A propos de Moussa Coulibaly les uns et les autres auront tendance à travailler leurs méninges pour le situer dans leur esprit. Il faut seulement se rappeler de ce jeune stoppeur qui s’est illustré à l’ASB par les frappes lointaines. On retient qu’il fut un joueur emblématique qui a fait les beaux jours de l’ASB avant de s’expatrier dans le championnat algérien où il a encore brillé de mille feux. Pendant de nombreuses saisons, il a composé et animé brillamment avec Boubacar S. Koné dit Tory la charnière centrale de l’ASB. C’est justement la même paire centrale qui conduisit le Mali aux Jeux olympiques d’Athènes 2004 avec des noms comme Cheick Oumar Bathily, Drissa Diakité, Boucader Diallo, Adama Tamboura, Mohamed Lamine Sissoko dit Momo, Mamadou Diallo, Jimmy Kébé, Dramane Traoré dit Rivaldo et autres. L’ancien international a bien voulu passer dans la rubrique “Que sont-ils devenus ?”, pour parler de sa carrière et de sa retraite. L’entretien s’est déroulé à Kati, son fief de tous les temps.
Si les Pays-Bas et le Brésil ont eu respectivement Ronald Koeman, Roberto Carlos et Branco, le Mali et l’ASB ont eu Moussa Coulibaly. Ces quatre défenseurs ont en commun, le pouvoir de débloquer un match par un coup franc millimétré, avec une frappe à écorner un taureau.
Moussa Coulibaly était un défenseur central aux qualités rarement égalées. Teigneux, il savait allier rigueur et efficacité. Doté de nombreuses aptitudes qui lui permettaient de se mettre au service du collectif, il a tenu ses rôles au niveau défensif. Souvent dans un dépassement de soi, il fut un buteur dans les situations inespérées, offrant de précieuses victoires aux siens.
Les souvenirs sur ce plan sont nombreux dans le championnat ou la Coupe du Mali. Bref, Moussa Coulibaly était l’un des symboles de résilience et d’efficacité de la génération dorée de l’ASB qui s’était hissée au sommet du football national dans les années 2000. Pétri de qualités, on retient que Moussa Coulibaly est un défenseur rugueux et intraitable, doté de qualités athlétiques et d’une frappe de balle surpuissante.
Pourquoi ne pas lui demander son secret et son savoir faire dans l’exécution des coups francs. L’enfant de Kati soutient que ses frappes expriment son amour du jeu de Roberto Carlos, l’ex-latéral gauche international du Real Madrid. Aussi il a forgé la qualité de “ses missiles sol air” depuis le début de sa carrière au Mamahira de Kati. Moussa ajoute que ses coups francs sont encore plus percutants quand il porte des chaussures plastique de marque “Yoro”. En Algérie, son record de but marqué sur une distance de 42 m n’est pas encore battu. Nous en détenons la vidéo.
Molo le mentor
Sur un tout autre plan en relation avec notre héros de la semaine, il faut surtout saluer la bonne initiative des autorités communales de Kati d’avoir baptisé le Complexe sportif de Sananfara du nom de Molobaly Sissoko. L’homme en plus d’être ancien sélectionneur des Aigles du Mali et de plusieurs clubs s’était investi pour l’avenir et le devenir des enfants et de la jeunesse de la ville garnison. Jusqu’à son dernier souffle, il était à leurs côtés.
Notre héros de la semaine Moussa Coulibaly a passé trois ans dans son centre de formation, avant de transférer au Mamahira de Kati. Né et grandi dans ce cercle, il n’avait pas trop de soucis à se faire pour forger ses débuts de carrière. D’emblée, il est titulaire du milieu de terrain katois. Seulement que Molobaly Sissoko le convertit en défenseur polyvalent.
Le jeunot dit avoir accepté cette permutation, parce que le technicien savait où mettre le pied et il lui faisait confiance. Son ambition de dominer l’actualité du football par sa constance est entravée par la relégation du Mamahira en 2e division. Mais la seule saison en première division lui a valu une présélection en équipe nationale junior pour la Coupe du monde en Nouvelle Zélande. Même s’il n’a pas été retenu pour la phase finale, ce premier acte était pour lui de bon augure.
Fallait-il garder sa forme ? Cela fût effectivement le déclic pour un long séjour en équipe nationale. Ainsi en 2002, il est sélectionné pour le tournoi de la Cédéao à Abidjan, malheureusement la compétition est annulée à cause de la rébellion. Il participe aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004 et la phase finale de la Can-2008, il joue les éliminatoires des Can-2006, 2008 et 2010.
Comment se comporter pour analyser la suite de sa carrière d’autant plus que le Mamahira de Kati est relégué en deuxième division ? Jouer au niveau inférieur ou transférer dans un autre club ? Moussa Coulibaly n’entreprend rien. Et son club réintègre l’élite pour la saison 2000-2001 et perd même la finale de la Coupe du Mali en 2001 à Koulikoro face au Stade malien de Bamako. C’est un véritable coup dur pour le jeunot.
Le Djoliba, le Stade malien et l’AS Réal profitent de la deuxième relégation de l’équipe pour démarcher Moussa. Mais il signe plutôt à l’ASB et dirige l’axe avec Boubacar S. Koné dit Tory. Leur complicité rappelait une autre paire axiale, Lassine Soumaoro-Adou Kanté durant les années de gloire du Stade malien de Bamako (1984-1988). Il passe deux saisons à l’ASB (2002-2004). Le 22 décembre 2004, il débarque en Algérie pour jouer au Mouloudia d’Alger.
Son passage dans cette équipe est couronné par deux coupes nationales, deux super coupes et un titre de champion. A 27 ans, il ne répondait plus aux règlements de la Fédération algérienne concernant les joueurs étrangers. Moussa Coulibaly rebondit à Tripoli pour signer un contrat avec El Haly, le club du fils de Mouammar Kadhafi, Saïd. Très en forme et chouchouté par les supporters, l’enfant de Kati est victime de deux événements malheureux. Lesquels ?
“Il faut préciser que mon arrivée dans ce club portait sur la saison 2010-2O11. Tout allait bien par rapport à l’ambiance et aux meilleures conditions de vie. Au milieu de la saison, j’ai été victime d’une fracture du péroné au niveau du tibia gauche. Subitement, un policier supporter du club me retrouve à l’hôpital, me demande de réclamer mon argent au président du club. Le soir nous sommes allés ensemble, et en cours de route il m’a conseillé de prendre ce que le fils de Kadhafi me donnera comme argent. Effectivement celui-ci me remit une partie de l’argent de mon contrat, et différa le reste au lendemain. Mais le policier me dit de rentrer au pays et qu’il me reviendra après pour expliquer sa démarche. Quelques heures après mon arrivée à l’aéroport international de Senou, les hostilités ont commencé. Et finalement le régime est tombé. Les autres joueurs étrangers que j’ai laissés m’ont accusé de ne les avoir pas informés. Parce qu’ils n’ont pas compris que de l’hôpital je rentre de façon précipitée à Bamako. Malheureusement, ils n’ont pas eu leur argent, et c’est dommage !”
Agent de joueurs
Moussa Coulibaly ne s’est pas laissé dominer par ces coups durs. Il continue le traitement de son pied et investit son argent à travers l’achat de maisons, et une concession rurale qu’il transforme en champ. Une foi guéri son agent négocie un contrat dans le club Al Seed d’Oman. Mais les douleurs l’empêchent de terminer la saison. Il regagne Bamako, pour ensuite s’envoler au Qatar. Là aussi le mal persiste et Moussa Coulibaly se résigne à mettre fin à sa carrière.
Aujourd’hui l’ancien international est devenu un agent de joueurs. Une nouvelle profession qui lui réussit parfaitement. Parce qu’il a placé beaucoup de jeunes joueurs. Son collaborateur, un Algérien d’origine allemande le presse même de créer son propre centre de formation (MC PRO) qui pourrait être un grenier dans le temps pour leur projet.
De ses pérégrinations l’enfant de Kati retient quelques bons souvenirs : la qualification du Mali aux Jeux olympiques d’Athènes en juillet 2003 à Bamako, la Coupe d’Algérie (2005 et 2006) après vingt trois de disette du club dans cette compétition, la Ligue des champions arabes à Djeddah où il rencontre le Brésilien Denylsson. Sa fracture du pied est son seul mauvais souvenir.
Dans la vie Moussa Coulibaly aime l’agriculture, l’élevage et le sport. Il déteste le mensonge. L’homme est marié et père de deux filles.
O. Roger