Ousmane Diallo dit Petit Sory, après une décennie au Djoliba et en équipe nationale du Mali, s’est exilé en France, où le Paris Saint Germain (Psg), par l’intermédiaire de l’emblématique attaquant sénégalais de Marseille et du Psg des années 1970-1980, Boubacar Sarr surnommé “Locotte”, l’avait sollicité. Une fois dans l’Hexagone, il signe un contrat de deux ans au Psg. Acculé par certains clubs, les dirigeants parisiens finiront par céder l’ancien joueur du Djoliba. C’est ainsi qu’il vadrouillera entre Angers, Mont selle, Bourges et Corbeille. Après tout ce périple, il retourne à la case-départ, le Psg. De là, il s’en va au Gabon pour reconstituer l’attaque électronique du Djoliba AC à l’AS Oprag avec Abdoulaye Koumaré dit Muller. Celui-ci y était depuis quelques années avec Seyba Sangaré “Douroulé” et “Remetter” Sory Kourouma. Au bout d’un an, il dépose ses valises à l’Olympique de Marseille et finit sa carrière en 1994 dans un club de troisième division, Orange. Après un tel parcours, Petit Sory du Mali entreprend des études d’entraineur. Moment pour lui de nouer des relations sincères de travail avec l’ex coach de l’équipe de France, Michel Hidalgo. Aujourd’hui, Ousmane Diallo reconnait qu’il doit tout au football et reste attaché à son pays, le Mali. Dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”, il revient sur ses débuts au Djoliba, sa carrière et son histoire impressionnante en France.
Pour parler de Petit Sory, il faut être d’un certain âge, parce qu’Ousmane Diallo est parti en France en 1982. Et il n’a laissé aucune trace pour le retrouver, à un moment où la télévision n’avait pas encore vu le jour au Mali. Voilà un attaquant virevoltant, très technique et doté d’un sens aigu du but. Il avait le don de déglinguer n’importe quelle défense par ses dribles éliminatoires pour marquer ou pour servir Seyba Coulibaly, Abdoulaye Koumaré “Muller” sur un plateau d’or. Qui ne se rappelle de ce match Djoliba Heart of Oak d’Accra à Bamako où l’enfant de Bagadadji noya son vis-à-vis d’un démarrage spectaculaire, effaça le libéro pour égaliser le but ghanéen !
Non au football ! Mais…
Toujours flingué d’un collier au cou, Ousmane Diallo fait partie des grands attaquants de l’histoire du football malien. Il aurait dû décrocher un contrat alléchant à Rennes, si, selon ses propres propos, son entraineur Karounga Keïta dit Kéké et Tiécoro Bagayoko n’avaient pas bloqué son départ. Il fera alors les beaux jours des Rouges de Bamako avant de s’envoler, finalement, pour la France. Les Parisiens l’ont repéré à l’occasion du jubilé de Salif Keïta. Pour échapper au visa de Kéké, il arrangea tout avec Boubacar Sarr. Une fois en France, Ousmane Diallo tissa sa toile partout où il est passé. Mais avant de revenir sur son aventure française, il serait mieux de savoir comment il a fait ses débuts dans le football.
Natif du quartier populaire de Bagadadji, Ousmane Diallo, malgré le fait qu’il était un enfant doué, n’aimait pas le football comme activité principale. Il était plutôt turbulent. Ce qui poussa ses parents à l’envoyer à Bougouni pour des études primaires.
De retour à Bamako pour les vacances, son frère parla de son cas au président de club du quartier, un certain Madou apprenti. Convoyeur sur le tronçon Bamako-Abidjan, il s’est inspiré du nom de l’Asec d’Abidjan pour baptiser l’équipe de Bagadadji. Une fois dans la famille Diallo, le président s’est buté au refus catégorique de Petit Sory. Il finira par accepter un seul match où l’Asec de Bagadadji devrait rencontrer Africa de Niaréla. Les faits donnent raison à Madou Apprenti qui en savait apparemment assez sur le talent du jeune homme. Ousmane profita d’une balle flottante pour dribbler cinq joueurs, avant d’exécuter le portier. Madou Apprenti, qui ignorait jusque-là son prénom, accourut sur le terrain en criant “Petit Sory !” “Petit Sory !” (sans doute en référence au génie guinéen de l’époque, Ibrahima Sory Kéïta). Depuis ce jour, tout le monde l’appela ainsi.
Après un premier coup d’éclat et face au comportement caractériel du jeune Ousmane Diallo, le président de l’Asec de Bagadadji trouva les moyens de le maintenir à travers des pièces de monnaie. Cette politique du jeune apprenti a produit ses effets. C’est à dire que Petit Sory demeura la vedette d’une équipe dont l’invincibilité était liée à son talent. Seulement, Madou Apprenti sera pris de vitesse par Aly Koïta dit Faye qui lui chipera son petit bijou. En effet, l’homme, qui était en froid avec le Djoliba, avait créé son équipe. L’émergence de Petit Sory lui donna l’occasion de se rapprocher des Rouges. Mais le préalable était son transfert dans son équipe personnelle. Aussitôt proposé, aussitôt rejeté par l’enfant de Bagadadji, qui aimait plutôt vadrouiller dans les rues. Tout comme Madou Apprenti, Faye allait au-delà des mots doux ; il paya des équipements pour Ousmane Diallo et parfois il lui apportait du poulet. Ces gestes ne laisseront pas indifférent le jeune Petit Sory qui mordra à l’hameçon. Faye a réussi son premier coup et le deuxième consistait à lui faire intégrer le Djoliba. Il trouva l’astuce d’un match amical où il invita l’entraineur des juniors des Rouges, du nom de Danger, lequel demanda à Faye de faire transférer toute l’équipe dans les catégories d’âge du Djoliba. L’enfant de Bagadadji profita d’une rencontre de lever de rideau contre les jeunes de l’AS Réal pour enflammer le Stade omnisports. Une démonstration de force qui donna de l’envie aux dirigeants du Djoliba. Mais problème : comment convaincre Ousmane Diallo de signer la licence quand on sait que le jeune est têtu avec comme dernier souci le football ? Là encore, Faye ne manquera pas de moyens pour y parvenir.
Ousmane Diallo signa sa première licence en 1974, en compagnie d’Idrissa Traoré “Poker”, Jeannot, Cheick Haïdara. Il ne resta à ce niveau qu’un an. Kéké, qui suivait les entrainements des jeunes, décida de le convoquer dans la catégorie des séniors. Mais contre toute attente, Petit Sory, toujours dans sa logique de rébellion, n’était plus régulier après quelques séances d’entrainement. Un jour, il escalada le mur pour se réfugier chez son oncle à Daoudabougou. Et pour qui connait Kéké, face à de tels agissements d’un jeune, il ne manque pas de français de la vieille école pour trouver la parade. Puisque personne n’a pu lui fournir une argumentation, Kéké fait un saut dans la famille Diallo. Exacerbé par l’attitude incompréhensible de Petit Sory et vu tout l’effort qu’il a fait pour le jeunot, Faye se trouva dans l’obligation de lui asséner une claque pour le rappeler à l’ordre. Cette belle correction et l’entrée dans la danse de Karounga Kéïta ont été en quelque sorte la solution au cas du jeune Diallo. Dès lors, il adopta le comportement d’un enfant discipliné et sérieux.
Un talent au-delà des frontières
Né avec la technicité, le don du drible, le sens aigu du but, le tout agrémenté par une vivacité hors pair, Ousmane Diallo a conduit l’attaque du Djoliba et des Aigles pendant plus de dix ans, aux côtés de Muller, Seyba Coulibaly et Barou Diarra. Il écopa d’une suspension en 1981 pour un problème de passeport.
Ses explications par rapport au départ de Kéké de l’équipe nationale où on l’accusait d’être en collusion avec ce dernier, n’ont pas suffi pour qu’il échappe à la sentence. Elle ne sera levée que quelques mois plus tard lors du tournoi d’ouverture de la saison. L’une des poules était logée à Gao. Comment rallier la cité des Askia dans les conditions maximales de sécurité ? La seule alternative demeurait l’avion.
A l’époque, le chef d’Etat-major de l’Armée de l’air conditionna l’octroi de l’avion militaire à la levée de la sanction de Petit Sory. La Fédération n’avait d’autre choix que de se plier aux exigences du Colonel.
Le talent de Petit Sory traverse les frontières maliennes. En 1977, l’Ajaccio, la deuxième ville de la Corse après Bastia, l’a contacté pour signer un contrat professionnel. Karounga et Tiécoro Bagayoko se sont opposés. Pour toute explication, Kéké lui promettait un contrat à travers ses propres relations. Ensuite, ce fut le tour de Rennes qui a mûri l’idée de compenser l’absence de Laurent Pokou, l’empereur Baoulé, qui était blessé.
Avec le Djoliba, Ousmane Diallo alias Petit Sory remporta sept coupes du Mali et autant de titres de champion.
Il a également disputé les différentes éliminatoires de coupes d’Afrique des clubs champions, dont une demi-finale en 1980. Son dernier match avec le Djoliba date de 1982 contre l’Union de Douala. La même année, en complicité avec l’international Sénégalais Boubacar Sarr “Locotte”, il laissa Kéké dans sa logique de cajoleur, pour s’envoler pour la France. C’est le Paris Saint Germain qui était sur ses traces, après le jubilé de Salif Keïta. Comme évoqué plus haut, Ousmane Diallo a tourné entre les différentes villes de la France et du Gabon. C’est en 1994 qu’il a mis un terme à sa carrière.
Il profita de l’assistance de Michel Hidalgo pour entreprendre des études d’entraineur. Le fait de se retrouver adjoint de Henry Michel au Mondial français en 1998 n’était pas un fait du hasard. A l’époque, le technicien français entrainait les Lions de l’Atlas du Maroc. C’est dans ce cadre que, des entraineurs suisses, hollandais, Japonais, malaisiens n’ont cessé de demander son assistance lors des différents stages de leurs équipes respectives en France. Il a aussi aidé tous les entraineurs qui se sont succédé à la tête des différentes sélections nationales du Mali comme feu Mamadou Coulibaly, Cheick Diallo, Christian Dalger, Stephen Keshi.
Ce dernier a d’ailleurs passé tout son séjour chez Petit Sory et il a contribué à convaincre de nombreux binationaux de porter le maillot du Mali. Avec tous ceux-ci, il a passé de bons souvenirs lors des stages ou matches de préparation.
Petit Sory soutient que c’est lui qui a dit à Christian Dalger de donner le brassard de capitaine à Mahamadou Diarra dit Djilla. Pourquoi son choix sur l’enfant de Medina Coura ? Ousmane Diallo est formel que Djilla est un meneur d’hommes, qui jouait avec détermination. D’ailleurs, l’ex président de la Femafoot, Boubacar Baba Diarra, à son arrivée, lui demanda de rentrer au Mali pour s’occuper des Aigles. Sous contrat au moment des faits, il a décliné l’offre.
Prêt pour entraîner les Aigles du Mali
Aujourd’hui, est-il prêt à prendre une équipe nationale ? Petit Sory donne une réponse claire : “Quelles que soient mes compétences, je ne serai rien si mon pays n’en tire pas profit. Après avoir porté le maillot national pendant plus de dix ans, où je me considérais comme un soldat sur le front, je ne saurai tourner le dos au football malien. Je vous fais la révélation que j’ai ma candidature à la Fédération malienne de Football. Donc, je suis prêt à répondre à l’appel du pays pour apporter ma contribution à l’essor du football malien. Peut-être que le temps n’est encore pas venu, mais je reste disposé. A chaque fois qu’une équipe nationale du Mali vient en France, j’arrange mon emploi du temps pour me mettre au service de l’encadrement technique. Vous voyez bien à travers la camera que je suis habillé dans les équipements de notre équipe nationale. C’est ma façon pour moi de démontrer que rien ne vaut le Mali. Pour ce qui est de mes bons souvenirs dont vous avez fait allusion, ils se résument au nombre de fois que j’ai porté le maillot du Djoliba et des Aigles. Mes blessures suivies d’une intervention chirurgicale en France grâce au ministre des Sports N’Tji Idriss Mariko sont mes mauvais souvenirs”.
Quel plaisir trouvait-il au collier ? Etait-ce un gris-gris ? Dans un éclat de rire, Ousmane Diallo nous dit que la question lui rappela feu Lassine Soumaoro qui en son temps lui avait posé la même question. En réalité, véritable gentleman, il jouait avec les chaines en or qui se perdaient dans les duels avec les défenseurs. Un jour, sa petite amie lui offrit un collier qui est devenu sa source de motivation sur le terrain.
Actuellement consultant de plusieurs clubs français, Petit Sory dirige également un centre de formation de jeunes. Marié à une Française, Ousmane Diallo a un enfant du nom de Kevin Diallo, un véloce de 1,88 m, très doué en basket-ball. Et c’est avec conviction que Petit Sory affirme avoir dit à son enfant de se préparer pour jouer avec le Mali. Donc, en aucun cas, il ne doit répondre aux convocations dans les sélections françaises.
Alors, le nouveau bureau fédéral de basket dirigé par Harouna Bagna Maïga est ainsi informé, pour toutes fins utiles.
O. Roger SISSOKO
Un talent incroyable élégant charmeur c’était vraiment du foot
C’est quand le foot avait ce gout spécial…
Ah quel beau souvenir du football malien ! L’article est formidable et nous replonge encore dans le passé. Merci pour le journal Aujourd’hui Mali et bon courage.
Comments are closed.