En 1988, certains dirigeants et supporters du Djoliba relevaient un paradoxe entre la suprématie, la forme et les défaites incessantes de l’équipe. Dans un club comme le Djoliba ou même le Stade malien de Bamako, la passion et la conviction aveuglée prennent rapidement le dessus sur les détails techniques qui, dans la plupart des cas justifient les échecs répétés. Boucs émissaires à l’époque, Bakary Diakité dit Bakarini et Aboubacar Traoré dit Artiste furent indexés et accusés d’être des mercenaires. Le premier dans cette même rubrique a rejeté les accusations et s’était défendu bec et ongle. Le second, notre héros de la semaine, se dit atteint dans sa dignité au vu de son amour pour le Djoliba. Ces rumeurs et accusations avaient eu leur cachet de solennité le jour où l’entraîneur Karounga Kéita dit Kéké les avait ébauchées sobrement. Certes, il s’était précipité d’ajouter qu’il n’accordait pas de crédit à ces informations non fondées. Toutefois, il confina Aboubacar Traoré au banc de touche bien que celui-ci fut titulaire à part entière en équipe nationale. Face à cette nouvelle donne Artiste décida de rompre avec le Djoliba pour transférer au Stade malien de Bamako. Coup de théâtre ! Evidemment quelle a été la conséquence de ce transfert ? Pourquoi Artiste s’exila en France ? Comment s’est opéré son retour au Mali ? Et l’Unafom ? Bref, Aboubacar Traoré revient sur son parcours, donne les raisons de la revalorisation de l’Unafom ? Un détail très important : le joueur choqué par le bicéphalisme autour de l’Unafom, lance un cri de cœur.
Le tournoi Amilcar Cabral que la Guinée-Conakry a organisé en 1987 a eu une particularité pour les Aigles du Mali. Durant toute la compétition, l’équipe malienne n’a marqué qu’un seul but qui l’a propulsée en finale. L’unique but a été l’œuvre du héros de la semaine de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”, Aboubacar Traoré dit Artiste. C’est la même année où le trophée de meilleur buteur n’a pas été décerné parce qu’il y a eu 11 buteurs qui ont marqué chacun un but. Une belle anecdote pour planter le décor de notre invité de la semaine.
Aboubacar Traoré était un vrai technicien, qui savait aussi manier le ballon à sa guise d’où le surnom “Artiste”. Evoluant au poste de latéral droit moderne, il avait l’audace de mener des incursions dans le camp adverse, à partir de son couloir. Très dur sur les adversaires, il fournissait l’effort maximal pour maintenir sa constance et sa forme physique par des entraînements individuels au Centre islamique, situé à quelques 300 m de son domicile. Joueur très athlétique, Artiste ne tournait pas autour du pot pour dire son opinion ou face à une injustice.
Dans notre jeunesse, nous avons été témoin de ses répliques (chaque fois qu’il estimait qu’on s’attaquait à lui de façon injuste) lors des séances de critiques que l’encadrement technique organisait après les séances d’entraînements pas parce qu’il est belliqueux, seulement l’homme est formel que la vérité dans toute sa plénitude est la clef de la vie. Tous ceux qui l’ont connu pouvaient déduire la suite des événements, quand il a été accusé de corruption ou de mercenariat au profit du Stade malien de Bamako.
Effectivement en fin de compte Artiste a pris une décision radicale, celle de transférer au Stade. Ce qui a été un fiasco, mais il est resté intraitable sur le problème. Le Djoliba s’opposa à son transfert et il écopa d’une année de suspension. Aboubacar Traoré se contenta des matches du tournoi d’ouverture avec les Blancs de Bamako et fit de son retour une question d’honneur. Pourtant il savait également que son entêtement à vouloir camper sur sa position, lui coûterait sa place en équipe nationale, or le Mali devait abriter la même année le tournoi Amilcar Cabral. Qu’est-ce qui expliquait sa radicalisation au moment des faits vis-à-vis du Djoliba ? Est-ce qu’il est un enfant de la grande famille des Rouges ? Artiste répond : “J’ai passé par l’école de football et le centre de formation du Djoliba en compagnie de mon ami et jeune frère Ousmane Thierno Diallo, ancien Ségal de la Fémafoot. J’ai gravi tous les échelons de 1976 à 1983. C’est étant junior qu’on m’a rappelé en équipe première du Djoliba, et l’année suivante c’était l’équipe nationale. Pour m’éviter de tomber dans les travers de la jeunesse, l’encadrement technique, malgré mon statut de junior me faisait voyager avec le club lors des éliminatoires de Coupe d’Afrique de clubs. Je n’ai connu que le Djoliba, et je suis né avec son amour. M’accuser à tort d’avoir comploté contre cette même équipe est très grave. J’ai été amèrement choqué, et il fallait réagir avec la dernière rigueur. Sinon je n’ai pas transféré au Stade de gaité de cœur”.
Dans l’impossibilité de jouer au Stade, la logique voulait bien que Aboubacar Traoré retourne dans son club d’origine, le Djoliba. Il n’a pas agi dans ce sens, et contre toute attente au firmament de sa carrière, il a raccroché les crampons et s’exila en France. Dans l’hexagone il passa cinq ans, durant lesquels il n’a pas chômé.
Selon Artiste, il a été contraint à l’exil, sinon il n’a jamais songé à s’aventurer. En 1995, il décida de rentrer au pays pour monter sa propre entreprise.
Au Djoliba, Aboubacar Traoré dit Artiste a joué trois finales de coupes du Mali (1985, 1986, 1988), toutes perdues par le Djoliba face au Stade malien de Bamako. Il a remporté deux titres de champion (1985, 1988). Avec l’équipe nationale, en plus des matches des éliminatoires de Can (1986- 1998), il a participé à deux tournois Amilcar Cabral (Guinée-Conakry en 1987, Guinée-Bissau 1988). Dans la vie il aime le sport, la musique. Il déteste l’hypocrisie et le mensonge. Comme mauvais souvenirs, il retient la finale perdue contre le Stade malien de Bamako en 1988, et son transfert une année plus tard. Père de six enfants, Aboubacar Traoré est marié à deux femmes, dont l’une vit aux Etats Unis.
Un arrière droit dans ses bottes
Faudrait-il rappeler que Aboubacar Traoré fait partie des anciens joueurs qui ont donné un second souffle à l’Union nationale des footballeurs du Mali (Unafom). C’était dans le souci d’offrir aux anciens joueurs un meilleur cadre de vie, c’est-à-dire préserver leurs intérêts, et projeter pour eux un bel avenir. Ils se sont fixés quatre objectifs. Lesquels ? L’enfant d’Hamdallaye explique : “Entre nous camarades de génération, nous nous sommes dits qu’il faut que les conditions des anciens joueurs changent. Donc, il fallait redimensionner notre association avec les objectifs suivants : la reconversion des anciens joueurs, leur reconnaissance, la mutuelle et la pension.
Personnellement, j’ai démarché des aînés. Aux termes de diverses tractations, le bureau a été mis en place, et de façon délibérée j’ai décliné l’offre d’y figurer parce que je peux servir le football et défendre la cause des anciens joueurs, quelle que soit ma position. C’est au second mandat de Fané que j’ai été choisi pour présider la Commission d’organisation.
Par la suite les problèmes ont commencé jusqu’à ce qu’on ait un bicéphalisme autour de l’Unafom. Un fait regrettable contre lequel je me suis battu pour l’éviter. Pour la circonstance je suis parti voir Idrissa Touré dit Nany, une semaine avant son décès pour lui faire part de mon cri de cœur. Je ne sais comment le ministre Jean-Claude a su que je me battais pour l’union sacrée. Il m’a quand même appelé pour me féliciter et m’encourager dans mon combat. Malheureusement, les tiraillements ont donné naissance à un bicéphalisme à la tête de l’Unafom. Chose que je ne saurai cautionner, raison pour laquelle je me suis retiré. Parce qu’un dirigeant doit savoir quitter, dès l’instant que tu es contesté, et surtout que deux mandats sont passés. Certes il y a eu des actions pour atteindre les quatre objectifs, mais l’Unafom n’a pu concrétiser les résultats escomptés à cause de la crise et d’autres paramètres plus importants. Dommage !”
Certes, la tribune n’est pas indiquée pour développer les tenants et les aboutissants de cette crise qui frappe l’Unafom, mais cela n’occulte pas du tout notre question de savoir si Mamadou Dipa Fané du point de vue carrière ou parcours, a le profil pour être président de l’Unafom ? Quel est ce parcours au COB ou en équipe nationale (où nous n’avons aucune information sur sa sélection à ce niveau) qui lui permet de s’accrocher à une entité créée pour d’anciens joueurs.
Il est incompréhensible que des sommités du football ou des joueurs de la première équipe nationale du Mali (Cheickna Traoré dit Kolo, Abdoulaye Diawara dit Blocus, Laïs, Siré Diallo, Doudou Diakité, Kindian Diallo, Cheick Fanta Mady Diallo, Sadia Cissé Bourama Traoré, Idrissa Traoré dit Poker, etc.) se réclament d’une association d’anciens joueurs, pilotée par un certain Mamadou Dipa Fané. Bref, nous y reviendrons.
O. Roger
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Un arrière droit par défaut. Ce Monsieur est née pour joueur au foot. Helas il n’a pas eu la chance de décrocher un contrat digne de son rang.
témoignage d’un de ses amis d’enfance.
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