Le football et le basket-ball, dans une large mesure, dominent depuis longtemps l’actualité sportive malienne parce qu’ils bénéficient de plus de subventions de l’Etat pour des résultats probants. Les autres disciplines (le judo, le tennis, le volley, l’athlétisme, etc.) subsistent grâce au courage et à la perspicacité des membres de leurs fédérations et joueurs respectifs. Le journal “Podium”, dans la diversité de sa ligne éditoriale, ne manquait pas de réserver au moins une page à chaque discipline sportive selon l’actualité. Lorsque nous faisions nos premiers pas dans la presse, notre mentor et chef du desk sport du quotidien “Le Républicain”, Sékou Tamboura, nous a demandé un travail, c’est-à-dire la réalisation d’un dossier “Nos fédérations sportives en question”. Il fallait vivre au quotidien et sans complaisance les différentes fédérations. L’une d’elle en son temps, celle du tennis, a retenu notre attention par sa simplicité dans la pratique. Dirigée par Mohamed Traoré, cette Fédération se décarcassait tant bien que mal pour donner un renom international à la discipline. Deux tennismans dominaient l’actualité : Sékou Dramé et Sékou Diabaté. Après avoir porté haut le flambeau du tennis malien, ils ont pris leur retraite. L’histoire retiendra que ces deux jeunes ont valorisé notre tennis. Nous avons retrouvé pour la rubrique “Que sont-ils devenus ?”, Sékou Diabaté. Il réside en Belgique depuis des années, et continue de vivre le tennis, pour avoir créé un centre de formation pour enseigner les B.a.-ba de la discipline aux jeunes. Plusieurs fois champion du Mali, Sékou Diabaté a eu l’avantage de pratiquer le tennis dès l’adolescence, le coup de piston de la Fédération internationale de tennis a fait de lui une référence de son pays. Comment ce jeunot a aimé le tennis ? Quelle fut sa carrière ? Comment et pourquoi il s’est exilé en Belgique ? Quels conseils aux autorités pour l’essor du tennis malien? L’ancien champion du Mali a bien voulu nous accorder une interview pour parler de tous ces détails.
Quelle la personne qu’il n’est prêt d’oublier dans sa vie ? Sékou Diabaté ne cherche pas loin pour lâcher le nom d’un certain Mamadou Kéita dit Gomez, entraîneur de tennis. Il retient qu’il lui doit sa réussite, bref son parcours riche et honorable revient à ce monsieur, qui a veillé sur lui comme le lait sur le feu. Le technicien a compris que Sékou Diabaté devait être préservé, et pour la circonstance ; il n’hésitait pas à monter la garde devant la maison de son joueur afin que celui-ci ne soit entraîné dans un certain labyrinthe par ses camarades de mauvaise foi.
A l’époque, le tennis cherchait ses repères pour se faire une histoire dans les annales du sport malien. Ce qui faisait des jeunes Sékou Dramé et Diabaté des espoirs sur lesquels il fallait veiller. Gomez aura gagné le pari de la réussite du jeunot Sékou Diabaté, qui lui a été d’ailleurs reconnaissant.
Mais la pratique du tennis et les innombrables voyages internationaux ont eu raison des études du jeune Diabaté. Cet état de fait peut s’avérer décourageant et nous a poussés à demander à notre héros de la semaine, si le tennis de façon générale et plus particulièrement au Mali, nourrit son homme ? Sa réponse est teintée de leçon de morale.
“Le tennis nourrit son homme. Dans la pratique du sport, chacun a sa chance. Pour mon cas précis, j’affirme sans ambages que la discipline m’a assuré une indépendance, qui me permet d’entretenir ma famille. Avec mon centre de formation de tennis, tout se passe bien. Autrement dit, le tennis, c’est comme le football ou n’importe quelle discipline sportive, tout dépend de la perche qui te sera tendue afin que tu la saisisse pour ensuite faire bon usage pour un bon parcours, un bel avenir”.
Des recherches d’experts ont démontré que le tennis fait intervenir de nombreuses qualités physiques : la souplesse, la vitesse, l’endurance, l’équilibre, la force. Tout cela doit être soutenu par un entraînement physique spécifique. Pour résumer les qualités d’un bon tennisman, Sékou Diabaté soutient que le mental y est pour beaucoup, pour la simple raison que le tennis est un sport individuel. En plus du mental, il faut être agile et avoir une sensation de la position du corps dans l’espace.
Dans son exil, il se soucie à présent du devenir et de l’avenir du tennis malien. Sachant bien que le tennis de façon générale n’occupe pas une place de choix dans le gotha des disciplines sportives en Afrique. Pour cela, en plus des infrastructures, Sékou Diabaté exhorte la Fédération malienne de tennis à mettre un accent particulier sur la formation et l’encadrement des jeunes, pour un avenir promoteur du tennis malien.
Pour son soutien, il affirme sa disponibilité à accompagner le bureau fédéral de tous les moyens qu’il disposera pour manifester sa bonne foi et sa reconnaissance à ceux qui ont de lui Sékou, ce qu’il est aujourd’hui.
Qu’est-ce qui explique cet amour pour le tennis ? Comment et pourquoi le tennis ?
L’amour de Sékou Diabaté pour le tennis est consécutif à l’idolâtrie de son cousin David Diarra, tennisman de son état. Il est évident que le football était aussi son jeu préféré, le pur hasard le déviera sur un espace aussi réduit qu’un terrain de football.
Ses témoignages sur les retombées du tennis neutralisent toutes les questions tendant à faire un parallèle qui s’oppose à un éventuel regret pour le choix du tennis. Agé de seulement 11 ans en 1985, il assiste son cousin David aux entraînements, avant de se convertir en ramasseur de balles, sous la houlette de son père qui l’amenait au Tennis club de Bamako Coura.
Le décès de son père en plus d’être un coup dur, le requinquera pour relever le défi. Spectateur, ramasseur de balles, Sékou Diabaté décide de pratiquer le tennis. Les entraînements individuels ont fini par faire de lui un joueur aguerri, pour remporter le championnat national minime (saison 1985-1986). Cela débouche sur la Can de tennis à Dakar, il tombe en demi-finale et se contente du trophée de meilleur joueur.
Dans l’adolescence déjà, Sékou fait le tour du monde, de telle sorte qu’il ne retient pas tous les événements liés à ses déplacements. Nous citons entre autres : le Tournoi de la Zone II, le Tournoi international du Japon et un stage dans le même pays, mais à l’université de Kobe, deux Can au Zimbabwe et en Afrique du Sud, des Jeux africains à Johannesburg, etc.
Il a été dix fois champion du Mali et a bénéficié d’un stage de la Fédération malienne de tennis en France. Un de ses cousins en vacances au Mali a appris cette nouvelle à la télé et sauté sur l’occasion. Il l’hébergera et l’intégrera dans son club pour toute la durée du stage. Au bout d’un an la collaboration prit un sérieux coup, et Sékou Diabaté est retourné à Bamako pour reprendre les activités. Il confirmera sa suprématie jusqu’en 1996, date à laquelle il s’est envolé pour la Belgique. Comment ?
“Je suis parti dans ce pays par l’intermédiaire de ma femme que j’ai connue en France lors d’une compétition de tennis. C’est elle qui m’a appelé avec des propositions que j’ai acceptées. Arrivée sur place, nous nous sommes mariés. J’ai intégré une équipe, et par la suite j’ai créé mon centre de formation de tennis. Aujourd’hui Dieu merci, tout va bien. Je ne me plains”.
C’est dans ce même ordre d’idées que Sékou Diabaté soutient qu’il n’a connu que de bons souvenirs durant toute sa carrière, émaillée par de succès au Mali, et à travers le tour du monde. Et cela à grâce aux différents stages organisés par la Fédération internationale de tennis.
L’homme, âgé aujourd’hui de 47 ans, est marié et père d’une fille. Depuis 1996, il vit en Belgique, avec des vacances annuelles à Bamako.
O. Roger
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