Que sont ils devenus… Malick Tandjigora : Flash-back sur un renard des surfaces qui a fait les beaux jours de l’AS Réal

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En demandant à Malick Tandjigora s’il n’a pas désobéi aux injonctions de son père, liées aux principes notoires des Sarakolés ? Il dit non et se défend par l’amour et la passion qu’il éprouvait pour le football. En réalité, son père ne voulait pas du tout qu’il jouât au ballon, sa place était dans un premier temps au marché, et plus tard l’aventure devait se charger de lui apprendre d’autres facettes de la vie. Mais le jeune Malick Tandjigora a trouvé tous les moyens, pour respecter les instructions de son père, mais tout en se donnant un temps de divertissement à travers le football, et jusqu’à devenir une icône. Pourtant le vieux Tandjigora était informé des exploits de son fils, à travers Radio-Mali. C’est au moment où l’équipe nationale junior devait aller à la Coupe, qu’il s’est résigné à comprendre et à faire des bénédictions pour son enfant Malick Tandjigora. Qui est ce jeune renard de surface de l’AS Réal ? Comment il a émergé ? Quelles sont les causes réelles de l’échec des pourparlers avec l’AS Saint Etienne ?  Comment et pourquoi a-t-il opté pour l’aventure ? Les réponses justes à des questions précises, Malick Tandjigora les a données dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”.

Les Sarakolés sont généralement réputés pour leur penchant pour le commerce et l’aventure. C’est pourquoi le vieux Tandjigora ne voulait pas que ses enfants jouassent au football. Il ignorait que Malick quittait tôt le marché pour s’entrainer dans son club de quartier, le FC Allemagne de Missira. Et c’est là qu’il sera repéré, par Aly Koïta dit Faye, entraîneur des catégories d’âge du Djoliba, et Salif Kéïta dit Domingo.

Le premier le voulait dans son centre de formation, et le second était à la recherche de jeunes talents pour réaliser son ambition de politique de jeunes.

Très jeune à l’époque Malick a produit un football séduisant, qui mettait en évidence ses qualités d’attaquant de classe exceptionnelle. Après cette rencontre, Faye le prit de côté et lui donna rendez-vous pour le lendemain au stade Omnisports, où le Djoliba cadet devait jouer en lever de rideau. Malick en répondant à l’appel, s’attendait à tout sauf à être aligné du coup.

Le technicien Faye n’a pas manqué d’astuce pour convaincre le jeunot à enfiler le maillot rouge. Après avoir effectué  quelques séances d’entraînement au stade Mamadou Konaté, Malick était confronté à un certain nombre de problèmes : la démotivation de son entourage, et la distance du terrain d’entraînement. Ses proches soutenaient aussi qu’il serait toujours considéré comme un étranger au Djoliba.

Influencé par ces deux facteurs, le dorlotement de Faye a retenu quelques mois Malick Tandjigora, parce qu’il estimait que le technicien ne méritait pas un comportement ingrat de sa part. En 1985, le tournoi de Salif Kéita entre les différents quartiers du district de Bamako chamboula tout.

Faye-Domingo : le match dans le match

Dans l’équipe de Missira qui a atteint les demi-finales, un jeune a marqué les esprits. Il s’appelle Malick Tandjigora, il n’a que 17 ans. Domingo entreprend des négociations par personne interposée afin qu’il intègre les catégories d’âge de l’AS Réal. Son admission au sein des juniors des Scorpions ne l’a pas enchanté. Le Djoliba l’intéressait toujours, et Faye n’avait pas dit son dernier mot. En plus des petits cadeaux, il cajolait Malick pour le convaincre de rester au Djoliba. Mais, le projet de politique de jeunes de l’ancien Ballon d’or finira par gagner son cœur. Il opta de rester au Réal en ce début de saison 1986-1987.

Malheureusement, Salif Kéita ne s’est pas entendu avec la Fédération malienne de football, et son projet était d’emblée mort-né. L’initiative a eu quand même l’avantage de construire par-ci par-là la crème de la véritable équipe junior de la génération de 1988 avec les Amadou Bass, Sory Ibrahim Touré, Elie Traoré, Oumar Guindo, Mamoutou Tolo, Habib Sangaré et autres.

A l’occasion de la finale de la Coupe du Mali qui a opposé le Réal au Sigui de Kayes en 1987, Salif Kéita demanda à l’entraîneur Idrissa Touré dit Nany de mettre Malick Tandjigora sur la feuille de match, même s’il ne jouera pas. Selon le joueur lui-même, le coach des Scorpions n’a pas voulu aller dans ce sens. Le vent de la défaite des Réalistes emporta par la suite Nany.

Mais avant les cadres de l’équipe moralement aplatis n’ont pas jugé nécessaire de jouer la rencontre de demi-finale de la Coupe BMCD. L’alibi est tout trouvé pour Salif Kéita pour tester les jeunes sur lesquels il fondait un réel espoir. Convoqués pour compléter l’effectif de l’AS Réal, les juniors composés de Binké, Malick, Elie Traoré, Souleymane Sangaré sont bloqués à la porte du stade Omnisports au motif que le match de lever de rideau est terminé, c’est pour dire combien les portiers ont sous-estimé les jeunots du centre de formation des Scorpions.

Il a fallu l’intervention d’un ancien joueur du Réal, Moctar Maïga pour le nommer, afin  qu’ils acceptent l’accès du stade à ces juniors. Coup de théâtre : le Réal s’impose face au Djoliba par le score de 3 buts à 2, et c’est Malick Tandjigora qui a offert la victoire à son équipe. En finale, le Réal est battu par le Stade malien (1-2), l’unique but Réaliste est l’œuvre de Malick Tandjigora. Avec le limogeage de Nany, son cas était-il réglé ? Non. Molobaly Sissoko qui a pris les commandes des Scorpions n’était pas aussi dans la logique de bâtir son équipe autour des novices, malgré les argumentations techniques de Salif Kéita dit Domingo.

Néanmoins, il accepta de maintenir ces juniors dans l’effectif. La même année la campagne des éliminatoires directes de la Can des juniors propulsa ces jeunes au-devant de la scène, avec un grand contingent des Scorpions, parmi lequel Malick Tandjigora. Moment idéal pour les Maliens de découvrir davantage ce jeune avant-centre doté de trois qualités : précision dans les coups de tête, adroit devant les buts, et un sang-froid extraordinaire. Des atouts qu’il a mis profit pour conduire l’attaque de l’AS Réal, pratiquement dans toutes les rencontres il marquait ou faisait des passes décisives.

Le rendez-vous manqué de Saint-Etienne

Au retour des Aiglons de la Coupe du monde, il décida de s’aventurer en France. Salif Kéita lui a promis un contrat à Saint-Etienne. L’attente fut longue, et il a conclu que la promesse de Domingo ne serait pas immédiate. Entre-temps, l’entraineur des Aigles Kindian Diallo rappela en équipe nationale certains Aiglons : Amadou Bass, Mamoutou Tolo, Oumar Sidibé, Oumar Guindo, Malick Tandjigora. C’était pour préparer les éliminatoires de la Can de 1990, et la Coupe Amilcar Cabral que le Mali devait abriter.

A un moment le jeune Tandjigora a décidé de quitter l’internat. Parce que ses compagnons à l’exception d’Oumar Guindo ont été libérés. Il voulait prendre de l’avance sur les événements, il savait que l’équipe devait  être renforcée par les expatriés et sûrement qu’il prenait la porte. Ses ainés Bakary Diakité et Yacouba Traoré dit Yaba lui conseillèrent de rester. Quelques semaines plus tard pour le remercier, le coach Kindian Diallo a trouvé les mots justes afin qu’il ne soit pas affecté. La même année, il remporta la Coupe du Mali face au Djoliba (2 buts à 1). En 1990 Malick s’exila en France, et par le plus pur des hasards, il rencontra Salif Kéita qui lui donna rendez-vous.

Quelle a été la tournure des événements ? Comment son rêve de jouer à l’AS Saint-Etienne s’est transformé en cauchemar ? L’enfant de Missira explique : “J’ai décidé de m’aventurer pour jouer au football et entreprendre autre chose au pire des cas. Le hasard a fait que j’ai rencontré Salif, qui me donna rendez-vous pour trois jours après. Or il devait quitter plutôt, une attitude que je n’ai pas comprise. J’ai pris attache avec la direction du club de Saint-Etienne. Cela confirme que Salif n’a donné aucune consigne me concernant. Elle était prête à me faire passer un test, si et seulement et si Salif appelait pour ordonner mon essai. Pour ce seul coup de fil mon grand frère a effectué spécialement un déplacement sur Bamako pour rencontrer Salif et lui rendre compte de ce qui s’est passé. Il a promis de s’exécuter. Jusque-là cela n’a pas été le cas. Pour quelles raisons ? Je ne saurai le dire”.

Après ce fiasco Malick Tandjigora débarqua en Allemagne pour évoluer au FC Mielhame. En plus d’un contrat, il est recruté dans l’entreprise du président du club, sans compter les primes de matches. La situation s’est dégradée avec la mutation du président à Frankfort. Son jeune frère qui a pris la relève ne donnait plus les mêmes émoluments. Tandjigora décida alors de retourner chez son grand frère en France, pour signer un nouveau contrat avec l’équipe Georges Lugones. Il évoluait dans ce club avec l’ex-international du Djoliba Kassim Touré (actuellement maire en Commun III).

En 1996, les deux joueurs maliens sont exacerbés par l’attitude des dirigeants, par rapport à la carte de séjour. Ensemble ils décident de rompre le contrat. Alors question : Faut-il continuer à jouer, retourner au Mali ou s’installer en France ?

Malick Tandjigora décida finalement de tout arrêter pour s’installer en France. Il décrocha un emploi, créa un foyer qui donna trois enfants, dont deux garçons.

Comme bons souvenirs, il retient la belle campagne des Aiglons entre 1988 et 1989, sa première Coupe du Mali en 1989. Sa blessure au genou en Sierra Leone (1988), ses animosités avec l’entraîneur Idrissa Touré dit Nany sont ses mauvais souvenirs.

O. Roger

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Bonjour comment qualifier le comportement de Salf Keîta dit Domingo? Depuis le week end je suis en train de réfléchir à ça. Je retiens que c’est dommage!

    • Bonjour

      Maître Corbeau, sur un arbre perché,
      Tenait en son bec un fromage.
      Maître Renard, par l’odeur alléché,
      Lui tint à peu près ce langage :
      « Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
      Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
      Sans mentir, si votre ramage
      Se rapporte à votre plumage,
      Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
      A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
      Et pour montrer sa belle voix,
      Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
      Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
      Apprenez que tout flatteur
      Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
      Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
      Le Corbeau, hont€ux et confus,
      Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

      Jean de La Fontaine

      CORB€AUX OCCID€NTAUX

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