Il s’appelle Moussa Coulibaly comme celui qui a fait les beaux jours de l’ASB et de l’équipe nationale (il est déjà passé dans la rubrique “Que sont-ils devenus”). Ces homonymes avaient une qualité extraordinaire sur le terrain qui changeait le cours même du jeu. L’un était un artificier qui pouvait marquer des coups francs sur plus de 40 m. L’autre, notre héros de la semaine et ancien international du Stade malien de Bamako, était un bon tireur de penalty. Pour accentuer le distinguo il est surnommé “Moussa Chinois”. Quelle fut sa carrière ? Pourquoi a-t-il mis un terme à sa carrière de façon prématurée ? Comment il vit cette retraite ? Le vainqueur de la Coupe Caf en 2009 revient aussi sur les secrets du sacre des Blancs de Bamako.
La génération de Moussa Coulibaly est la troisième qui a écrit la plus belle page de l’histoire du Stade malien de Bamako. La première est celle qu’on a surnommée “Le Jardin d’enfants”. A l’époque, l’entraîneur Ben Oumar Sy, excédé par les mauvais résultats du club fait monter les juniors dans l’équipe senior, d’où l’appellation “Jardin d’enfants”.
Certains dirigeants et supporters, pas trop contents de cette option finiront par donner raison au technicien parce que ces juniors ont assuré la relève après la saignée provoquée par le départ pour la France des ténors du Stade malien en 1974 : Mamadou Kéita dit Capi, Cheick Fanta Mady Diallo, Moussa Traoré dit Gigla, Issa Yattassaye, Mamadou Fané.
La seconde génération pilote des Blancs a réalisé le premier doublé au Mali (juin 1984). Elle fut forgée par feu Mamadou Kéita dit Capi quelques années plutôt. Enfin le groupe de 2009 auquel appartient Moussa Coulibaly boucle pour le moment la boucle pour avoir remporté le premier trophée continental.
Moussa Coulibaly était un jeune stoppeur très teigneux et vigilant au marquage strict. Peu bavard, il se distingue par son sérieux. Son secret de réussir à tout bout de champ un penalty rappelle un certain Idrissa Traoré dit Poker.
Durant sa longue et riche carrière, il n’a raté qu’une seule fois un penalty. Notre héros de la semaine, un spécialiste aussi, attribue ce savoir-faire par l’application et la concentration.
Application
Pour lui, un homme doit tout prendre au sérieux. Précisément, il ajoute qu’un joueur est revêtu d’une mission à exécuter pour être tranquille avec sa conscience. Il marque donc l’ultime but de sa carrière sur penalty, face au Djoliba AC en finale de la Coupe du Mali le 23 septembre 2018. Ce jour-là, les Blancs se sont imposés (2-1).
Après les heures de cours d’école, le football était sa principale occupation dans le quartier emblématique de l’Hippodrome. Déjà très jeune, ses aînés lui faisaient appel, pour combler un vide dans l’axe central. Aujourd’hui Moussa Coulibaly soutient n’avoir pas regretté de jouer au Stade malien de Bamako. Parce qu’il a réalisé le plus grand succès sportif de sa vie en remportant la Coupe Confédération africaine de football (Caf) un 5 décembre 2009.
Lors de ce match de qualification, les joueurs ont demandé aux dirigeants de leur accorder quelques minutes. C’est là où nous avons tenu une réunion de prise de conscience par rapport à l’histoire du club, les efforts des dirigeants et le soutien des supporters. L’envie du trophée est née le jour où le Stade s’est imposé au Nigeria contre le Bayelessa.
Après avoir été menée en première période, l’équipe a renversé la tendance. Au retour de la délégation à Bamako, chacun a entrepris des entraînements individuels. En ce temps pas de primes, mais les jeunes avaient l’envie de renom. Voilà que nous avons foncé, et au bout du fil l’exploit nous attendait. C’est le lieu pour moi de rendre hommage au doyen Sadio Baba Cissé, pour son sens élevé de la responsabilité, sa sagesse. Gloire au président de la République, feu Amadou Toumani Touré, pour son implication !!!”.
Esprit de club
En plus de ce côté historique, faut-il rappeler que Moussa Coulibaly a également joué en équipe nationale directement après le sacre des Blancs. Il a participé au Championnat d’Afrique des nations joué au Soudan en 2011, au tournoi de l’Uémoa à Dakar, ajoutées à ces échéances les éliminatoires de la Can de 2013.
Moussa Coulibaly est arrivé au Stade malien de Bamako en étant cadet lors de la saison 2003-2004. Devenu junior au bout de deux ans, son ascension immédiate ne lui fait pas que du bien. Il ne se sent pas à l’aise : complexe ou manque de confiance en soi ? Rien de tout cela. Cependant, il décide de retourner volontairement à la catégorie junior, pour rebondir un an plus tard (saison 2006-2007).
De son arrivée à son départ temporaire, Moussa Coulibaly passe neuf saisons dans son club de cœur. Il remporte deux titres de champions (2010, 2011) et une Coupe du Mali en 2018. En 2012, il décroche un contrat de trois ans en Algérie pour le compte de la JCMB. Au même moment, il met au second plan son propre intérêt. Comment ? “Le Widad Athletic Club de Casablanca m’a aussi contacté en même temps que les Algériens. Loin de tomber dans un dilemme, j’ai plutôt demandé aux dirigeants d’analyser les tenants et les aboutissants des deux propositions, pour dégager l’intérêt du club le plus rentable”.
En Algérie, Moussa Coulibaly ne remporte pas de titres, mais devient le meilleur joueur de la saison de son club en 2015. Un an plus tard, il échoue dans sa tentative de s’exiler dans le Royaume chérifien. Ainsi, il rejoint sa famille d’origine. En 2018, il met un terme à sa carrière. Il estime que chaque chose à son temps.
Est-ce évident qu’il réalise encore un tel exploit durant le reste de son parcours ? Aussi l’âge se faisant sentir, il se donne la latitude d’évoquer ses bons souvenirs : la Coupe Caf de 2009, sa dernière finale de Coupe du Mali de 2018. Son seul mauvais souvenir consécutif à un carton rouge contre les 11 Onze Créateurs en 2010.
Moussa Coulibaly est marié et père de cinq enfants. Après sa retraite il crée un centre de formation de jeunes “Hippo Foot”, et s’occupe du champ familial sis à Diago. Dans la vie, il aime sa famille, l’élevage et déteste les querelles, les mauvais comportements.
O. Roger Sissoko