Raymond Kopa : l’ex-mineur devenu pionnier

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Raymond Kopa : l’ex-mineur devenu pionnier
Raymond Kopa

Raymond Kopa, le premier Ballon d’or du football français et héros du Mondial 1958, est décédé ce vendredi 3 mars à l’âge de 85 ans.

Raymond Kopa, premier joueur français à remporter le Ballon d’or en 1958, est décédé ce vendredi 3 mars 2017 à l’âge de 85 ans des suites d’une longue maladie. Héros du Mondial 1958 organisé en Suède, où il conduit les Bleus en demi-finale, il est aussi un pionnier du professionnalisme dans le football hexagonal en inversant le rapport de forces entre le joueur salarié et le club employeur. Pour son transfert d’Angers à Reims, en 1951, ce fils d’immigré polonais, ancien mineur, n’hésite pas à faire monter sa prime à la signature à 500 000 francs alors qu’il n’a que 20 ans. Il est également le premier Français à évoluer dans un grand club européen, le Real Madrid (1956-59), et remporte trois fois la Coupe des champions (1957, 1958 et 1959) après avoir échoué en finale un an plus tôt sous le maillot de Reims face à cette même équipe espagnole.

Il représente une autre époque du football, celle de l’après-guerre. Au début de sa carrière, il évolue en amateur au club de Nœux-les-Mines et est employé dans le même temps comme mineur par le président de cette même équipe. Les conditions sont rudes. Il voit son doigt sectionné à cause d’un éboulement et parvient à échapper à ce quotidien en finissant deuxième au concours du jeune footballeur en 1949. Sa prestation ne passe pas inaperçue aux yeux des recruteurs du SCO Angers, qui lui offrent un contrat semi-professionnel accompagné d’un emploi d’électricien.
Prime de 500 000 francs
Mais Kopa veut faire du ballon rond un métier à temps plein et fuir définitivement la mine et les travaux manuels. Dans le livre Raymond Kopa, d’hier et d’aujourd’hui (1980), il criait son bonheur d’avoir été un footballeur. « Chaque fois que j’entrais sur un terrain, je me disais : Quand même, Raymond, quelle chance tu as de faire un métier extraordinaire ! Quel sacré veinard ! Imagine un peu que tu pourrais être dans les gradins en train d’admirer deux équipes en attendant l’heure de descendre à la mine. Tu te rends compte de ton bonheur ? »

À l’instar de la négociation de sa prime à la signature, réinventer la hiérarchie a été le credo de ce fils d’immigré polonais. Albert Batteux, son entraîneur à Reims mais aussi en équipe de France, était davantage un ami qu’un patron.

« Il commence toujours ses critiques de match par moi. Même lorsque je viens de réaliser une bonne partie. Toi, Raymond, tu n’as pas fait circuler le ballon assez vite, tu l’as gardé trop longtemps, etc. J’avoue que ces critiques, si minimes soient-elles, me surprennent, m’interpellent. Jamais je ne peux m’empêcher de lui faire la remarque, avant que l’on se quitte. Et il me répond toujours : Je sais, mais si je commence à te critiquer toi qui as été bon, je suis alors plus libre pour critiquer les autres. » Petit gabarit, il s’est distingué par sa virtuosité technique et a été la muse tactique de ce coach pour développer son célèbre football champagne.

 Publié le 03/03/2017 à 09:51 | Le Point.fr

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