Si l’intérêt de la nation est en jeu ou se trouve face à des enjeux, tous les sacrifices sont bons et possibles, du compromis à la compromission. Aujourd’hui, à moins que les hautes autorités agissent, l’heure est grave qui met le pays face à son destin et à son avenir (politique ?). Mamoutou Touré dit Bavieux, président de la Fédération malienne de football est toujours incarcéré par la justice malienne. Or, dans quelques jours, sera clos le délai de dépôt de candidatures à l’élection de président de la Caf, de membres du comité exécutif de la Caf et des représentants Caf au Conseil de la Fifa (où siège, justement, notre compatriote). Si Bavieux n’est pas rapidement libre de ses mouvements, il risque de perdre son poste, éventuellement convoité par son homologue de la Côte d’Ivoire, Idriss Diallo. C’est pourquoi, il urge d’accorder la LIBERTE PROVISOIRE à Mamoutou Touré afin que, s’il doit avoir lieu, “ce match Mali-Côte d’Ivoire” soit livré à armes égales. Au-delà de cette tournure politique, c’est l’image du Mali qui s’en trouverait confortée à l’échelle mondiale au cas où Bavieux venait à conserver son poste. Sans oublier les retombées positives de cette position au sein l’instance suprême du football pour le développement de notre pays. Alors, SEM le président de la Transition, président du Conseil supérieur de la magistrature “LIBEREZ BAVIEUX !”
Nous sommes en football, un phénomène social en passe de devenir une religion au Mali. Exemple type et typique : le match Mali-Guinée Bissau du vendredi 11 octobre 2024 comptant pour la 3e journée des éliminatoires de la Can Maroc 2025. Malgré les déboires, les frustrations et l’extrême déception engendrés par la débâcle de la Can Côte d’Ivoire 2023, quelques 60 000 spectateurs ont pris d’assaut les gradins du stade du 26 Mars pour supporter les Aigles du Mali, comme ils l’ont fait contre le Ghana et le Mozambique en éliminatoires de la Coupe du monde 2026. C’est dire que le football est la cause où l’on peut tout pardonner et revenir applaudir et encourager ses bourreaux. Et si l’administration et la justice en faisaient autant ? Du coup, pour l’amour généralisé du football, pourquoi ne pas accorder la liberté provisoire à Mamoutou Touré dit Bavieux, incarcéré depuis plus d’un an pour des chefs d’accusation sans aucun lien avec ses fonctions de président de la Femafoot ?
L’appel à candidature
Nous lançons ce cri de cœur parce que l’intérêt du pays et de la nation est en jeu et risque d’être ficelé dans quelques mois si l’on ne prend garde. Et pour cause !
Le jeudi 10 octobre 2024, le secrétaire général de la Confédération africaine de football adressait aux secrétaires généraux des associations nationales de football une correspondance dont l’objet est : dépôt de candidatures à l’élection de président de la Caf, de membres du comité exécutif de la Caf et des représentants Caf au Conseil de la Fifa.
Dans sa lettre, Véron Mosengo-Omba rappelle tout d’abord les dispositions de l’article 22, paragraphe 8 a, b et d des statuts de la Caf qui prévoient : “La durée du mandat du président et des membres du comité exécutif est de quatre (4) ans.
Leur mandat commence à courir à l’issue de l’Assemblée générale lors de laquelle ils/elles ont été élu(e)s. Le président et les membres du comité exécutif ne peuvent être élu(e)s pour plus de trois mandats (consécutifs ou non).
La limitation du nombre de mandats du président et des membres du comité exécutif sera effective à compter de l’entrée en vigueur des présents statuts. Les mandats précédents ne sont pas décomptés.
La moitié des membres du Comité est renouvelée tous les deux (2) ans”.
Le mandat du président de la Caf et celui de certains membres du comité exécutif de la Caf (Exco) y compris les représentants Caf au conseil de la Fifa qui ont été élus pour la période 2021-2025 lors de la 43e Assemblée générale ordinaire et élective de la Caf qui s’est tenue à Rabat au Maroc, le vendredi 12 mars 2021, expirera le mercredi 12 mars 2025.
Conformément à l’article 17 paragraphe 10 et à l’article 23 paragraphe 17 des statuts de la Caf, l’Exco de la Caf a adopté une résolution en date du mercredi 9 octobre 2024 afin de convoquer la 14e Assemblée générale extraordinaire de la Caf pour les élections aux postes du président de la Caf ; des membres de l’Exco de la Caf dont le mandat arrive à terme ; et des représentants Caf au Conseil de la Fifa.
L’Exco de la Caf a également décidé que la 14e Assemblée générale extraordinaire de la Caf aura lieu le mercredi 12 mars 2025 à 10 h à l’Hôtel Marriott Mena House, Le Caire, en Egypte.
Le président de la Caf, les membres de l’Exco de la Caf et les représentants Caf au Conseil de la Fifa cités dans les annexes jointes à cette lettre ont été élus lors de la 43e Assemblée générale ordinaire et élective de la Caf du vendredi 12 mars 2021.
De ce fait, la 14e Assemblée générale extraordinaire de la Caf procédera aux élections afin de pourvoir aux postes des membres sortants. La Caf ouvre alors les dépôts de candidature pour les élections à ces différents postes.
En vertu des dispositions de l’article 18 paragraphes 4 et 6 des statuts de la Caf, les candidatures doivent parvenir au siège de la Caf au Caire en Égypte, au plus tard le mardi 12 novembre 2024. Les candidatures reçues après le mardi 12 novembre 2024 (date de l’accusé de réception) ne seront pas acceptées.
Dernier détail important de la correspondance du secrétaire général de la Caf : “pour le président de la Caf et les représentants Caf au Conseil de la Fifa, des contrôles d’éligibilité seront effectués par la Fifa conformément aux dispositions pertinentes des statuts et règlements de la Fifa”.
L’enjeu en vaut la compromission
A titre de rappel, c’est le 12 mars 2021, que Mamoutou Touré dit Bavieux a intégré le Conseil de la Fifa avec cinq autres Africains. Il a été élu par acclamations par les délégués des 54 pays membres de la Caf lors de la 43e Assemblée générale ordinaire tenue à Rabat, au Maroc. Il a été élu au compte de la Zone francophone avec Mathurin De Chacus, président de la Fédération béninoise de football. Mamoutou Touré est également membre de droit du comité exécutif de la Caf.
Avec ce statut, Bavieux devenait, 15 ans après Amadou Diakité, le deuxième Malien à siéger au sein du Conseil de la Fifa, qui est considéré comme le gouvernement du football mondial. Le Conseil de la Fifa est comme le comité exécutif de la Caf. A Rabat, l’image du Mali était au-devant de la scène dans les allées de l’hôtel Sofitel : la forte délégation et l’ambassadeur du Mali au Maroc avaient la tête haute, fiers d’arborer les couleurs du pays. L’élection de Mamoutou Touré au Conseil de la Fifa est un honneur pour tout le peuple malien. Synonyme de consécration pour l’ensemble des acteurs du football national, elle avait été accueillie à sa juste valeur par les plus hautes autorités de la Transition.
Avant de revenir sur les retombées de ce poste, il faut rappeler que le mandat des membres du Conseil de la Fifa élus à Rabat arrive à terme en mars 2025 et que les candidatures sont sollicitées pour leur renouvellement. Le délai pour le dépôt de dossiers est fixé au 12 novembre 2024, soit dans 25 jours.
En admettant même que sa candidature soit proposée par le comité exécutif de la Fémafoot (comme recommandé par les textes de la CAF) et qu’elle soit validée par l’instance suprême du football africain, faudrait-il que Mamoutou Touré, actuellement en détention, soit libre de ses mouvements pour solliciter le suffrage de ses homologues africains, c’est-à-dire pour battre campagne.
Si tel n’est pas le cas, le Mali risque de perdre ce poste, pourtant hautement stratégique pour l’image (politique) du pays à l’international et pour la promotion et le développement du football à l’interne.
Avantage non négligeable : si Mamoutou Touré est libre, ses compères africains peuvent surseoir à candidater, lui laissant la place pour un deuxième mandat, comme ce fut le cas pour Amadou Diakité.
C’est pourquoi, nous disons que l’enjeu (national) vaut largement le sacrifice, le compromis, voire la compromission de la part des hautes autorités de la Transition. Par cela, nous entendons que, pour sauver et sauvegarder “notre poste” à la Fifa, voire conforter l’image du Mali à l’échelle mondiale particulièrement dans les instances sportives, bref pour l’intérêt national, les autorités doivent accorder la LIBERTE PROVISOIRE à Mamoutou Touré. D’autant plus que si le Mali perd le poste, il pourrait mettre plusieurs décennies avant de le retrouver, un jour.
En libérant Bavieux, les autorités déjoueraient les pronostics et les ambitions de tous ceux qui pensent déjà (au Mali et ailleurs) que le poste est perdu. Dans cette éventualité, sort des bruits de couloir la candidature du président de la Fédération ivoirienne de football, Idriss Diallo.
L’homme aura tout le temps nécessaire, toute la latitude requise pour battre campagne auprès des présidents des associations nationales sœurs.
Alors, la Côte d’Ivoire détrônerait le Mali de son siège à la Fifa, avec tous les avantages y afférents aux plans politique, social, sportif et économique.
Des retombées collatérales
L’élection de Mamoutou Touré au Conseil de la Fifa a eu pour avantage sportif et économique de booster l’avancement des travaux de certains projets majeurs financés par la Fifa à l’image du Centre technique de Sénou, deuxième Centre du genre validé par la Fifa à titre exceptionnel et à coût de plusieurs milliards de FCFA en faveur du Mali. C’est la première fois que l’instance dirigeante du football mondial finance la construction d’un deuxième centre au profit d’une même association.
Mamoutou Touré en a fait une de ses priorités et a œuvré afin que la cérémonie de pose de la première pierre du Centre technique, qui a eu lieu le jeudi 25 février 2021, soit rehaussée par la présence du président de la Fifa, Gianni Infantino. Quelques jours plus tard, il était élu au Conseil de la Fifa. Ce qui a contribué à accélérer les choses.
Le Centre technique de Sénou va engendrer une véritable révolution du football malien. L’ouvrage est bâti sur une superficie de 20 hectares dont 10 hectares sont occupés pour la réalisation des infrastructures qui sont, entre autres, 3 terrains de football (dont 2 avec gazon naturel et un terrain en gazon synthétique) de dernière génération et uniformément arrosés ; un hôtel 4 étoiles (à 6 niveaux) de 40 chambres pour l’hébergement des joueurs de l’équipe première, des blocs administratifs et techniques ; des dortoirs ; des vestiaires ; le siège de la direction technique nationale ; une salle de restauration, des piscines, une salle de formation, une salle de gymnastique, un amphithéâtre, une salle de musculation, une salle de mise en forme avec piscine, des logements pour les cadres, une infirmerie, et autres aménagements comme le bureau des entrées avec scanner, des parkings internes et externes.
Aussi, le Centre technique servira de cadre de formation pour les footballeurs débutants et un lieu de perfectionnement pour les cadres du football ; il va abriter une Académie pour héberger 104 jeunes talentueux (filles et garçons) à travers une détection nationale ; il permettra aussi d’économiser sur les coûts de stages à l’extérieur. C’est dire que la construction du Centre va combler les attentes pour le développement du football de haut niveau au Mali.
Que dire de l’érection de sièges pour les ligues de football du Mali sur fonds propre. Aujourd’hui ceci est une réalité de certaines d’entre elles et un rêve en passe de se réaliser pour les autres ligues régionales de football. Quid des subventions accordées aux clubs de ligue 1 Orange ? Grâce à ces sous, ces clubs sont de nos jours bien gérés et les résultats positifs sont là avec la double qualification du Djoliba AC et Stade malien de Bamako respectivement en Ligue des champions (une première pour un club malien) et en Coupe de la Confédération.
Aujourd’hui, face à la menace que la consolidation de tous ces acquis soit retardée ou compromise, il est recommandé d’accorder à Mamoutou Touré dit Bavieux la LIBERTE PROVISOIRE.
El Hadj A.B. HAIDARA