Ancien international de l’AS Réal de Bamako, du Delta FC du Gabon et de l’Usfas, Abdoulaye Traoré est notre héros de la semaine de ” Que sont-ils devenus ? “. Surnommé Kokadjè (c’est-à-dire laver proprement), il avait le don des dribbles éliminatoires limpides. Ses balles au pied, ses jeux de reins ne laissaient aucune chance aux défenseurs adverses. Le pied gauche magique, il savait aussi frapper au terme d’incursions dans son couloir. Les frères Drabo (Gaoussou et Souleymane) ne sont jamais complaisants dans leurs écrits. Evidemment, c’est à la suite d’un article de Souleymane Drabo dans l’hebdomadaire “Jeune Afrique” sur Abdoulaye Traoré que les Gabonais du Delta FC (l’équipe de la Poste gabonaise) prirent attache avec les dirigeants réalistes pour recruter le joueur . Il va sans dire que l’ex-international junior avait des qualités exceptionnelles qui lui ont permis de s’imposer au sein des Scorpions et dans les équipes nationales junior et senior pour les éliminatoires des Can de 1990 et 1992.
Kokadjè a été incorporé dans l’armée en 1992, conformément à la politique de renforcement lancée par les dirigeants de l’Usfas. Adjudant-chef de gendarmerie, Abdoulaye Traoré, après 29 ans de service, lance un cri de cœur. Compte tenu de son état de santé dégradé, de la perte de ses deux parents faisant d’office de lui le soutien de ses frères et sœurs, il souhaite une mutation à Bamako. Il sert présentement à Koula, à quelques encablures de Koulikoro. Qui est donc ce fin dribbleur ? Quel était son secret pour déboulonner les défenses adverses ? Quel a été son parcours au Gabon ? Pourquoi il a pris sa retraite ? L’enfant de Bozola nous a beaucoup émus avec sa voix douce. Et si les autorités du ministère de la Défense et des Anciens combattants pouvaient être sensibles sur son cas, cela serait salutaire.
Seuls deux attaquants ont pu défier le teigneux stoppeur du Stade malien de Bamako, Lassine Soumaoro, mur infranchissable à la fin des années 70 début 80. L’atout du premier était la forme arquée de ses pieds. Les tacles du défenseur ne l’empêchaient pas de continuer sa chevauchée. Abdoulaye Traoré, lui, savait dribbler avec la manière. Contrairement à ses aînés, il se souciait peu des acrobaties ou des tacles de Lassine Soumaoro.
Bien au contraire, il l’affrontait surtout du côté de la tribune Est. Pourquoi n’avait-il pas peur de ce colosse ? Quel était son secret ? Pour Kokadjè, son ambition de devenir un grand joueur a pris forme dans son cœur lorsqu’il était encore adolescent à Sikasso. Chaque dimanche, il suivait la retransmission des matches sur Radio-Mali, avec de grands noms comme Bourama Traoré, Mamadou Sidibé dit Benny, Ousmane Doumbia dit Man, Abdoulaye Kaloga, etc.
Cela lui a donné l’envie de continuer le football et devenir comme ces vedettes de l’époque. Grandi avec cette prétention, comment pouvait-il avoir des appréhensions une fois sur l’emblématique gazon du stade Omnisports ? Si ce n’était de noircir ses ambitions et hypothéquer son bel avenir qui se dessinait.
En plus, il pensait être le meilleur sur le terrain. Bref, il explique son secret par ses entraînements avec tous les tout-petits qui l’envahissaient. Il se débarrassait d’eux par de petits dribbles, et finalement il est devenu un grand dribbleur, qui ravageait tout sur son passage.
Au match retour, avec le score de trois buts à zéro, le Mali était d’emblée éliminé. Heureusement que Kokadjè était encore là pour marquer le but assassin, qui propulsa les Aiglons en demi-finale. Des prestations qui ont plaidé en sa faveur, quand il s’est agi de donner une nouvelle orientation (en termes d’objectifs) à l’Usfas.
Bozola comme berceau
L’amour de l’AS Réal se cultive dans le cœur de la plupart des enfants de Bozola. Le club est très supporté dans ce quartier. Les jeunes qui ont un peu de talent ne rêvent que d’évoluer au sein des Scorpions. Abdoulaye Traoré dit Kokadjè ne fit pas exception à la règle. Après son séjour de Sikasso, où son père était directeur régional de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), il va rejoindre les juniors du Réal de Bamako.
Admis au DEF en 1983 et orienté au lycée Sankoré, sac à dos, il faisait du footing après les cours du soir, pour ne pas rater une seule séance d’entraînement. Contrairement à certains de ses camarades, Ablo n’a pas alterné deux catégories. Il est resté junior pendant deux ans, avant d’intégrer les seniors en 1985. Coïncidence ou coup de chance ? Toujours est-il que sa montée en catégorie supérieure pouvait le placer dans une zone de turbulence.
C’était la période de la “Dream Team” composée de joueurs légendaires comme Benny, Baraka, Papa Coulibaly, Ousmane Doumbia dit Man, Antoine Sah et autres. Un effectif qui va contraindre Abdoulaye Traoré à garder le banc de touche, avec à la clef des bouts de matches durant une saison.
La suspension et le transfert de certains de ces ténors ont permis à une nouvelle génération, notamment Kokadjè d’émerger. La saison 1986-1987 constitue pour l’enfant de Bozola une année charnière : il gagne ses galons de titulaire et joue sa première finale de Coupe du Mali face au Sigui de Kayes.
Ainsi Ablo conduira l’attaque de l’AS Réal durant trois saisons avec brio. En 1989, il s’envolera pour le Gabon pour jouer au Delta FC, en compagnie de Seydou Diarra dit Platini, qui a contribué à le mettre en contact avec les dirigeants du club, après l’article du doyen Souleymane Drabo dans JA. Il était prévu qu’il fasse deux saisons au Gabon, avec option de renouvellement. Mais le vent de la démocratie a commencé à souffler en Afrique, après le sommet de La Baule en 1990.
Le pays d’Omar Bongo Ondimba n’est pas épargné par les manifestations politiques, qui ont influé sur le Delta FC. Les nouveaux responsables de la Poste avaient d’autres priorités que le club. Finalement, Seydou Diarra dit Platini et Abdoulaye Traoré retournent au Mali. Platini profita de cette affinité pour conseiller à son cadet de signer au Stade malien. Parce que c’est un grand club, et ce transfert pouvait donner une nouvelle envergure à la carrière de Kokadjè.
Du maillot à la tenue
Comment les tractations se sont passées ? Pourquoi il n’a plus joué au Stade ? Ablo explique : “Platini m’a conduit chez Mady Fofana, un dirigeant du Stade malien. Celui-ci m’a proposé une Yamaha 100 et 3 millions de F CFA. J’ai accepté la proposition, en signant la licence avec des promesses verbales. Par la suite, j’ai refusé de jouer quand les Stadistes ont voulu que je joue d’abord avant qu’ils ne se manifestent par rapport au compromis. J’ai écopé d’une suspension de trois mois, au bout de laquelle j’ai rejoint ma famille d’origine, l’AS Réal de Bamako qui m’a procuré des bons souvenirs : la qualification des Aiglons à la Coupe du monde, les deux coupes du Mali remportées en 1989 et 1991″.
Après l’aventure gabonaise, Kokadjè a joué deux finales de Coupe du Mali : l’une remportée contre l’AS Mandé en 1991, et l’autre l’année suivante perdue face au Stade malien de Bamako, but de Mady Diallo. En juillet 1992, il intègre le corps de la gendarmerie, pour être joueur de l’Usfas, avec laquelle il a joué aussi et perdu une finale de Coupe de Mali en 1995.
C’est en 2000 qu’il a pris sa retraite, parce que, selon lui, l’encadrement technique ne répondait plus à ses aspirations sur le choix des hommes. Au-delà de cette décision sage, Abdoulaye Traoré en tant que gendarme a servi à la Brigade territoriale de Bamako Coura, (2001 à 2004), à l’Aéroport de Gao (2004-2011), au Prytanée comme élément détaché (2011-2016), à Bougouni (2016-2020). Et depuis bientôt un an il est à Koula derrière Koulikoro.
Kokadjè est marié et père de deux garçons. Dans la vie, il aime le football et déteste l’injustice.
O. Roger Tél (00223) 63 88 24 23
Oui on l’appelait également Abloni …vraiment il était un dribbleur insaisissable…mais dommage que a l’époque le talent n’était suffisant pour réussir a une carrière lucrative….il fallait la chance providentielle aussi. Sinon des joueurs comme Abloni, Boubacar Sanogo du Stade malien avaient du réel talent qui pourrait rayonner partout.
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Oui on l’appelait également Abloni …vraiment il était un dribbleur in insaisissable…mais dommage que l’époque le talent n’était suffisant pour réussir a une carrière lucrative….il fallait la chance providentielle aussi. Sinon des joueurs comme Abloni, Boubacar Sanogo du Stade malien avaient du réel talent qui pourrait rayonner partout.
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