Que sont-ils devenus… Fatoumata Sacko dit Nah : Les trois points qui assomment l’adversaire

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Un faisceau de paramètres concordants explique l’amour ou le parcours d’un athlète. La proximité des stades, l’influence de la famille et l’idolâtrie sont parfois les principales causes de la célébrité. Cela colle au cas de notre héroïne de la semaine, Fatoumata Sacko. Elle a aimé et embrassé le basket-ball à travers une aînée du quartier, Alima Diakité. Celle-ci jouait au Club olympique de Bamako (COB). Cette joueuse, très élégante et coquette dans ses tenues de sport l’a séduite, et la jeune Sacko a fini par avouer toute son admiration à celle qui deviendra plus tard son mentor. On est en 1988. Alima vient fréquemment avec Fatim au terrain d’entraînement du COB. Au tout début, elle se contentait du rôle de ramasseuse de balles, avant d’intégrer au bout de quelques semaines l’équipe minime du COB. Là, le technicien Moriké Kanté lui apprend les B.A-B-a de la discipline. S’il est évident que ses parents savent qu’elle s’en va chaque soir aux séances d’entrainement avec une voisine, par contre les absences répétées et souvent tard commencent à intriguer la famille. Il a fallu l’intervention et la couverture de son grand père pour que Nah ait une liberté totale, pour pratiquer son sport préféré. Les différentes visites de courtoisie de Moriké dans sa famille contribuent à donner plus de consistance à cette liberté. En 1992, la jeune Sacko remporte la finale de la Coupe “Guateli” contre les cadettes du Djoliba. Avec cet exploit de sa génération, l’avenir du jardin d’enfants Olympien s’avère prometteur. La patience dont devait se prémunir l’encadrement technique pour tirer profit de cette pépinière est ébranlée par la saignée consécutive au départ vers le Stade malien, l’Usfas et l’AS Police, de plusieurs joueuses du COB en 1994.  L’obligation de se rabattre sur les cadettes et juniors s’impose. L’autre équation à résoudre consiste à les endoctriner pour les maintenir. Parce qu’il n’était pas facile de résister à la tentation du recrutement miroitée par les autorités militaires pour renforcer les équipes de l’Usfas et de l’AS Police. Autre argumentation développée : faire le choix entre une aventure inconnue, et une place de titulaire déjà acquise. Après le centre de formation du COB, qui lui a servi de pont, le parcours et la vie de Fatoumata Sacko connaissent une évolution positive : le Djoliba AC, l’équipe nationale, une bourse d’études, l’aventure en Europe. Comment tout cela s’est passé ? L’ancienne internationale des Rouges dans une grande amabilité nous dit tout sur sa vie. Le contexte n’est autre que la tribune “Que sont-ils devenus ?”, créée et entretenue par la direction du journal, pour remémorer l’histoire à travers les anciennes gloires de toutes les couches de notre pays.

Chers lecteurs comprenez que le plat de résistance de notre entretien avec la petite Sacko (rires) a été l’une des valeurs cardinales de notre société : le cousinage à  plaisanterie entre Sissoko et Sacko. Vous conclurez par-là que la bonne ambiance était au rendez-vous. Bref, sans tabou, nous avons discuté de tout et de rien.

Fatoumata Sacko était une joueuse très calme. Derrière cet état d’âme se cachaient des qualités exceptionnelles : la maîtrise du ballon et la dextérité dans les shoots à trois points. Dès qu’elle avait le ballon, et après avoir analysé qu’un dribble, ou une pénétration en force déboucherait sur une perte de balle fatale, Nah levait la tête et créait la sensation dans le cœur des supporters djolibistes avec un shoot à trois points. Ce sont des actions qui intervenaient à un moment où son équipe en avait besoin soit pour asseoir sa domination soit pour assommer l’adversaire en creusant l’écart. Elle en a tellement marqué qu’elle ne se rappelle pas du nombre de trois points réussis dans un match.

Elle a connu sa première sélection en équipe nationale à la faveur du Championnat d’Afrique junior au Mozambique en 1996, date qui constitue le tournant de sa carrière, avec sa forme et sa constance durant toute une saison. C’est aussi le même moment où elle portait le COB, malgré son jeune âge. C’est l’une des raisons qui ont poussé le Djoliba à lui faire des propositions, mais Nah Sacko n’a pu effectuer ce transfert dans les délais. Puisqu’ils étaient décidés à ne la perdre, selon elle, les dirigeants des Rouges de Bamako lui ont suggéré l’année blanche, c’est-à-dire passer une saison sans jouer et se contenter de matches d’entrainement pour ensuite être qualifiée l’année suivante. Très jeune, avait-elle le choix ? En tout cas son entraîneur N’Ba Kanté démontrera par A+B que le Djoliba voulait d’elle. Et si elle perdait cette forme, son rêve se transformerait en cauchemar.

Cet échec de tentative du Djoliba n’était que partie remise, Fatoumata transféra en 1997 dans la famille Rouge en contrepartie d’une moto et de l’argent. De son explication, l’on dénote que le matériel n’était pas sa seule motivation, mais la dimension que ce transfert pouvait donner de la suite de sa carrière, plus précisément sa sélection en équipe nationale senior sanctionnée par une phase finale de Championnat d’Afrique féminin au Kenya en 1998, et des Jeux de la Francophonie en Madagascar. Aussi elle devait rejoindre des ténors, des vedettes comme Koura Traoré, Fatoumata Kéita dite Mamio.

Au Djoliba, elle a remporté cinq coupes du Mali, réalisé un doublé, et deux places de vice-championnes d’Afrique de club en 1997 et 1999. A son admission au bac en 2001 le département des Sports lui propose une bourse d’études qui devrait la conduire à l’Ecole internationale d’éducation physique de Cuba.

Nah Sacko sauta sur l’occasion, pour une aventure de cinq ans (2001-2006). Elle profitera des vacances en 2004 pour remporter son cinquième titre de Coupe du Mali avec le Djoliba. Une fois de plus on lui déconseilla de ne pas attendre la Coupe d’Afrique des clubs que les Rouges devaient jouer à Bamako. Même si les dirigeants des Rouges avaient encore promis de rembourser son billet.

Son diplôme supérieur en poche elle enseigne au lycée Ben Oumar Sy jusqu’en 2009, l’année qui consacra son départ pour les Pays-Bas. Qu’est-ce qui explique cette nouvelle aventure, à un moment où elle avait un emploi garanti ? Quelle a été la suite de sa vie en Hollande ? L’ancienne internationale des Rouges explique : “J’ai été élevée par ma grand-mère. Il existait entre nous une complicité parfaite. Malheureusement elle est décédée, j’en ai été beaucoup affectée. La situation était telle enseigne que j’ai finalement décidé de rejoindre ma sœur en Hollande. Dans ce pays, je ne pouvais rien entreprendre sur le plan sportif, faudrait-il que je présente mes diplômes. Par précipitation, j’ai oublié  à Bamako tous mes dossiers. Sur conseil de ma sœur, j’ai entrepris des études dans le domaine de la santé. Aujourd’hui, Dieu merci je suis infirmière d’Etat. Je travaille dans un centre qui  s’occupe des retraités”.

Dans la foulée Fatoumata Sacko s’est mariée, et elle est mère de trois enfants. Dans la vie Nah aime le sport, la cuisine africaine, l’islam. Elle déteste l’injustice, l’hypocrisie, et le mensonge.

La carrière de l’ancienne internationale du Djoliba est également liée aux bons souvenirs parmi lesquels elle retient ses débuts au basket-ball, les regroupements du Djoliba à l’internat, les journées récréatives des joueuses de basket-ball des différents clubs de Bamako.

Paradoxalement, sa sélection en équipe constitue un mauvais souvenir, en ce sens qu’il a fallu l’intervention de feue Salamata Maïga dite Bébé, de certaines joueuses pour qu’elle soit sélectionnée en équipe nationale sénior. Alors quelle explication ? A présent Nah dit n’avoir trouvé aucune réponse à cette question. C’est pourquoi elle le classe dans ses mauvais souvenirs.

O. Roger Tél (00223) 63 88 24 23

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