Est-il raisonnable de demander comment et pourquoi un enfant de Médina Coura est devenu un sportif ? Le constat est que tous les enfants de ce quartier populaire pratiquent dès le bas âge une discipline sportive : football, basket-ball, athlétisme, hand-ball ou la natation. Les Mamadou Doumbia dit l´Homme de Radio Kledu, la famille Kanouté, Aïssata Guinto, Mamadou Diarra dit Djilla en sont de parfaites illustrations. Cela s’explique par la proximité du quartier du stade Omnisports, et le parcours des aînés qui séduit les cadets. Une fois encore la rubrique “Que sont-ils devenus ?” est allée fouiller dans le grand grenier du quartier populaire de Médina Coura pour retrouver Cheick Sidatt Sanogo dit Botchio, ancien international du Djoliba et du COB. C’est l’un des jeunes sur lesquels le coach Mamadou Kéita dit Capi avait bâti son planning de travail pour les éliminatoires de la Can de 1998. Malheureusement, le Mali n’y a pas été. Cependant, Botchio ailier gauche de métier ne pouvait laisser personne indifférent. Il est notre héros de la semaine pour la régularité de la rubrique “Que sont-ils devenus ?” Quel fut le parcours de ce véloce attaquant ? Quelles étaient ses qualités ? L’enfant de Médina Coura nous a reçus au Centre islamique (terrain d’entraînement des anciens joueurs) pour un entretien sans tabou.
‘est un ailier gauche modèle, vif et technique, capable d’accélérations foudroyantes ponctuées de gestes décisifs. Il est de la race de ses virevoltants ailiers qui tendent à disparaitre de nos jours. Et cela, du fait des nouvelles tactiques de jeu peut-être. Mais surtout pour des raisons certainement liées à la rareté de cette habilité déconcertante qui permettait à ces joueurs de flanc d’effacer l’adversaire dans un mouchoir de poche.
Il aurait fallu remonter au souvenir des grands noms dont les Maliens Mamadou Coulibaly dit Benny, Fagnery Diarra , Mohamed Koné et feu Mamadou Kéita dit Magnambougou Pelé ; les Ivoiriens Youssouf Falikou Fofana, Dally Benoît, et plus près le Brésilien Vinicius Junior pour imaginer Cheikh Sidatt Sanogo dans ses œuvres. Lesquelles consistaient à couvrir son ballon de façon gaillarde, à trainer sur une longue distance son adversaire. Un joueur qui aime toujours partir de l’avant où il a l’habitude de créer régulièrement le danger.
Durant sa carrière, au COB comme au Djoliba AC, de même que sous les couleurs de l’équipe nationale, Botchio a été un véritable poison pour les défenses adversaires. Il a toujours abordé celles-ci avec assurance et confiance en soit. Jamais, il ne se laissait impressionner par un défenseur aussi colosse et teigneux qu’il soit. Car en fait, l’enfant de Médina Coura a toujours eu le don du dribble, ce qui lui a régulièrement permis de faire la différence dans les duels.
Il a joui de la capacité de faire le sort d’un match, à lui tout seul, par ses qualités individuelles. À la fois, il a su lier à chaque occasion accélérations, dribbles déroutantes et force de pénétration pour mettre ses coéquipiers en position idéale. Avec sa capacité de dribbles faciles, il a eu cet incroyable pouvoir de casser les lignes adverses. Sur une seule action, au finish d’un dribble ou d’une pénétration, il était passeur décisif ou buteur pour débloquer les oppositions à issue incertaine.
Toutes ces qualités ont précipité sa sélection en équipe nationale senior, d’abord avec l’entraineur Molobaly Sissoko pour les éliminatoires de la Can de Tunis 1994. Mamadou Kéita dit Capi nommé entre-temps sélectionneur des équipes nationales le convoquera régulièrement jusqu’à son limogeage. Le Français Christian Sarramagnan l’a maintenu dans son effectif. Botchio effectuera sa dernière sortie avec les Aigles en 2000.
Comment sa carrière a pris forme ?
Après avoir fait les beaux jours de l’ASK de Médina Coura, en compagnie des Arouna Diarra, Alou Traoré, Seyba Dagnoko, Diadié Dicko, Bourama Diané, Botchio décide de valoriser son talent. Parce qu’il a toujours eu en soi une confiance excessive. Ce qui lui fait dire qu’aucun défenseur n’a pu l´arrêter dans ses tentatives de dribles durant sa carrière. Mesurant 1,90 m pour 95 kg, il était une véritable armoire à glace difficile à contrer.
Eu égard à ses qualités, Botchio dans son for intérieur n´a nullement cessé de penser que son avenir se jouera dans un championnat européen. Toutes les conditions étaient réunies. Ce qui explique l’absence de tout compromis de ses transferts dans les différents clubs. L’essentiel était d’étaler son talent pour avoir un contrat en fin de compte. Destin ? Manque de chance ? Concours de circonstances malheureuses ? Il est regrettable de faire le constat que Botchio n’a pu négocier un seul contrat comme il l’ambitionnait. La seule opportunité offerte concernait le Béja d’Algérie. Hélas ! Le test ne lui réussira pas à cause d´une blessure.
C’est une certaine jalousie qui traça la trajectoire de son parcours. Il faut quand même retenir que c’est un match de début de saison entre le Stade malien et l’AS Réal qui l’a poussé à prendre son destin en main. Botchio se disait dit qu’il serait incompréhensible que des enfants de son âge jouent à ce niveau et que lui vadrouille dans les rues. Il s’est immédiatement rendu au stade Ouezzin Coulibaly, terrain d’entraînement du COB. Le jeunot dévoile son désir de jouer au coach. Surpris par l’audace du visiteur, le technicien lui donne la chance de s’exprimer. Tout part de là. Il se souvient que l’entraîneur a prédit sa sélection en équipe nationale, avant la fin de la saison.
Le coach séduit par ses prestations n’était-il pas dans la complaisance en faisant de telle déclaration ? Non répond-il. Botchio s’est imposé par son talent au COB. Cependant, il faut surtout faire remarquer qu’il a réalisé son meilleur palmarès au Djoliba AC. Les Rouges l’ont sollicité pour renforcer leur ligne d’attaque soutenue par l’ex-capitaine des Aigles Soumaïla Coulibaly. Il quitte alors le COB et passe quatre saisons au Djoliba, sanctionnées par deux Coupes du Mali (1993, 1996), deux titres de champion (1996, 1997), un doublé en 1996.
Pour respecter les clauses du prêt, il retourne à son club d’origine, avant de faire un come-back dans la famille Rouge où il remporte encore une Coupe du Mali (1998) et deux titres de champion (1998, 1999).
Botchio fait ensuite un saut au Stade malien de Bamako. C’est là qu’il amorce le dernier virage de sa carrière. Il joue à l’Asom et raccroche définitivement les crampons. Dès sa retraite, il entreprend des études d’entraineur, pour demeurer toujours au service du football. Et c’est à juste titre qu’il décide d’acquérir de l’expérience auprès de l’encadrement technique des Aigles U23, dirigé par Aly Badra Diallo dit Conty.
Sa riche carrière est liée à trois bons souvenirs : la Coupe du Mali de 1996 remportée, le match contre Bénin remporté par les Aigles (0-2) à Cotonou. Dans ce match il a été buteur et passeur décisif, et enfin la victoire du Djoliba sur le Stade malien en match de championnat avec un but splendide du jeune Soumaïla Coulibaly en 1996. L’élimination des Rouges à la porte de la Ligue des champions par l’Espérance de Tunis à Bamako (2000), sa blessure en Algérie sont ses mauvais souvenirs.
Dans la vie Botchio aime le sport, la musique. Il déteste les situations inutiles qui n’amènent nulle part.
En conclusion il nous est revenu de comprendre que Cheick Sidatt Sanogo est un garçon très respectueux, très calme, discret et très réservé. Des atouts appréciables qui n’ont pas milité en sa faveur. Rien qu’avec ses amis d’enfance dans le quartier : Arouna Diarra, Seyba Dagnoko, Mamadou Diarra dit Djilla, Botchio ne devrait pas se décarcasser aujourd’hui, pour assurer sa survie. Sa méfiance à demander service à ses amis d’enfance rend sa situation complexe.
O. Roger
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