Les XXXIes Jeux olympiques d’été-Rio 2016- ont pris fin le 21 août 2016 au Brésil (5-21 août 2016). Malgré quelques couacs inhérents à toutes les entreprises humaines, le Brésil a relevé le défi de l’organisation et gagné le pari de battre son record de médailles aux J.O. Une réussite qui met la pression sur Tokyo (Japon) qui doit accueillir les J.O en 2020. À l’heure du bilan, l’Afrique n’a pas à trop rougir de ses performances olympiques. Les observateurs jugent le bilan plutôt positif pour l’Afrique !
Avec 45 médailles remportées aux JO 2016, les sportifs d’Afrique ont battu leur record des Jeux olympiques de 1988 à Séoul (Corée du Sud) avec 40 médailles. C’est le meilleur résultat de l’Afrique ces dernières décennies. Le total de médailles du continent avait été de 34, 35, 35, 40 et 35 respectivement en 1996 à Atlanta (USA), en 2000 à Sydney (Australie), en 2004 à Athènes (Grèce), en 2008 à Beijing (Chine) et en 2012 à Londres (Royaume Uni)
À Rio, ils se sont distingués dans 11 disciplines différentes. Ce qui est aussi une autre grande première. En revanche, ils ont gagné moins de médailles d’or (10 à Rio), qu’à Londres (12) et à Pékin (13). «L’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA) voudra sans doute voir le verre à moitié plein, même s’il faut relativiser cette moisson sans précédent. L’absence de 67 athlètes russes aux JO 2016, écartés pour dopage, a sans doute laissé davantage de champ libre aux succès africains, au Brésil», analyse un confrère français. Le constat est que l’Afrique reste d’ailleurs toujours aussi tributaire de ses résultats en athlétisme.
À Rio, elle y a remporté 62% de ses médailles. Cette hyper-dépendance est toutefois un peu moins prononcée qu’à Londres (74 %) et à Pékin (70 %). L’Afrique aura marqué les esprits en battant plusieurs records mondiaux, avec notamment le Sud-Africain Wayde Van Niekerk et l’Éthiopienne Almaz Ayana qui se sont illustrés respectivement sur 400m et sur 10 000 m. Il faut retenir aussi les performances d’athlètes qui, sans décrocher de médailles, ont réalisé des records nationaux, à l’instar des Ivoiriens Marie-Josée Ta Lou sur 200 m et Ben Youssef Méité sur 100 m.
Mention spéciale aussi au taekwondo, deuxième pourvoyeur de médailles pour l’Afrique aux JO 2016. Cet art martial coréen est certes peu connu sur le continent. Mais il est un des rares sports où les pays de l’Afrique occidentale (Côte d’Ivoire et Niger) se sont distingués ces dernières années. La Côte d’Ivoire et le Niger y ont décroché les deuxièmes médailles olympiques de leur histoire avec notamment Issoufou Alfaga Abdoulrazak et Cheick Cissé. À Londres, les pays d’Afrique de l’Ouest n’avaient décroché aucune médaille. Cette fois, ils repartent de Rio avec 4 médailles.
La grande déception provient plutôt de l’Afrique centrale, avec un zéro pointé. Cette fois, il n’y a pas eu d’Anthony Obame, taekwondoïste gabonais, pour sauver l’honneur. Naturellement que le Kenya (15e au classement général) occupe la première place africaine devant l’Afrique du Sud (30e) et l’Ethiopie (44e). Arrivent ensuite la Côte d’Ivoire (51e), l’Algérie (62e), le Burundi (69e ex aequo), le Niger (ex aequo), l’Egypte (75e ex aequo), la Tunisie (75e ex aequo), le Maroc et le Nigéria (78e ex aequo). Le Mali figure parmi les pays revenus bredouille et qui ont honoré la philosophie de Baron Pierre de Coubertin, «l’essentiel est de participer ! Aujourd’hui, on peut dire «Obrigao» (Merci) Rio, rendez-vous dans quatre ans à Tokyo, au Japon !
M.B
RIO 2016 : le Mali honore la philosophie du Baron Pierre de Coubertin
Représenté par Djénébou Danté (400m), Mamadou Cherif Dia (triple saut), Fatoumata Samassékou (50M nage libre), Oumar Touré (100m papillon), Ayouba Traoré, (judo, -100 kg) et Ismaël Coulibaly (taekwondo -80 kg), le Mali est une fois de plus revenu bredouille des Jeux olympiques. Et ce n’est pas par manque de volonté de la part de nos représentants. Mais l’écart est considérable entre eux et les meilleurs du monde.
En natation, Oumar Touré a remporté la 1ère série du 100m papillon (57s 56). Malheureusement, ce chrono n’était pas suffisant pour lui assurer une place en demi-finale. Quant à Fatoumata Samassékou, elle a pris la 8e place de sa série en 33.71, échouant également aux portes des demi-finales. Premier représentant malien a entré dans la danse, le judoka Ayouba Traoré (-100 kg) n’est resté sur le tatami que pendant 34 secondes. En 16e de finale, il a été battu par le Français Cyrille Maret par Ippon (Uchi-mata).
Il n’y pas eu non plus de miracle pour nos athlètes. Sur les 400 m dames, Djénébou Danté a occupé la 5e en 52’85. Quant à Mamadou Chérif Dia, le triple sauteur malien, il a été éliminé de la compétition, avec 16m19 au 3e essai. Même s’il a réalisé le meilleur saut au niveau des Africains, il n’a pas réussi à se qualifier pour la finale. Pis, il semblait s’être blessé sur sa dernière tentative…
C’est sur Ismaël Coulibaly (taekwondo, 80 kg) que reposait réellement l’espoir d’une première historique du Mali aux Jeux olympique. Malheureusement, il a été battu 13-6 par l’azéri Milad Beigi qui l’a ainsi privé des 1/4 de finale. Ce dernier n’ayant pas réussi à atteindre la finale, Ismaël ne pouvait plus être repêché. Celui qui compte de nos jours parmi les jeunes espoirs du sport au Mali, avait la lourde responsabilité de porter sur ses épaules les espoirs de médaille aux J.O de toute une nation. Un espoir réaliste, car son bilan de médaille dans les tournois à travers le monde laissait penser qu’il a toutes les chances de se hisser dans le trio final de la discipline à Rio.
Champion d’Afrique (74 kg) et ayant décroché la médaille d’or aux derniers Jeux africains de Brazzaville, Ismaël a déjà remporté par deux fois la médaille de bronze aux championnats du monde de la discipline en 2011 et en 2015 dans la catégorie des moins de 74 kg. Il a occupé en 2016 la deuxième place à l’Open de Belgique dans la catégorie de moins de 80 kg. Mais, visiblement, la pression et sans doute la volonté de ne pas décevoir le peuple malien ont eu raison d’Ismaël Coulibaly, plus crispé que d’habitude.
Aujourd’hui âgé de 25 ans (né le 20 novembre 1991), on peut parier que le meilleur est venu pour ce jeune athlète dont l’immense talent et la rage de vaincre font l’unanimité. Nos représentants ne sont pas revenus bredouilles par manque de volonté. Mais l’écart est considérable entre eux et les meilleurs du monde. Et comme le disait le basketteur international français, Tony Parker, à la veille du match des quarts de finale contre les Etats- Unis, «les Jeux Olympiques sont une expérience unique. Ils ne ressemblent à aucune autre compétition. C’est une expérience à vivre à tout prix…». Cette première expérience doit permettre à nos représentants de mieux se préparer pour de futures échéances, notamment africaines.
Moussa BOLLY