Que sont-ils devenus . Aly Ouattara : Une carrière pleine…de titres

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Aly Ouattara n’était pas ce défenseur au physique imposant pour expliquer sa ténacité face aux redoutables attaquants comme Cheick Fantamady Diallo du Stade malien de Bamako ou encore Beïdy Sidibé dit Baraka de l’AS Réal. Mesurant environ 1m 85, voilà un stoppeur qui ne se limitait pas seulement à enrayer les  actions dangereuses. Il remontait jusque dans le camp adverse pour faire des relances. Cette audace n’était pas du gout de son entraineur Karounga Kéïta dit Kéké qui trouvait l’initiative trop risquée. Titulaire partout où il a passé, l’ex sociétaire du Racing Club de Sikasso et ancien capitaine du Djoliba AC et de l’équipe nationale du Mali pendant cinq ans (1976-1980) est notre héros de la semaine, dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”.   Nous l’avons rencontré à son domicile, sis à  Djélibougou extension.

Aly Ouattara a hérité du brassard de capitaine du Djoliba et de l’équipe nationale, après la suspension de Kidian Diallo. Celui-ci avait demandé aux joueurs du Djoliba de sortir du terrain en 1975 lors du match retour de la coupe d’Afrique des Vainqueurs de coupes qui a opposé l’Etoile de Lomé au Djoliba AC. Non content de l’attitude du trio arbitral qui a accordé aux Togolais deux penalties  imaginaires et favorisé un hors-jeu flagrant, Kidian n’a  pas hésité à prendre la tête d’une fronde pour abandonner la partie. Ce qui lui a valu une suspension de la CAF. Ces moments de confiance simultanés font dire à Aly Ouattara qu’il n’a connu que de bons souvenirs dans son club et en équipe nationale. Et ce fameux  match dont le résultat a été tronqué par l’arbitre est son seul mauvais souvenir de Sikasso à Bamako. A titre de rappel, le Djoliba menait au score par 2  buts à 0. Mais l’arbitre en a décidé autrement pour le score final.

Non au Stade d’Abidjan !

Aly Ouattara : Une carrière pleine
Djoliba-AC -Etoile de Lomé à Bamako en 1976 : poignée de mains d’Aly Ouattara

Cela fait des années que le natif du Kénédougou, Aly Ouattara, s’est fait discret. On ne le rencontre même pas au terrain d’entrainement de l’Union Nationale des Footballeurs du Mali (UNAFOM). Pourtant, depuis 2013, il est le directeur du centre de formation de Hérémakono. Ce qui confirme à suffisance son amour pour le football, dont le virus l’a piqué précisément en 1962, quand il évoluait dans le mouvement pionnier, initié et encouragé par le président feu Modibo Kéïta.

A 17 ans, il signa sa première licence en 1964 au Racing Club de Sikasso, et devient du coup un maillon important de la sélection régionale pour les semaines nationales à Bamako jusqu’en 1968, où le Stade d’Abidjan est venu le chercher. Son frère ainé du nom de Bréhima Ouattara dit Michel  qui jouait déjà dans cette équipe l’a recommandé à ses dirigeants. En amont d’une mission sur Sikasso, un précurseur avait passé une semaine sur les traces du jeune Aly. Paradoxalement, Aly Ouattara décline l’offre, pour des raisons qu’il donne ici : “Je n’ai pas voulu aller en Côte d’Ivoire, pour des raisons liées au racisme. En plus, j’étais le benjamin de ma mère ; l’abandonner à cette période n’était pas bien indiqué pour moi. Je n’ai pas regretté cette décision parce qu’elle émane de mon cœur pour des raisons nobles à mon avis”.

Au moment où il prenait le Stade d’Abidjan à contre-pied, son destin au Djoliba AC se dessinait. Un dirigeant du club muté à Sikasso profita d’une mission à Bamako pour parler à Tiécoro Bagayoko du cas “d’un jeune joueur très talentueux” mais qui risque d’échapper aux Rouges si des dispositions rapides ne sont prises pour le contacter et le transférer à Bamako.

Après les matches de préparation de la CAN de Yaoundé 1972, la fédération invita  à Bamako deux équipes régionales pour tester la valeur intrinsèque des Aigles. Ségou a été dynamité par le score de 11 buts à 0. Face à Sikasso, l’équipe nationale  en difficulté est menée au score par  1 à 0. Il a fallu ce jour toute la générosité de l’arbitre central Mamou Diarra (le père de Seydou Diarra dit Platini) pour que les Aigles rétablissent la parité.

Aly Ouattara, qui pensait avoir bien joué comme toute l’équipe, sera pris de côté par l’entraineur Allemand Karl Heinz Weigang. Le technicien lui dit que c’est dommage qu’il ait déjà arrêté sa liste pour la CAN, sinon sa sélection s’impose en équipe nationale. Avec ses mots du coach des Aigles, la convocation du jeune Aly Ouattara était d’emblée assurée dans l’avenir immédiat. L’entraineur Allemand respectera sa parole donnée. Il fera appel à Aly Ouattara au retour de l’équipe nationale de Yaoundé avec le titre de vice-championne d’Afrique et une médaille d’argent bien méritée.

Tiécoro débarque à Sikasso

Au même moment, une délégation des Rouges de Bamako conduite par Tiécoro Bagayoko débarque dans la famille Ouattara à Sikasso pour demander au vieux de laisser son fils Aly  jouer au Djoliba. Il sera surpris par l’avis favorable de son père, parce que celui-ci ne voulait pas du tout que ses enfants jouent au ballon. Le vieux Ouattara pensait que le football était réservé aux fainéants.

Est-ce que la présence de Tiécoro a influé sur la décision du vieux ? Aly Ouattara soutient que son père ne  le connaissait même pas, seulement il a  été ému par la démarche de Bamako à l’égard de son enfant. C’est ainsi que le jeune Aly Ouattara arrive à Bamako le 18 août 1972, pour tenir main forte à la cuvée rouge composée de Cheickna Traoré dit Kolo national, Sadia Cissé, Kidian Diallo, Moké Diané et autres, avec un certain Karounga Keïta comme entraineur et joueur. Les raisons qui ont motivé son transfert au Djoliba consacraient par la force  des choses, sa titularisation dans l’axe avec Kidian Diallo ou Moké Diané.

Cette intégration immédiate d’un jeune Sikassois a fait grincer des dents, mais Aly Ouattara était insouciant face aux commentaires de l’entourage. Il était convaincu d’une chose : il est à Bamako grâce à ses qualités de joueur technique.

Une fois la licence signée, un autre goulot d’étranglement devrait être géré, c’est-à-dire le problème d’emploi. A Sikasso, Aly Ouattara était comptable à la mairie, donc on ne saurait l’amener dans la capitale sans trouver du boulot pour lui. Sur ce plan, son chômage n’a duré  que quelques semaines. Il est embauché à la BDM par des dirigeants du Stade, à qui il a tenu à dire qu’il est venu à Bamako pour jouer au Djoliba. Entre temps, les Djolibistes lui proposent l’INPS. Comment faire face à ce dilemme ? Mais les choses vont s’arranger, et il est resté à la banque.

Sa carrière en tant que titulaire incontestable  au Djoliba et en équipe nationale a  duré huit ans (1972-1980). Joueur constant, Aly Ouattara dit n’avoir pas accepté le traitement fait de lui par l’encadrement technique, par rapport au temps de jeu qu’il lui accordait. Blessé dans son orgueil, il prend sa retraite pour de bon. C’est-à-dire que les interventions des uns et des autres n’ont rien changé dans sa décision.

Au Djoliba, Aly a joué 8 coupes du Mali et il en a remportées 7 (1973-1974-1975-1976-1977-1978-1979-1980), plus cinq titres de champion (1973-1974-1975- 1976- 1979)

Pourquoi il n’a pas joué la finale de la vérité, celle qui a opposé le Djoliba à l’AS Réal ?  L’enfant du Kénédougou explique : “Cette finale porte à deux  le nombre de matches que j’ai raté durant doute ma carrière au Djoliba. Le speaker feu Demba Coulibaly a donné une ampleur à cette finale en la surnommant celle de la vérité. Il voudrait tout simplement dire que l’occasion est trouvée pour juger la suprématie du Djoliba par rapport à la puissance et à l’influence de Tiécoro Bagayoko qui venait d’être arrêté. A l’internat, les joueurs ont dit à Kéké de ne rien donner comme consigne, et les maillots ont été étalés sur une grande table. Quiconque avait peur, devrait éviter de prendre un équipement. Cette nouvelle donne a fait monter une fois de plus la pression sur nous. J’avais mal à la cheville, et pour ne pas prendre de risque je me suis abstenu à prendre le maillot. Mais, les jeunes ont relevé le défi, pour démontrer que la valeur et la puissance du Djoliba n’étaient dues à aucun fait extérieur ou extra sportif et n’avaient rien à voir avec Tiécoro Bagayoko qui était un fan et un soutien du club comme d’autres”.

Détenteur de plusieurs diplômes d’entraineur, Aly Ouattara consacra sa retraite aux jeunes de son quartier, Djelibougou en créant une équipe, qui disparaitra au profit de celle de la commune I dont l’encadrement lui sera également confié par les responsables politiques et sportifs, jusqu’en 1996. Date à laquelle il prend les rênes du  Djoliba AC.  Il est établi qu’Aly Ouattara  est l’un des entraineurs du Djoliba qui a un bilan plus qu’honorable sur le plan national, avec deux coupes du Mali ( 1996-1998), quatre  titres de champion (1996-1997- 1998-1999) et deux doublés (1996-1998).

Il a pris les destinées du club en 1996 et c’est Kéké en personne qui le convainc de secourir son équipe. Proposition qu’il accepta volontiers, sans salaires, mais avec des primes de carburant. Par deux fois, il échoue aux portes de la phase de poules de la ligue des champions, notamment devant l’Espérance de Tunis, et le Raja Club de Casablanca.

L’ingratitude !

Face aux Tunisiens, l’arbitre béninois, Codia Koffi, a décelé une faute de main de Gaoussou Diallo dit Malatini sur un but marqué dans les derniers instants du match, et contre les Marocains, Aly Ouattara est contredit dans sa tentative de vouloir  remplacer Malal N’Diaye par Oumar Traoré dit Barman. Ce sera finalement Mambé Camara “Tyson”. Changement fatal car les visiteurs marqueront aussitôt après le but assassin. Des supporters n’ont pas digéré ces deux éliminations. Ils sont allés jusqu’à dire que le Djoliba en a assez des coupes du Mali et des titres de champion.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase fut cette victoire du Djoliba au détriment de l’AS Réal, à l’occasion de la finale du mémorial Bingoro Coulibaly. Les mêmes supporters se  rebellent  et refusent d’accepter la victoire de leur club par des tirs aux buts. Un alibi est trouvé pour liquider l’encadrement technique, et plus précisément l’entraineur Aly Ouattara. A l’issue d’une réunion nocturne tenue au Stade Ouezzin Coulibaly, une décision radicale est arrêtée. Laquelle ? Aly Ouattara l’explique : “Depuis l’élimination du Djoliba en ligue des champions, j’étais devenu la cible des supporters, qui ne rataient la moindre  occasion pour m’insulter, y compris grossièrement.

La nuit du match contre le Réal, le président des supporters Mamadou Diakité m’a appelé pour me dire que des supporters ont décidé de me battre à mort, si jamais je mettais le pied à Hèrèmakono le lendemain. Je lui ai dit que ma famille a besoin de moi, et je ne saurai être complice de ma propre mort. Sur le coup, j’ai dit à Mamadou Diakité que je démissionne immédiatement. J’ai informé Kéké de tout ce qui s’est passé. Il n’était pas d’accord, il me proposa un garde du corps. Eu égard à tout ce que j’ai réalisé comme parcours, je me suis dit qu’il faut arrêter. C’était en 2000. Parce qu’il était incompréhensible que je sois payé de cette manière par des supporters.

Effectivement, le lundi on a pris des dispositions pour mettre en exécution leur plan. Et le gardien du terrain du Djoliba a dit que le club est en train de commettre l’erreur en me chassant de cette manière. Après mon départ, l’équipe est tombée en disgrâce, et les mêmes supporters ont véhiculé que j’ai jeté un mauvais sort sur le Djoliba. Un supporter m’a interpelé en ville pour me poser la question, de savoir si je ne suis pas à la base du malheur du Djoliba. Je n’ai pas hésité à lui dire que mon éducation, et mon amour pour le Djoliba ne me permettent pas de souhaiter un malheur pour le club, à plus forte raison entreprendre des actions négatives dans ce sens. Ces mêmes supporters ont par la suite tenté de venir me voir pour entrainer le Djoliba. J’ai refusé.”

Après cette aventure dans l’encadrement technique  du Djoliba, Aly Ouattara  est recruté par l’Association Sportive de Moribabougou qu’il fera accéder en première division au bout de trois tentatives. Elle ne pourra résister aux réalités de l’élite, et finalement l’ASM redescend. Revenu dans sa commune I  pour s’occuper des jeunes, Aly Ouattara dirigea entre 2003 et 2006 l’encadrement technique de l’ASB et de l’AS Police.

Cadre de la BDM, puis du Ministère de la Jeunesse, des sports, des Arts et de la Culture, premier  économe de l’Institut National des Sports, grâce en partie au football, ajouté à cela le terrain à lui offert par Tiécoro Bagayoko, Aly Ouattara se réjouit des avantages du football, auquel il a consacré une partie de sa vie.

A 71 ans, marié et père de quatre enfants, Aly Ouattara  s’occupe aujourd’hui de  ses petits-enfants et des  jeunes du centre de formation du Djoliba.

O Roger Sissoko

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6 COMMENTAIRES

  1. Pourquoi toujour les hommes pourquoi pas les femmes comme la chateuse Nana Coulibaly dite Nanoucoul

  2. Un autre grand du foot malien, je l’ai vu pour la 1ere fois en 1973 contre le stade malien. Je me rappelle de ses coups de têtes. Un dur à cuir.
    Aly restera toujours un grand du foot malien.

  3. ….TRES JEUNE ALORS, IL A ETE MON ENTRENEUR A DJELIBOUGOU…. AVEC LES MODYDJAN, TIECORO, ALIDJI, KOTOH….. J ETAIS TRES JEUNE ALORS BEAUCOUP PLUS JEUNE QUE LES GRANDS AINES CITES, MOINS PHYSIQUE MAIS TRES TECHNIQUE….
    ET TOT JE PARTAIS HORS DU MALI APRES AVOIR JOUE POUR LE LYCEE TECHNIQUE

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