Durant sa carrière au Djoliba AC, Soumaïla Diarra dit Izo n’était pas du même avis que ceux-là qui estimaient que son abonnement au banc de touche relevait de l’injustice. Parce que lui-même était convaincu que tous les joueurs, au niveau de tous les compartiments du Djoliba AC, à l’image de Bourama Traoré dit Allah ka Bourama, pouvaient être déboulonnés. Puisque Izo avait de la valeur et savait se faire valoir à chaque fois que l’occasion lui était donnée, les différents entraineurs du Djoliba et de l’équipe nationale tranchaient à leur façon. A défaut d’un rôle de dépositaire, ils lui confiaient le couloir droit ou le confinaient dans un rôle défensif.
En 1978, Soumaïla Diarra dit Izo a appris sa première sélection en équipe nationale, à travers des jeunots du quartier qui ont improvisé un mini carnaval, pour témoigner leur solidarité à l’endroit d’un des leurs. Izo qui n’avait rien compris au départ, finira par savoir que l’entraineur Russe venait de le convoquer en équipe nationale. Bref, l’ancien joueur du COB, du Djoliba et de l’équipe nationale est notre héros de la semaine, dans le cadre de la rubrique ” Que sont-ils devenus ?”. Il nous a reçus à son bureau sis à Bamako Coura.
n rencontrant Soumaïla Diarra dit Izo à son bureau sis à Bamako Coura, notre présence a coïncidé avec la visite d’un ancien joueur international, mais très malade. Il s’agit de l’ex sociétaire du Stade malien de Bamako, Tidiane Konaté dit Konan. L’homme qui souffre de problèmes mentaux ne parle presque à personne. On le retrouve tous les jours assis dans le jardin du Soudan Ciné en train de monologuer. Le retrouver chez Izo nous a beaucoup surpris. Quel était le motif de sa visite ? Quelles sont ses relations avec Soumaïla Diarra ? Celui-ci répond “Konan a aussi commencé au COB. Il était mon intime ami, même avec son transfert au Stade malien. Aujourd’hui, il est malade, c’est dommage et regrettable. Chacun suit son destin. Tous les matins, il vient me donner bonjour au bureau. Même si je suis en retard, Konan m’attend.
On se gère parce qu’il y a un deal entre nous. Quand je suis arrivé en France en décembre 1985, Konan est allé me voir. Je me rappelle comme si c’était hier. Ce jour, nous avons pris du café dans un restaurant. Au moment de se quitter il m’a remis de l’argent, étant donné que je venais d’arriver. Donc en manque du minimum. Est-ce que je peux oublier ce comportement de Tidiane Konaté dit Konan, à mon égard ? Non. Konan est comme pour moi un ministre, tellement je le considère “.
Izo était un joueur technique évoluant au milieu. Il avait le secret de chiper le ballon à l’adversaire, pour ensuite déclencher un tir fracassant et perturber la quiétude du portier.
Après avoir suivi le cursus normal au Djoliba, Izo a été recalé au niveau sénior par l’entraineur Karounga Kéïta. Il ne répondait pas aux critères de Kéké, qui avait plutôt besoin de joueurs véloces, quand on sait qu’à l’époque le jeu des Rouges avait tendance à être plus physique. Convaincu qu’il avait des qualités, Izo a eu du mal à digérer cette décision de l’encadrement technique. Néanmoins, il est retourné à l’équipe réserve, le temps de se défaire des soucis, se trouvant dans l’incapacité de s’adapter aux réalités de son nouvel environnement.
Pendant que ses compagnons, notamment Fagnery Diarra, Mamadou Doumbia dit Ouolof, Sidi Kane, Abdoulaye Sangaré dit Tableau, Boubacar Koné dit UATT, Sadio Cissé, évoluaient avec l’équipe première, Izo abandonnait les entrainements pour retourner dans la rue et évoluer avec la sélection du quartier. Intronisé capitaine au milieu de ses ainés, Izo a contribué à la victoire finale de Bamako Coura, à la faveur de la coupe inter quartier. Ce qui va changer les données. Après cette coupe, Moussa Konaté lui avait demandé de jouer au COB en 1978.
Pour Izo, certes il avait quitté le Djoliba, pour avoir été recalé au second degré. Mais cela n’avait aucune influence sur l’amour de ce club qu’il portait dans son cœur. Donc c’était le Djoliba ou rien. Seulement, une décision familiale l’obligeait à signer sa première licence au COB. Il venait d’échouer au DEF, les dirigeants l’inscrivaient au Centre Père Michel. Les compétitions inter scolaires ont été un tremplin pour se maintenir en forme et intégrer le COB avec des potentialités séduisantes.
Mais problème ! L’entraineur Aly Dienta va éprouver du regret en se passant des services d’Izo, au motif qu’il était un faiblard. Les chaudes larmes du jeune footballeur, ce jour-là, expliquaient son degré d’amertume. Heureusement que le coach s’était ravisé pour lui accorder une chance. Il n’en fallait pas plus pour que l’entraineur du COB se rendît compte d’un pré jugement qu’il aurait dû regretter. Dès lors, Izo était devenu son enfant chouchou. Il lui avait conseillé de s’entrainer deux fois par jour pour améliorer sa condition physique, de mener une vie sportive et surtout d’avoir confiance en soi. Tout se passait bien et Soumaïla Diarra dit Izo a passé deux saisons splendides (1978- 1979, et 1979-1980) avec les Olympiens, avec sa première sélection en équipe nationale en 1979 sous l’égide de l’entraîneur Russe Nicolaï Gologov. Il soutient que son passage au COB a été bénéfique, pour la simple raison qu’il a donné un sens à sa carrière.
Alors, pourquoi avoir quitté ce même club au top de sa forme ? Comment et pourquoi son transfert pour le Djoliba a pris d’autres tournures ? Izo répond ainsi : “A mes débuts, je suis parti du Djoliba sur un échec. Il fallait le réparer. C’est-à-dire retourner et s’imposer. Ce pari je l’ai gagné, mais avec beaucoup de peine. Comment ? Le COB s’est opposé à mon transfert, la Fédération m’a suspendu pour deux ans. Entretemps, les dirigeants du Djoliba m’avaient offert une moto. Décidé à jouer au Djoliba, je n’ai pas cédé à la pression. Karounga Kéïta dit Kéké me conseilla de retourner au COB et s’est engagé à me payer des indemnités en plus de la moto. L’affaire était devenue pour moi une question d’honneur, donc j’ai refusé. Après un an de suspension, mon grand frère, Salif Diarra, qui jouait aussi au COB, a conditionné son avenir dans le club à la levée de ma suspension. Finalement, la situation s’est décantée suite à la réaction de mon frère. J’ai joué mon premier match officiel avec le Djoliba en Décembre 1981, lors du jubilé de Sadia Cissé. Ce jour, Salif Kéïta dit Domingo me conseilla de tenter ma chance en Europe. Compte tenu de l’effectif du Djoliba en son temps, le seul fait d’être remplaçant relevait du luxe. Je me suis habitué à l’atmosphère jusqu’à gagner ma place de titulaire. C’est ainsi que j’ai été régulièrement sélectionné en équipe nationale, avec les différents entraineurs, Nicolaï Gologov, l’Allemand Steve Manfred, Mamadou Kéïta dit Capi et Kidian Diallo “.
Le seul fait d’être convoqué par tous ces techniciens mettait en évidence sa valeur intrinsèque. Malheureusement, son parcours en équipe nationale sera entravé par des blessures incessantes. L’enfant de Bamako Coura reste fataliste sur son sort car il refuse de tendre oreille à ceux qui estimaient que ses blessures n’étaient pas gratuites. Autrement dit, elles relevaient du mauvais sort jeté par des individus de mauvaise foi. Au Djoliba, il a remporté deux coupes du Mali (1981 contre l’AS Réal et face au Stade malien de Bamako en 1983), deux titres de champion (1982, 1985).
Le 12 décembre 1985, Soumaïla Diarra dit Izo partait sur la pointe des pieds en France pour tenter sa chance dans le professionnalisme. Au même moment, il apprenait en fond sonore à la radio, à partir de l’aéroport Senou, sa convocation en équipe nationale. Mais il avait fait son choix : s’exiler dans l’hexagone. Une fois en France, il a évolué dans divers clubs : Compiègne, FC Mandelieu près de Caen, FC Massy où il découvre du bonheur pour avoir passé son diplôme d’entraineur, géré le centre de formation et coaché l’équipe. Seulement, au firmament de sa forme, une double fracture à la cheville va s’inviter dans le débat. Au bout de ce mal qu’il a dû supporter quelques années, Izo décida de tout arrêter pour rentrer au pays avec des projets. Pourquoi a -t-il décidé de retourner contrairement à d’autres ?
L’enfant de Bamako Coura est formel en affirmant que chaque chose a son temps. Il faut savoir prendre certaines décisions à temps, surtout qu’il a perdu une sœur et un frère, sans pour autant avoir l’occasion d’assister à leurs obsèques parce qu’ils sont tous décédés quelques jours après son départ de Bamako. Face à de tels événements malheureux, il s’est dit que le mieux serait de s’approcher de la famille.
Une fois au Mali, il monte une entreprise de commerce général et se lance dans la bureautique avec un Français. Aujourd’hui, il ambitionne de faire du Mangement sportif. Pour le moment, il en est à la phase de conception des différents paramètres.
Comme bons souvenirs, il évoque sa première sélection en équipe nationale en 1979, le match des éliminatoires de la coupe du monde le 10 avril 1983 contre le Maroc à Casablanca où un certain Mery Crimo avait exécuté les Aigles (score final 4 à 0) et sa première coupe du Mali en 1981, tous ces bons moments passés en équipe nationale, au Djoliba et surtout lors de son séjour en France.
Au tableau des mauvais souvenirs, Soumaïla Diarra dit Izo se rappelle de ses blessures au COB, au Djoliba et surtout en équipe nationale.
Marié, il est père de trois enfants dont un garçon.
Dans la vie, l’homme a toujours besoin de quelqu’un pour faire son chemin. C’est à ce titre que Soumaïla Diarra tient à rendre hommage à la famille du COB d’avoir forgé ses premiers pas et fait de lui ce qu’il a été. Cet hommage est aussi adressé à son grand frère, Abdalla Sissako, à Alou Bagayoko, ancien international malien, au Dr Rudy Gerby (Kiné à Strasbourg) pour leurs différents soutiens durant sa carrière footballistique au Mali et en France. Cela s’appelle reconnaissance ! O. Roger Sissoko
Un véritable modèle de respect de générosité et de dignité
Pas comme ces P€R-V€RATcAILLATLANTI$T€$ …
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