la présidente du Brésil, Dilma Roussef, et enseveli son prédécesseur, l’ex-icône du tiers-monde montant, Lula Da Silva, le monde entier ne peut ne pas penser à ce rendez-vous de l’olympisme, sans le faire rimer avec l’argent sale de la corruption. Celui de la drogue aussi. C’est un Olympium.
L’opium, la drogue, n’est, en effet, jamais loin quand il s’agit maintenant de parler de ce projet conçu, il y a plusieurs siècles dans la Grèce antique, lorsque leur objectif était réuni dans le leitmotiv “citius, altius, fortius (plus vite, plus haut, plus fort). Ce n’est plus de mérite et d’effort physique qu’il est question mais, dénaturés, les Jeux olympiques ne sont plus que le lieu de toutes les magouilles. Ils sont vendus aux enchères. C’est le triomphe des egos, des lâchetés et des coups de poignard dans le dos. Leur victime la plus emblématique n’est personne d’autre que notre compatriote Lamine Diack, sportif émérite, ancien président de la Fédération mondiale d’athlétisme et qui, il n’y a guère quelques années, était l’un des décideurs essentiels sur tout ce qui concernait le sport mondial, notamment l’olympisme.
Or, rattrapé par des commissions versées à son profit, via ses enfants qui l’ont conforté dans le sentiment qu’il pouvait tout faire, il se voit, à l’âge où sa vie décline, contraint de vivre dans une prison à ciel ouvert à Paris, interdit de quitter le territoire français depuis qu’un juge l’y a retenu pour savoir de quoi retourne son rôle dans maintes affaires de corruption-drogue (drogue des athlètes russes et corruption pour l’octroi des J.O au Qatar (tiens !) et au…Brésil.
Si je parle de Diack, c’est parce que ce qui lui arrive est triste, tragique et terrible. Voilà un homme qui était entouré par les plus grands opportunistes de la terre, de son directeur de Cabinet à des candidats au CIO, le saint des saints de l’olympisme, et qui se retrouve seul, que personne ne veut défendre, qui se voit lâché même par ses fils qui ont été les accélérateurs de sa déchéance. Lâché aussi par Sebastian Coe, l’athlète britannique, qui, après avoir dirigé les JO de Londres en 2012, lui a succédé à la tête de l’athlétisme mondial. Je veux témoigner.
Membre avec Coe, et l’actuelle Premier ministre Britannique, Theresa May (alors ministre de la Culture de son pays), du comité de candidature de Londres, j’avais vu combien Seb Coe était continuellement collé, comme un chiot, aux basques de Diack pour obtenir les votes des Africains, mais surtout pour l’amener à le soutenir dans son projet de lui succéder. Or, Coe, ayant été de tous les coups tordus, continue de mener sa belle vie avec les autres traîtres de l’olympisme. Les mêmes qu’on voit se faire photographier çà et là à Rio, avec leurs nouveaux amis, les nouvelles vedettes, en oubliant royalement celui qui les a fabriqués dans son malheur.
Diack est délaissé par son propre pays. On en oublie même qu’il y a près de deux ans, le Sénégal entier était à ses pieds. Certains voyaient en lui le sauveteur que la Nation attend. On lui avait dédié un combat de lutte et une chanson remarquable fut ciselée en son honneur. Tous l’ont oublié. Chefs religieux, sportifs, hommes politiques, voisins, voire simples citoyens. Parfois, je me surprends à regretter de ne pas avoir eu la chance de conseiller cet homme au sommet de sa gloire : je voyais aisément combien il allait vers sa perte, tant, ceux qui l’entouraient n’étaient mus que par leurs propres intérêts. En le pressant comme un citron, ils l’ont laissé détruit et déshonoré sur les bords de la Seine. C’est dommage que se termine ainsi la vie d’un si brillant sujet, diplômé de la plus prestigieuse Ecole en finances, en France ; champion d’athlétisme dès son plus jeune âge, et d’une grande générosité (dit-on, même si c’est sur des fonds douteux), œcuménique par son engagement sportif.
Quand les feux d’artifice des Jeux de Rio ont été allumés et que la samba a été dansée sur les tartans lors du cérémonial d’ouverture, le sort de Lamine Diack n’était plus qu’un lointain souvenir dans la pensée de ceux qui l’ont utilisé comme échelle pour être là dans les tribunes, lunettes de soleil bien vissées et désormais en quête de nouvelles proies à dévorer. Oui, ce week-end, je me sens proche de Lamine Diack. Parce qu’il y a un peu de lui en chacun de nous. Qui est parfait ? Qui ne commet pas de bourdes, parce que poussé à le faire par sa famille, ses proches, ses laudateurs, par la vanité de la vie ?
Oui, malgré ses erreurs, Lamine Diack n’est finalement qu’une victime de plus de nos sociétés contemporaines violentes et veules qui ne contribuent que rarement à aiguillonner positivement les étoiles montantes. Elles aiment les voir s’écraser du haut de leur piédestal. Dis : si Diack est prêt, j’aimerais bien l’interviewer pour en sortir un livre. Sa vie en est un. Elle peut nous livrer ce qu’il y a de très faux, mesquin, mauvais chez l’être humain. En plus de nous révéler ce qu’il faut faire pour ne jamais tomber dans le piège de ceux qui sont les maîtres dans l’art de détruire de belles vies que Dieu avait lui-même destinées à une gloire éternelle. Oh, si vieillesse pouvait, dit l’adage… Parce que le Brésil n’a plus la tête à la fête, il faut prier et souhaiter que ses Jeux de l’olym-Pium se passent bien. Et surtout que, oui, Dieu veille sur Lamine Diack, qui paie pour sa naïveté (et sa corruption -pour satisfaire les desideratas de son entourage) dans un monde d’abrutis sportifs.
Adama GAYE
C’est triste d’apprendre les malheurs de Lamine Diack.Je ne crois pas que Diack ait trempe dans la drogue.Il est arrive la ou il etait grace a sa fermete,une certaine integrite qu’un homme de sa trempe peut se permettre.Sa faiblesse residait dans sa grande generosite, son desir d’aider son entourage clienteliste,et la quasi-permanence de sa Presidence.Il semble que toius ces hauts postes du Sport International devraient avoir une duree limitee.
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