Ancien international de basket-ball, Mamadou Dieng fait partie de cette génération qui a révolutionné à sa manière la discipline. C’est-à-dire l’époque où le paradoxe incarnait notre sport de façon générale : peu de moyens, exigences de bons résultats. Son groupe a tant bien que mal tenu le coup en participant à quatre championnats d’Afrique de basket-ball. Ex sociétaire du Djoliba AC, avec un bref passage au Réal, il a également écrit les belles pages de l’AS BIAO.
Say a appris les B.a.-ba de la balle au panier au début de sa jeunesse. Certes sa morphologie définit son parcours extraordinaire, mais l’ambition en est aussi un facteur déterminant. Avec ses deux mètres, il avait plutôt commencé par le hand-ball avec un de ses amis, Idrissa Sérémé, au stade Omnisports.
L’entraîneur du Stade malien Amadou Daouda Sall résume sa pratique de cette discipline à une perte de temps. Il conclut que ses potentialités le prédestinent au basket-ball. A travers Sérémé, il conseille à Say de jouer au Stade malien de Bamako ou, à défaut, un club quand même.
Le technicien se rend par la suite à une évidence : l’amour de Mamadou Dieng pour le Djoliba, dont un grand supporter Batiolo Bah s’échine à le transférer lors de la saison 1982- 1983. Il se fait vite remarquer par Boris, un technicien coopérant russe qui assiste les différents entraîneurs de clubs et des équipes nationales du Mali.
Il lui dit ceci : “Si tu acceptes de souffrir pendant deux semaines, je ferai de toi l’un des grands basketteurs d’Afrique”. Say se met à la disposition du coach russe pour le temps requis. Deux matches avec le Djoliba lui ouvrent les portes de l’équipe nationale junior pour le tournoi de la Zone II à Banjul.
Comment ce déclic déclenche sa carrière ? Quelles sont les motivations de ses différents transferts ? Pourquoi Say opte pour une retraite sportive anticipée ? Les raisons de son départ pour l’aventure ?
Mamadou Dieng nous a accordés une interview dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”
Pour l’animation de ce numéro de la chronique, il convient d’emblée de reconnaître la disponibilité et la gentillesse du héros de la semaine, Mamadou Dieng dit Say. A telle enseigne que l’entretien s’est déroulé dans un véhicule, moteur en marche pour maintenir la climatisation et éviter les bruits de la circulation.
Parce qu’à l’heure h, il n’était pas sur place dans la grande famille, sise à Badalabougou. Nous fûmes obligés de le rejoindre à Baco Djicoroni-Golfe, où il était pour d’autres raisons. Une chose est claire, au journal Aujourd’hui Mali aucun effort n’est de trop, pour la survie de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”
Dans l’enfance Mamadou Dieng était attaché à un vieux soninké du nom de Mamadou Say Namarinté. Un jour, il a disparu et les parents l’ont cherché partout. En vain. Avant de se rendre compte qu’il était avec son idole, où il passa la nuit. Depuis ce jour une vieille maman de sa famille le surnomma “Say”.
Un perfectionniste
L’interview de Say nous permit de comprendre que son parcours et sa réussite, loin d’être un concours de circonstances où même du pur hasard, ont pour socle originaire deux assertions : “La compétition n’entretient pas la médiocrité”, “Tout risque conduit à une précaution”.
La première compétition internationale de Say posera donc les sillons du parcours d’un jeunot qui avait des qualités. Oui, évoluant comme pivot, Say détenait le secret d’une détente sous le cerceau.
Très discipliné dans les différents systèmes de jeu, il s’est spécialisé en contre défense. Prompt sur les rebonds, il portait l’estocade à l’adversaire dans les ultimes minutes. Les aînés qui l’ont connu se rappellent aujourd’hui de l’ambiance créée par l’arrivée de ce jeune mince à l’AS Réal de Bamako. Les trois saisons passées au Djoliba (1983-1986) n’ont pas permis au jeune Mamadou Dieng d’évaluer son avenir. Il a eu au moins la satisfaction morale d’avoir porté son équipe de cœur.
D’autres facteurs précipitent son transfert au Réal. Lesquels ? “Je me suis dit que le changement symbolise la réussite. L’équipe masculine de basket-ball du Djoliba avait montré ses limites, faute de moyens adéquats. Or j’avais des ambitions. Autre motivation : ma confiance à Emile Fofana dit Zito, entraîneur des Scorpions. Sans oublier que sa réussite reposait sur mes camarades d’enfance, Séga Kanouté, Abou Diakité, Adama Dembélé. Voilà des facteurs qui m’ont poussé à transférer au Réal parce que l’homme qui ne rêve pas, ne bouge pas. Or j’avais des ambitions et des atouts à faire valoir, c’est-à-dire que je rêvais. Il fallait éviter que ce rêve soit un cauchemar. Donc il fallait foncer”.
Il reste au Real une seule saison (1986-1987), sanctionnée par une Coupe du Mali. Les opportunités ont pris le dessus sur l’espoir suscité par sa venue dans la famille des Noirs et blancs. Copté par l’AS BIAO pour un tournoi au Burkina Faso, les dirigeants de la banque en profiteront pour négocier son transfert. Say saute sur l’occasion matérialisée par son embauche avec un salaire et des primes de matches garanties. Surtout qu’il détenait un Cap d’état en comptabilité.
Il deviendra alors l’un des éléments clés de cette équipe de l’AS BIAO qui, à un moment donné a dominé le basket-ball malien : une Coupe du Mali (1992), un titre de champion (1993).
Victime des orientations administratives, à la suite d’une vague de mutations, l’équipe de cette prestigieuse banque s’éteint comme un pétard de fin d’année. Une situation brutale qui créa la psychose de tous ces jeunes joueurs ambitieux et leur encadrement.
Déboussolé par cette cassure, Mamadou Dieng met un terme à sa carrière le 28 septembre 1993 parce qu’il n’était plus sûr de gagner les mêmes retombées au Réal ou au Stade malien de Bamako.
Son parcours du Djoliba à l’AS BIAO est logiquement le revers de la médaille pour sa constance en équipe nationale, pendant sept ans (1986-1993). Il a participé à quatre phases finales de championnat d’Afrique masculin : Tunisie (1987), Angola (1989), Egypte (1991) où il est élu deuxième meilleur joueur d’Afrique (ce jour-là il dit s’être rappeler du technicien Boris), Nairobi (1993), en plus des éliminatoires des Jeux africains, auxquels le Mali a été stoppé par le Sénégal en 1987. Après le basket-ball Say pratique le taekwondo au Camp Para de Djicoroni et au dojo du lycée Askia Mohamed.
250 kilomètres parcourus par jour
Entre-temps, il créera une entreprise de commerce général. Un business qui lui permet d’asseoir son indépendance financière à travers les gros marchés qu’il a pu obtenir çà et là dans l’administration publique. Laquelle réussite orienta ses affaires vers Kinshasa, où il s’installa de 1999 à 2002.
Pourquoi ne pas explorer une nouvelle aventure ? Parce que, selon lui, la vie est un processus d’amélioration continue. Voilà que Say débarque à Paris avec l’ambition de jouer ou d’être entraîneur de basket-ball. Cela n’ayant pas été concluant, il décroche un emploi dans une entreprise de sécurité rapprochée en 2003.
Trois ans plus tard, Say va créer une entreprise de nettoyage et de prestations de services. Nommé au même moment directeur d’exploitation de sécurité, il finit par acquérir ladite entreprise. Aujourd’hui, il dirige les deux unités économiques autonomes. Des responsabilités qui l’obligent à parcourir 250 km par jour, pour la coordination des activités. Say a-t-il aujourd’hui le sentiment d’avoir réussi sa vie ? Comment se compose la nomenclature de ses souvenirs ?
L’ancien international de basket-ball dans sa réponse marche dans un champ jonché d’épines. Un exercice qui demande plus de précautions. “En tant que musulman, je remercie le bon Dieu pour ce qu’il m’a donné. La vie est un éternel combat. Donc jusqu’au dernier souffle, ce combat continue. Il serait imprudent pour moi de déclarer que ma vie a été une réussite. Je continue de me battre pour ne pas faillir. A ce niveau, on ne saurait étiqueter sa vie de «réussite». Mes bons souvenirs concernent mon passage au Djoliba et cette victoire sur l’Usfas à Sikasso en championnat, le sacre de l’AS BIAO en coupe du Mali. Les mauvais souvenirs, sont au nombre de trois : la défaite des Aigles au Championnat d’Afrique contre la République centrafricaine en 1989, la défaite de l’ASBIAO en finale de la Coupe du Mali (1993), et la mort de l’équipe de l’AS BIAO”. Mamadou Dieng dit Say est marié et père d’un enfant. Dans la vie, il aime sa famille, le sport et la lecture. Il déteste l’hypocrisie, l’injustice et la malhonnêteté.
O. Roger Tél 00223 63 88 24 23
Un voisin, camarade d’enfance a Medine, ma dernière rencontre avec lui en Août 91 a l’aéroport de Dakar, je m’envolais sur les USA et l’équipe nationale de Basket-ball en transit via Cap Vert. Bon vent mon frère, ne baisse jamais les bras, du courage.
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